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Les revenus des plus pauvres stagnent depuis 20 ans

Les revenus des 10 % les plus pauvres n’augmentent plus depuis une vingtaine d’années. Ils ont même régressé, si l’on ne considère que les revenus du travail, avant redistribution.

Publié le 3 mai 2023

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Revenus Pauvreté

Le niveau de vie moyen des 10 % les plus pauvres a progressé de la fin des années 1990 jusqu’au début des années 2000. Depuis, il stagne. Entre 2002 et 2019, il a même perdu 10 euros mensuels en euros constants, c’est-à-dire après inflation. Le seuil des 5 % les plus pauvres (montant maximum que touche cette tranche de revenu) est de 785 euros, le même niveau qu’en 2007.

La part des revenus que reçoivent les plus pauvres s’amenuise. Les 10 % du bas de l’échelle des revenus en perçoivent seulement 3,5 % en 2019 selon l’Insee, contre 3,8 % en 2002. Cette baisse de 0,3 point de pourcentage parait faible, mais elle est énorme si on la mesure en euros. Entre 2002 et 2019, la masse globale des revenus de tous les ménages a augmenté de 187 milliards d’euros annuels. Les 10 % du bas ont obtenu quatre milliards de plus, les 10 % du haut, 48 milliards, soit au-delà de dix fois plus. Les plus pauvres ont reçu 2 % de la croissance globale des revenus annuels des ménages entre ces deux années, tandis que les plus riches en ont perçu 25 %.

Ces données comprennent les prestations sociales : indemnités chômage, allocations logement, famille, etc. Si on n’en tient pas compte, c’est une baisse des revenus des plus pauvres que l’on observe. Entre 2008 et 2017, le niveau de vie maximum déclaré par les 10 % les plus pauvres a baissé de 727 à 630 euros par mois. Une perte de pouvoir d’achat de 13 %. Principalement, ces revenus proviennent de l’activité, des retraites ou des indemnités chômage. Pour un grand nombre de personnes, ce sont ces revenus du travail qui comptent le plus car ils ne relèvent pas de la solidarité nationale.

Ces données en disent long sur la société française. Derrière le discours sur le pouvoir d’achat, concept très global, se cachent des mutations plus profondes. Du côté des catégories modestes, deux décennies de stagnation des revenus pèsent lourd. La situation actuelle est surtout due au développement des emplois très précaires et à la faiblesse de l’indemnisation du chômage. La question est de savoir si la diminution du nombre de demandeurs d’emploi depuis 2015 va permettre de revenir à une période plus favorable pour le bas de l’échelle des revenus. Il faut noter cependant qu’entre 2017 et 2019, le revenu déclaré par personne des 10 % les plus pauvres (avant prestations sociales) a progressé de 7 %, notamment du fait de la baisse du chômage.

Après impôts et prestations sociales pour une personne seule.
Lecture : en 2019, on appartient aux 10 % les plus pauvres lorsque l'on gagne moins de 972 euros par mois pour une personne seule.

Source : Insee – © Observatoire des inégalités

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Pour une personne seule.
Lecture : en 2019, les 10 % les plus pauvres gagnent moins de 673 euros par mois, avant prestations sociales.

Source : Insee – © Observatoire des inégalités

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Photo / © Jshuyn

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Date de première rédaction le 3 mai 2023.
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