Du lycée aux études supérieures : de moins en moins d’enfants d’ouvriers, de plus en plus d’enfants de cadres
Au fil de la scolarité, la part des enfants d’ouvriers se réduit alors que celle des cadres supérieurs s’accroît. Il y a deux fois moins d’enfants d’ouvriers sur les bancs de l’université qu’au collège. Comment expliquer cette disparition ?
Publié le 1er avril 2025
https://www.inegalites.fr/inegalites-sociales-lycee-enseignement-superieur - Reproduction interditeLes inégalités sociales sont visibles dès les petites classes mais, peu ou prou, tous les élèves vont jusqu’en troisième. C’est ensuite que les milieux sociaux ne fréquentent plus les mêmes filières. Pour le mesurer, on peut observer l’évolution de la part des enfants de cadres et d’ouvriers au fil de l’avancée dans la scolarité. Progressivement, les premiers représentent une part croissante des élèves, alors que celle des seconds s’amenuise [1].
Au lycée, les enfants de cadres sont surreprésentés dans les filières générales et technologiques (données 2023-2024, ministère de l’Éducation nationale). Ils regroupent 31,3 % des élèves de seconde contre 17,9 % pour les enfants d’ouvriers. En première et en terminale générales, on compte même 2,5 fois plus d’enfants de cadres (37,1 %) que d’enfants d’ouvriers (14,8 %). En CAP, au contraire, les enfants de cadres (4,8 % des élèves) sont six fois moins nombreux que les enfants d’ouvriers (31 %).
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La part d’enfants d’ouvriers diminue encore dans l’enseignement supérieur. Ces derniers forment seulement 8,7 % des étudiants à l’université, 6,4 % dans les classes préparatoires aux grandes écoles et 2 % des élèves des écoles normales supérieures (parmi les plus sélectives des grandes écoles). Inversement, la part d’enfants de cadres augmente : ils constituent 34,9 % des étudiants à l’université, 53,7 % en classes préparatoires et 64,9 % dans les écoles normales supérieures (dites « normal’sup »). Alors qu’ils sont tout aussi nombreux que les enfants de cadres au collège, les enfants d’ouvriers sont 30 fois moins représentés au sein de cette super élite de l’école française.
Source : ministère de l’Éducation nationale – Données 2023-2024 – © Observatoire des inégalités
Il existe en France des filières de promotion sociale. En BTS par exemple, les enfants d’ouvriers sont presque aussi bien représentés (21,6 %) qu’au collège, alors que leurs parents sont rarement allés jusqu’à ce niveau. Mais, comme le montrent ces données, notre système est loin de faire ce qu’il devrait pour assurer l’égalité des chances scolaires. Essentiellement parce que l’école française cherche à sélectionner quelques bons élèves plutôt que d’éviter d’en perdre un grand nombre en route.
Photo / CC BY Flyn Tilles
[1] Ces données représentent la situation une année donnée, il ne s’agit pas du suivi dans le temps d’une génération d’élèves.
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