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Les immigrés et leurs descendants, surexposés au chômage

Les immigrés et leurs descendants sont plus touchés par le chômage que le reste de la population active. À niveau de diplôme, catégorie sociale et âge comparables, les actifs originaires d’Afrique ont un risque près de deux fois plus élevé d’être sans emploi que les personnes sans histoire migratoire.

Publié le 25 avril 2023

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Emploi Origines Chômage

Le taux de chômage des immigrés est de 12,7 % selon le ministère du Travail en 2021 [1], celui de leurs descendants s’élève à 11,6 %, contre 6,8 % pour le reste de la population. Lorsqu’ils viennent d’Europe, les immigrés, comme de leurs descendants [2], ont un taux de chômage proche de la moyenne française. Les plus touchés sont les immigrés originaires d’Afrique : plus de 15 % des actifs qui y sont nés ou dont les parents sont originaires de ce continent, cherchent un emploi, deux fois plus que chez les personnes dont les parents sont nés en France.

Une partie de cette situation est liée au niveau de diplôme. Seuls 33 % des immigrés en âge de travailler sont diplômés de l’enseignement supérieur, contre 41 % des adultes sans ascendance migratoire. Les immigrés sont plus souvent diplômés du secondaire (bac ou CAP par exemple) et 37 % sont peu diplômés, contre 15 % des personnes dont les parents sont nés en France. Les immigrés sont moins qualifiés, plus souvent ouvriers ou employés, et occupent des métiers où le taux de chômage est plus élevé que chez les professions intermédiaires ou les cadres.

Les descendants d’immigrés ont un niveau de diplôme qui se rapproche des personnes nées en France, mais ils sont en moyenne plus jeunes que le reste de la population. 38 % des descendants d’immigrés d’âge actif ont moins de 30 ans, dix points de plus que chez les personnes sans parents immigrés. Or, les jeunes actifs, moins expérimentés, sont plus fortement exposés au chômage que les travailleurs seniors. La surreprésentation de jeunes adultes parmi les descendants d’immigrés contribue à leur taux de chômage plus élevé.

Risque multiplié par deux

Une fois ces éléments d’explication pris en compte, des écarts persistent entre les personnes qui ont une histoire migratoire et celles qui n’en ont pas. À âge, niveau de diplôme, catégorie socioprofessionnelle, sexe et lieu d’habitation comparables, les personnes issues de l’immigration européenne courent un risque de 1,28 fois supérieur d’être au chômage par rapport à celles qui n’ont pas d’ascendance migratoire. Pour les immigrés venus d’Afrique, le risque 1,83 fois est plus élevé. Les personnes qui ont au moins un parent immigré se heurtent à des difficultés très comparables : un risque d’être au chômage augmenté de 23 % pour les descendants d’immigrés venus d’Europe, et multiplié par près de deux pour ceux qui ont au moins un parent né en Afrique.

Comment expliquer la situation face au chômage des personnes originaires d’Afrique en particulier ? Elles ne disposent pas du même réseau de relations. Elles se heurtent à la difficulté de faire reconnaitre leur diplôme s’il a été obtenu à l’étranger et à l’interdiction de postuler aux emplois fermés aux étrangers non européens, dans la fonction publique notamment. Leurs descendants ont un meilleur niveau de diplôme et en général la nationalité française. Ils sont néanmoins soumis au même risque supplémentaire d’être au chômage « toutes choses égales par ailleurs » que les actifs immigrés.

Le sur-chômage des personnes issues de l’immigration peut relever d’éléments qui ne sont pas pris en compte dans l’étude, comme le détail du diplôme obtenu, le métier précis recherché, le milieu social dans lequel ont grandi ces adultes, etc. Il reflète aussi des discriminations liées à leurs origines, comme le montrent différentes expériences réalisées par testing.

Depuis 2016, l’amélioration du marché du travail profite aux moins qualifiés. Les catégories qui ont été les plus touchées par la montée du chômage bénéficient maintenant de sa baisse : le chômage a diminué de 7,6 points pour les immigrés africains et de 3,9 points pour les descendants de parents nés en Afrique, tandis qu’il a baissé de deux points pour les personnes sans ascendance migratoire. Les inégalités face au chômage selon l’origine se réduisent. Ce qui ne doit pas conduire à minorer l’ampleur des écarts qui persistent.

Chômage selon l'origine migratoire
Unité : %
Taux de chômage
Immigrés12,7
- Dont nés en Afrique15,3
- Dont nés en Europe8,5
Descendants d'immigrés11,6
- Dont au moins un parent né en Afrique15,6
- Dont au moins un parent né en Europe7,7
Sans ascendance migratoire6,8
Ensemble7,9
Lecture : 12,7 % des actifs immigrés sont au chômage.
Source : ministère du Travail – Données 2021 – © Observatoire des inégalités
Rupture de série en 2014.
Lecture : 15,3 % des actifs immigrés nés en Afrique sont au chômage en 2021.

Source : ministère du Travail – © Observatoire des inégalités

Graphique Données
Risque d'être au chômage selon l'origine migratoire, toutes choses égales par ailleurs

Sans ascendance migratoire1
Immigré d'Europe1,28
Immigré d'Afrique1,83
Immigré d'un autre continent1,77
Descendant d'immigré d'Europe1,23
Descendant d'immigré d'Afrique1,96
Descendant d'immigré d'un autre continent1,34
À sexe, âge, niveau de diplôme, catégorie socioprofessionnelle et lieu d’habitation comparables.
Lecture : les immigrés nés en Afrique ont un risque 1,83 fois plus élevé d’être au chômage que les actifs nés en France de parents nés en France, toutes choses égales par ailleurs.

Photo / CC Nubelson Fernandes


[1« Quelles situations sur le marché du travail des immigrés et des descendants d’immigrés en 2021 ? », Claude Minni et Mahrez Okba, Dares analyse n° 15, mars 2023.

[2Un descendant d’immigré est une personne née en France, dont au moins un des deux parents est immigré. Il est dans la plupart des cas de nationalité française.

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Date de première rédaction le 25 avril 2023.
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