Mal-emploi : huit millions de personnes fragilisées
Travailleurs précaires et personnes sans emploi : la France compte plus de huit millions de personnes en situation de mal-emploi. Soit un actif sur quatre.
Publié le 1er avril 2025
https://www.inegalites.fr/Mal-emploi - Reproduction interditeLa France compte 2,3 millions de chômeurs selon les données de l’Insee pour l’année 2023, soit 7 % de la population active. À lui seul, ce chiffre reflète mal l’état du marché du travail. Selon nos calculs, on peut estimer le nombre de personnes en situation de « mal-emploi » à huit millions au total, soit 26 % des actifs potentiels (actifs et inactifs déclarant souhaiter travailler). Il s’agit de chômeurs, mais aussi de salariés précaires (en CDD, en intérim et en apprentissage) et de personnes qui souhaitent travailler mais qui ne sont pas comptées comme chômeuses par l’Insee.
En plus des chômeurs, la France compte près de quatre millions de travailleurs précaires : principalement des personnes en contrat à durée déterminée dans le secteur privé ou public. On recense aussi près de deux millions de personnes, découragées par les mauvaises conditions d’emploi, qui ne recherchent plus activement un travail. Elles ne sont donc plus comptées parmi les chômeurs, mais considérées comme « inactives ». Quand l’Insee les interroge, elles répondent pourtant qu’elles souhaiteraient travailler : l’institut parle alors de « halo du chômage ». On trouve notamment parmi elles des mères de famille monoparentale qui n’ont aucun mode de garde pour leurs enfants, des adultes très peu qualifiés qui baissent les bras devant le type d’emploi et les rémunérations qu’on leur propose. En additionnant les chômeurs, les travailleurs précaires et les inactifs qui voudraient travailler, on aboutit à un total de huit millions de personnes en situation de mal-emploi, soit 26 % du total des actifs potentiels.
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Notre photographie du mal-emploi devrait être précisée. D’un côté, le fait d’inclure l’apprentissage est discutable car il comprend un volet de formation. Il n’empêche qu’il s’agit bien d’un contrat limité et souvent très mal rémunéré.
D’un autre côté, nos données sous-estiment la réalité pour plusieurs raisons. Une partie des personnes enquêtées n’osent plus déclarer à l’Insee qu’elles voudraient travailler tant elles sont marginalisées ou découragées. Il faudrait aussi ajouter les salariés en temps partiel subi – environ 1,2 million de personnes, des femmes dans la grande majorité des cas – que nous n’avons pas ajoutés pour éviter les doubles comptes, car on peut être à la fois en temps partiel contraint et en contrat précaire. Nous ne recensons pas non plus les travailleurs indépendants sans contrat durable. Une partie de ces non-salariés, en particulier les moins qualifiés, vivent dans la plus grande précarité en enchainant les heures de travail pour de très faibles rémunérations.
L'état du mal-emploi en France | ||
---|---|---|
En milliers | En % | |
Mal-emploi | 8 174 | 25,5 |
- Dont salariés précaires (CDD, intérim, alternance) | 4 081 | 12,7 |
- Dont chômeurs | 2 234 | 7,0 |
- Dont inactifs souhaitant travailler | 1 859 | 5,8 |
Ensemble des personnes qui travaillent ou souhaitent travailler | 32 434 | 100 |
Source : calculs de l'Observatoire des inégalités d'après Insee – Données 2022 – © Observatoire des inégalités
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