Au fil de la scolarité, la part des enfants d’ouvriers se réduit alors que celle des cadres s’accroît. Comment expliquer ce phénomène ? Extrait du Centre d’Observation de la société.
Au fil de la scolarité, la part des enfants d’ouvriers se réduit alors que celle des enfants de cadres s’accroît. Aujourd’hui, la quasi-totalité des enfants suivent la filière générale du collège, quelle que soit leur origine sociale. Cela signifie que la part des enfants des différentes catégories sociales au collège est représentative de la composition sociale des parents d’élèves dans la population totale. À ce niveau de scolarité, on compte ainsi un peu plus d’un quart d’enfants d’ouvriers et 18 % d’enfants de cadres supérieurs selon les données 2017-2018 du ministère de l’Éducation nationale.
Ceux qui ne suivent pas la filière générale au collège (moins de 3 % du total) sont orientés en section générale d’enseignement adapté (Segpa) : parmi eux, on trouve plus de 40 % d’enfants d’ouvriers et à peine 2 % d’enfants de cadres. Les inégalités sociales se forment donc pour partie dans l’enseignement primaire [1].
Les enfants d’ouvriers sont surreprésentés dans les filières professionnelles et techniques. Ils représentent 38 % des élèves de CAP et 36 % des bacs professionnels. En première et terminale technologiques, leur part est de 27 %, dix points de plus que dans les filières générales (17 %). Plus on s’élève dans le cursus scolaire, moins on compte d’enfants d’ouvriers : ils forment 12 % des étudiants à l’université, 7 % en classes préparatoires et 3 % des élèves des écoles normales supérieures (qui comptent parmi les grandes écoles les plus sélectives). Inversement, la part des enfants de cadres augmente : de 18 % au collège, elle passe à 29 % en filière générale au lycée et au double dans les écoles normales supérieures.
Ces données illustrent la force des inégalités sociales à l’école en France. Pour les analyser correctement, il faut se garder de toute caricature. Que les écarts entre milieux sociaux s’accroissent au fil de la scolarité ne signifie pas que l’école augmente les inégalités comme le disent certains. Le fait, par exemple, de trouver une part aussi élevée d’enfants d’ouvriers en BTS qu’au collège montre bien comment l’école tire les élèves vers le haut et assure la promotion sociale d’une partie des catégories populaires. Une grande partie des parents des étudiants aujourd’hui en BTS ont un niveau de diplôme bien inférieur à celui de leurs enfants. Sans le service public d’éducation, les écarts auraient une toute autre ampleur. Pour autant, notre système est loin de faire ce qu’il devrait pour assurer l’égalité des chances scolaires et la réussite de tous les élèves quelle que soit leur catégorie sociale.
Extrait de « Du collège aux filières d’excellence, la disparition des enfants d’ouvriers » du Centre d’observation de la société, septembre 2018
Photo / CC BY Flyn Tilles
[1] Lire « Pourquoi les enfants d’ouvriers réussissent moins bien à l’école que ceux de cadres », Centre d’Observation de la société.