10 % des enfants ne sont pas inscrits à l’école primaire dans le monde alors qu’ils ont l’âge de la fréquenter, selon les estimations de l’Unesco pour 2023. Plus de 70 millions d’enfants sont donc privés des meilleures chances d’apprendre à lire, à écrire et à calculer. La part d’enfants non scolarisés s’accroît quand ils grandissent. À l’âge du collège, 14 % des adolescents ne sont pas inscrits dans un établissement scolaire. À l’âge du lycée, près d’un tiers des jeunes sont concernés. Faute de moyens financiers de leur famille ou d’une offre scolaire adéquate dans leur pays pour leur permettre de poursuivre des études, ces jeunes sont souvent contraints de travailler très tôt.

L’accès à l’école primaire s’est presque généralisé sur la planète. Il y avait 19 % d’enfants non scolarisés en 2000. En deux décennies, ce taux a été divisé quasiment par deux. La part des adolescents non scolarisés à l’âge du collège est passée de 23 % à 14 % au cours des 23 dernières années. Et au lycée, de 46 % à 30 %. Mais depuis 2013, les progrès semblent à l’arrêt.

Selon la région du monde

Dans plusieurs régions du monde, pratiquement tous les enfants vont à l’école primaire. C’est le cas en Amérique du Nord et du Sud, en Europe, dans les pays de l’ancienne Union soviétique, en Asie de l’Est et du Sud-Est. Quelques pays font exception, comme la Roumanie par exemple, qui dénombre 15 % de jeunes enfants non scolarisés, ou le Honduras (24 %).

Dans les autres régions d’Asie et en Afrique du Nord, près de 10 % des enfants ne sont pas inscrits à l’école primaire. En Afrique subsaharienne, le taux de non-scolarisation est proche de 20 %, avec des écarts importants selon les pays. Selon les estimations de l’Unesco, tous les enfants vont à l’école au Rwanda. 13 % des enfants ne sont pas scolarisés en Côte d’Ivoire. Le taux atteint 39 % au Niger.

L’accès au collège est beaucoup plus variable d’un continent à l’autre. Les pays d’Amérique du Nord et d’Europe scolarisent quasiment tous les adolescents. En Asie et en Afrique du Nord, la non-scolarisation se situe en moyenne entre 8 % et 12 %. Mais un tiers des adolescents ne vont pas au collège en Afrique subsaharienne. L’écart est énorme en matière de chances d’accéder à une éducation secondaire, entre un enfant né en France et un autre né en Côte d’Ivoire par exemple, où 32 % ne vont pas au collège.

Dans chaque région, le taux d’enfants qui ne vont pas à l’école diminue. Le Moyen-Orient, où le taux de non-scolarisation a augmenté depuis 2020, constitue une exception due aux crises et aux conflits que connaissent la Syrie, le Soudan et le Liban.

Pourtant, le taux d’enfants non scolarisés dans le monde ne recule plus. Comment expliquer ce paradoxe ? En Afrique et en Asie du Sud (la région de l’Inde), la croissance démographique conduit de plus en plus d’enfants chaque année à la porte des écoles et les moyens manquent pour les scolariser tous. Ainsi, les progrès se poursuivent en taux de scolarisation mais, en valeur absolue, le nombre d’enfants qui n’ont pas accès à l’école augmente.

Ces données doivent être considérées avec précaution. Les taux de scolarisation sont souvent surestimés par les gouvernements. Ils ont parfois été obtenus en regroupant les enfants dans des classes de 60 ou 100 élèves au primaire, ou en ne scolarisant que la moitié des élèves le matin et l’autre l’après-midi, dégradant ainsi les conditions d’apprentissage. Par ailleurs, une partie des enfants sont officiellement scolarisés mais, en fait, ne fréquentent l’école qu’occasionnellement parce qu’ils doivent aider leurs parents par exemple. Derrière un même taux de scolarisation se cachent des systèmes scolaires dont la qualité et les moyens n’ont pas grand-chose à voir d’un pays à l’autre. Il est tout aussi urgent de scolariser mieux que de scolariser plus.

Photo / Zach Wear sur Unsplash

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