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La moitié des Français estiment que les discriminations selon la couleur de peau sont fréquentes

La moitié des Français estiment que les discriminations selon la couleur de peau sont fréquentes dans notre pays. La recherche d’un logement est perçue comme le principal vecteur. 43 % de la population déclare avoir été témoin de discriminations.

Publié le 20 janvier 2022

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Modes de vie Emploi Femmes et hommes Origines Handicap Logement

46 % des Français [1] estiment que des personnes sont discriminées « souvent » ou « très souvent » du fait de leur origine ou couleur de peau dans notre pays, indiquent le Défenseur des droits et l’Organisation internationale du travail (OIT) dans leur 13e Baromètre sur les discriminations [2] (données 2020). Le chiffre monte même à 62 % si on n’interroge que les personnes non blanches. 40 % des répondants estiment que des personnes sont discriminées « souvent » ou « très souvent » du fait de leur état de santé ou d’un handicap, 38 % en raison de leur apparence physique et 35 % de leur âge. Environ un tiers pensent que le fait d’être une femme (contre 4 % pour le fait d’être un homme) ou d’avoir une religion entraîne des discriminations.

Perception de la fréquence des discriminations dans la société française par motif
Unité : %
Ne sait pas
Jamais
Rarement/Parfois
Souvent/Très souvent
Origine ou couleur de peau1114346
État de santé ou handicap1104840
Apparence physique285338
Âge2144935
Religion2155232
Être une femme1135432
Orientation sexuelle3175426
Quartier d'habitation3205225
Grossesse ou congé maternité3175625
Être un homme141534
Enquête par téléphone menée du 6 février au 14 mai 2020 auprès de 590 salariés du secteur privé et de 500 agents de la fonction publique.
Lecture : 46 % des actifs interrogés déclarent que l’origine ou la couleur de peau sont « souvent » ou « très souvent » des motifs de discriminations.
Source : Défenseur des droits et Organisation internationale du travail (OIT) - Données 2020 - © Observatoire des inégalités

La recherche d’un logement est le premier contexte de discriminations, selon les personnes interrogées. 48 % estiment que des personnes en sont « souvent » ou « très souvent » victimes dans ce cadre. Les contrôles de police sont aussi pour 43 % des sondés des occasions de pratiques discriminatoires très courantes. La recherche d’emploi est également mise en avant pour 41 % d’entre elles. Enfin, les lieux de loisirs, les relations de voisinage, tout comme le système éducatif (école et université), ou les administrations et les services publics apparaissent beaucoup moins comme des lieux ou des situations de discriminations fréquentes.

Perception de la fréquence des discriminations dans la société française par domaine
Unité : %
Ne sait pas
Jamais
Rarement/Parfois
Souvent/Très souvent
Lors de la recherche d'un logement194248
Lors des contrôles de police4104343
Lors d'une recherche d'emploi1104841
Dans le déroulement d'une carrière professionnelle1105632
Lors d'une demande de crédit ou d'assurance5155129
À l'école ou à l'université2166121
Dans les relations avec les administrations ou les services publics3166121
Dans les relations de voisinage2176417
Dans un lieu de loisir224659
Enquête par téléphone menée du 6 février au 14 mai 2020 auprès de 590 salariés du secteur privé et de 500 agents de la fonction publique.
Lecture : 48 % des actifs interrogés déclarent que les discriminations sont « souvent » ou « très souvent » fréquentes lors de la recherche d'un logement.
Source : Défenseur des droits et Organisation internationale du travail (OIT) - Données 2020 - © Observatoire des inégalités

Qui est témoin de discriminations ?

Selon l’enquête du Défenseur des droits, pas moins de 43 % des Français qui travaillent déclarent avoir été témoins de discriminations, à peu près le même niveau qu’en 2010. L’origine ethnique (47 %), le sexe (49 %) et l’apparence physique (52 %) sont les cas les plus fréquemment observés. Le cas de l’apparence physique peut relever de discriminations très différentes, comme la couleur de la peau, un handicap, la corpulence, etc. On notera que 35 % témoignent de discriminations syndicales et 36 % envers des personnes d’« âge avancé », deux thèmes pourtant peu présents dans le débat sur les discriminations en France.

Perception des discriminations en tant que témoin par motif
Unité : %

L'apparence physique52
Le sexe49
L'origine ethnique47
La nationalité37
L'âge avancé36
Les activités syndicales35
L'état de santé31
Les convictions religieuses29
L'orientation sexuelle ou l'identité de genre29
Le handicap27
Le jeune âge25
La grossesse/La maternité25
Enquête par téléphone menée du 6 février au 14 mai 2020 auprès de 590 salariés du secteur privé et de 500 agents de la fonction publique.
Lecture : 52 % des actifs interrogés déclarent avoir été témoins de discriminations en raison de l'apparence physique.
Source : Défenseur des droits et Organisation internationale du travail (OIT) - Données 2020 - © Observatoire des inégalités

Ces données témoignent de la perception des discriminations dans la société, de l’idée que s’en font les Français. Celle-ci dépend des discriminations réelles, mais aussi de l’ampleur médiatique que l’on donne au phénomène ou des campagnes d’information qui sont menées à ce sujet notamment. Quoi qu’il en soit, un grand nombre de Français sont conscients du problème. Plus de quatre sur dix disent même qu’ils en ont été témoins.

Là aussi, il faut rester prudent, car on peut qualifier de « discrimination » des pratiques de nature très différentes. Beaucoup de personnes assimilent les discriminations (pratiques illégales) et les inégalités de traitement, qui peuvent être fondées (comme une inégalité de salaire entre deux personnes de compétences différentes). Mais même en prenant toutes ces précautions, le décalage semble pour le moins important entre la sensibilité de l’opinion à la question et les moyens minimes mis en œuvre pour lutter contre un fléau qui heurte nos valeurs.

Photo / CC Pixabay


[1Il s’agit plus précisément ici d’un panel de 1 090 personnes (590 actifs du secteur privé et 500 agents de la fonction publique) interrogés du 6 février au 14 mai 2020 dans le cadre du 13e Baromètre du Défenseur des droits, qui s’intéresse aux discriminations dans l’emploi.

[2« 13e Baromètre de la perception des discriminations dans l’emploi – Des préjugés aux discriminations : des conséquences durables pour les individus », Défenseur des droits et Organisation internationale du travail (OIT), décembre 2020.

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Date de première rédaction le 20 janvier 2022.
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