Des contrôles de police très inégaux selon la couleur de la peau
Les jeunes hommes noirs ou arabes ont quatre fois plus de risques d’être contrôlés par la police, selon le Défenseur des droits. Une discrimination qui persiste et nourrit des tensions.
Publié le 8 décembre 2025
https://www.inegalites.fr/Des-controles-de-police-tres-inegaux-selon-la-couleur-de-la-peau - Reproduction interdite39 % des personnes perçues comme noires ou arabes [1] déclarent avoir été contrôlées par les forces de l’ordre au moins une fois au cours des cinq dernières années contre 23 % des personnes qui se perçoivent comme blanches, selon le Défenseur des droits (données 2024 [2]). Les hommes également sont plus nombreux (35 %, toutes couleurs de peau confondues) que les femmes (18 %) à subir des contrôles d’identité. De même, les jeunes y sont plus exposés que les personnes âgées : 41 % des 18-24 ans ont été contrôlées, deux fois plus que les 55-64 ans par exemple.
La couleur de peau joue également sur le risque de subir des contrôles répétés sur une courte période. 88 % des blancs n’ont jamais été contrôlés ou l’ont été une seule fois au cours des cinq dernières années, contre 72 % des noirs ou arabes. Mais 10 % de ces derniers l’ont été plus de cinq fois, contre 2 % des blancs.
L’âge, le sexe et la couleur de peau se cumulent en matière de risque de subir un contrôle de police. Les jeunes hommes noirs et arabes sont quatre fois plus souvent contrôlés que le reste de la population. Ils subissent plus souvent des contrôles pénibles et humiliants, selon l’enquête du Défenseur des droits. Ils ont ainsi douze fois plus de risque d’avoir connu un contrôle poussé, avec fouille, palpation ou ordre de quitter les lieux par exemple, et ils déclarent plus fréquemment avoir été tutoyés, voire insultés.
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Le surcontrôle des jeunes hommes noirs ou arabes reste très élevé, mais l’écart avec les autres catégories de la population a diminué. En 2016, la première enquête établissait que le fait d’être un jeune homme noir ou arabe faisait courir un risque 20 fois plus grand d’être contrôlé. Une baisse que nuance le Défenseur des droits : les jeunes noirs ou arabes sont toujours autant contrôlés qu’auparavant. Si l’écart avec le reste de la population a diminué, c’est parce que les autres catégories sont plus souvent contrôlées qu’avant.
Les contrôles d’identité répétés ne règlent en rien les questions de sécurité qui se posent en France et en particulier le trafic de stupéfiants. Outre qu’ils minent le quotidien d’un grand nombre de jeunes des quartiers populaires, les contrôles non justifiés attisent le sentiment d’être désigné coupable par avance et augmentent la défiance envers les forces de sécurité et l’ensemble des institutions.
| Part de la population qui a été contrôlée par la police ou la gendarmerie selon le sexe, l’âge et la couleur de peau Unité : % | |
|---|---|
| | |
| Hommes | 35 |
| Femmes | 18 |
| 18-24 ans | 41 |
| 55-64 ans | 20 |
| Personnes perçues comme blanches | 23 |
| Personnes perçues comme arabes, noires ou maghrébines | 39 |
| Autre origine perçue | 32 |
| Ensemble | 26 |
Lecture : 35 % des hommes ont été contrôlés au moins une fois au cours des cinq dernières années par la police ou la gendarmerie.
Source : Défenseur des droits – Données 2024 – © Observatoire des inégalités
| Fréquence des contrôles d’identité selon la couleur de peau Unité : % | ||
|---|---|---|
| Personne perçue comme blanche | Personne perçue comme arabe, noire ou maghrébine | |
| Jamais | 77 | 61 |
| Au moins une fois | 23 | 39 |
| - Dont une fois | 11 | 11 |
| - Dont deux à cinq fois | 10 | 18 |
| - Dont plus de cinq fois | 2 | 10 |
| Ensemble | 100 | 100 |
Source : Défenseur des droits – Données 2024 – © Observatoire des inégalités
Photo / © Alxey Pnferov
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