Tous les actifs ne sont pas égaux face au chômage de longue durée [1]. Les hommes ont une ancienneté moyenne au chômage de 15,8 mois, légèrement supérieure à celle des femmes (14,7 mois), selon les données 2018 de l’Insee. Surtout, c’est l’âge qui fait la différence. L’ancienneté moyenne au chômage des jeunes actifs (entre 15 et 29 ans) est inférieure à dix mois, soit une durée 2,6 fois moindre que celle des 50 ans et plus (presque deux ans).

Les plus âgés sont moins souvent au chômage mais, quand ils perdent leur emploi, il leur est plus difficile d’en retrouver un. Cette situation est souvent occultée, car le débat se fixe sur le niveau du chômage plutôt que sur sa durée. Or, celle-ci est centrale : c’est le marqueur de l’intensité du phénomène, de son impact en profondeur sur la société. Passer par la case chômage est une chose, y rester longtemps en est une autre.

Même si leur taux de chômage est inférieur à celui des jeunes, la durée du chômage des plus de cinquante ans est préoccupante. Elle résulte des évolutions du marché du travail et des nouvelles compétences qu’il exige, mais aussi de la difficulté, pour les plus âgés, de faire valoir leur expérience et d’obtenir un niveau de rémunération qui corresponde. Pour revenir dans l’emploi, une partie des plus âgés doivent sacrifier leur niveau de vie et accepter des salaires beaucoup plus bas.

Massivement, les chômeurs de longue durée appartiennent aux catégories les moins favorisées. Malheureusement, ni l’Insee, ni Pôle emploi ne fournissent de données récentes sur le sujet, données qui ne semblent pas vraiment intéresser grand monde alors qu’il s’agit d’une question sociale majeure. Les dernières qui permettent de dresser le portrait social des chômeurs de longue durée datent de 2013 ! Cependant, elles ont probablement peu évolué.

Les deux tiers des chômeurs de longue durée ont au plus le BEP, 83 % au plus le baccalauréat. Près de 90 % des chômeurs de plus d’un an sont employés ou ouvriers, 7 % seulement sont cadres supérieurs. Le chômage de longue durée fonctionne comme un piège qui se referme progressivement sur des catégories déjà précaires. Pour une partie de la population, l’exclusion du marché du travail se cumule avec des conditions de vie difficiles (mal-logement en particulier). Le sentiment de relégation, d’être laissé pour compte par le reste de la société, se nourrit de cette situation. Ainsi que le ressentiment vis-à-vis de l’action publique qui, tout en affichant un volontarisme fort, n’aboutit qu’à de faibles résultats dans ce domaine.

Extrait de « Qui sont les chômeurs de longue durée ? », Centre d’observation de la société, 19 mars 2020.

Photo / © Sam Thomas

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