Les immigrés et leurs descendants marqués par le chômage
11 % des immigrés sont au chômage. Un taux de chômage presque deux fois plus élevé que celui des personnes nées dans l’Hexagone.
Publié le 1er mai 2025
https://www.inegalites.fr/Les-immigres-et-leurs-descendants-marques-par-le-chomage - Reproduction interdite11,2 % des immigrés sont au chômage contre 6,5 % des personnes nées en France sans ascendance migratoire selon l’Insee (données 2023). Le taux atteint 13,6 % pour les actifs nés sur le continent africain. Ces écarts sont d’abord liés au niveau de qualification : les immigrés sont en moyenne moins diplômés que les personnes nées en France. 38,5 % des immigrés originaires d’Afrique disposent au maximum d’un niveau de fin de troisième, contre 13,5 % des personnes sans ascendance migratoire, selon l’Insee (données 2023).
Source : Source : Insee – Données 2023 – © Observatoire des inégalités
Le niveau de diplôme n’explique pas tout. À niveau de diplôme équivalent, le taux de chômage des immigrés demeure supérieur. Il est de 18 % pour ceux titulaires d’un CAP ou d’un brevet professionnel, contre 10,2 % pour les non-immigrés (données 2020). Pour les diplômés de l’enseignement supérieur, les chiffres sont respectivement de 11,1 % et 4,4 %, presque trois fois plus donc pour les immigrés, alors même qu’ils acceptent davantage le déclassement, des conditions de travail difficiles et des bas salaires pour s’insérer dans l’univers professionnel. Il suffit, pour s’en rendre compte, d’observer les secteurs où les immigrés sont les plus représentés [1].
Taux de chômage selon l’origine et le niveau de diplôme Unité : % | ||
---|---|---|
Immigrés | Non immigrés | |
Aucun diplôme ou CEP | 18,9 | 16,4 |
CAP, brevet professionnel | 18 | 10,2 |
Baccalauréat ou équivalent | 17 | 8,8 |
Diplôme de l'enseignement supérieur | 11,1 | 4,4 |
Ensemble | 12,9 | 7,4 |
Source : Insee – Données 2020 – © Observatoire des inégalités
Les immigrés les plus récemment arrivés peuvent maitriser imparfaitement la langue française, ce qui constitue une difficulté pour occuper certains emplois. De plus, ils ne disposent pas tous des mêmes réseaux de relations dans le monde du travail que nombre de personnes nées en France. En outre, les immigrés qui n’ont pas la nationalité française, ou qui ne sont pas originaires d’un pays de l’Union européenne, sont exclus d’environ 5,4 millions d’emplois, soit un poste de travail sur cinq en France. Enfin, les immigrés subissent des discriminations qui restent difficiles à quantifier, même si les opérations de testing prouvent leur existence. Leur impact global sur le taux de chômage est moindre, mais ces discriminations sont ressenties de façon particulièrement violente par ceux qui les subissent. Ainsi, le taux de chômage des descendants d’immigrés, plus diplômés et le plus souvent de nationalité française, reste de 10,2 %, soit presque quatre points de plus que pour les personnes sans ascendance migratoire, ce qui est considérable.
Cinq millions d’emplois demeurent fermés aux étrangers |
---|
Selon notre estimation, en France, cinq millions d’emplois sont interdits aux personnes qui ne disposent pas de la nationalité d’un pays de l’Union européenne. Pour environ quatre millions d’entre eux, il s’agit de postes de la fonction publique qui relèvent de missions « de souveraineté » (militaires, policiers, fonctionnaires des impôts par exemple), mais aussi de la fonction publique d’État et des collectivités territoriales (à l’exception des médecins des hôpitaux et des enseignants de l’université). Impossible pour un étranger extra-européen d’être professeur des écoles ou employé de mairie titulaire, par exemple. S’y ajoutent environ un million d’emplois du secteur privé interdits aux étrangers non européens (débitants de boissons, buralistes, etc.), dont l’accès nécessite un diplôme français (infirmiers hors hôpitaux, techniciens de laboratoire médical, opticiens, etc.) ou une autorisation d’exercer (médecins, pharmaciens, avocats, etc.). Au total, ces interdictions ou restrictions concernent un emploi sur cinq en France. |
Photo / © Anaya Katlego
[1] Voir « Les immigrés et leurs descendants représentent 20 % des actifs », Centre
d’observation de la société, 8 juin 2023
© Tous droits réservés - Observatoire des inégalités - (voir les modalités des droits de reproduction)