Niveaux de vie : la plupart des Français ne savent pas se situer
19 % des Français surestiment leur niveau de vie et 36 % le sous-estiment. Il n’est pas toujours facile de se situer sur l’échelle des revenus.
18 novembre 2014
https://www.inegalites.fr/Niveaux-de-vie-la-plupart-des-Francais-ne-savent-pas-se-situer - Reproduction interdite55 % des Français se positionnent mal sur l’échelle des revenus : 19 % surestiment leur niveau de vie et 36 % le sous-estiment, indique une étude de l’Insee [1]. Si l’on découpe la population en trois tranches égales de revenus mensuels perçus [2], seul un cinquième du tiers le plus aisé s’auto-positionne correctement, parmi les 33 % les plus riches (plus de 2 040 euros par mois). 70 % ont le sentiment d’appartenir au tiers intermédiaire (entre 1 370 et 2 040 euros mensuels) et même 8 % au tiers le plus pauvre (moins de 1 370 euros par mois). A l’autre bout de la distribution, 53 % du tiers de la population la moins favorisée pensent appartenir au tiers intermédiaire, et 4 % au tiers supérieur.
Source : Insee, données 2011
De nombreuses raisons expliquent ce décalage. Il n’est pas toujours si facile de connaître l’ensemble de ses revenus [3], qui peuvent varier dans le temps : chômage ou emploi intermittent pour les uns, revenus financiers (actions, obligations, immobilier, etc.) pour les autres. Ensuite, l’Insee déduit du revenu les impôts directs et ajoute les prestations sociales, alors que les ménages peuvent pratiquer autrement, par exemple en déduisant le coût du logement. En outre, l’institut tient compte des économies d’échelle (une famille n’a pas besoin d’une cuisine par personne par exemple), ce qui est très complexe à estimer pour un non-expert. L’Insee note que les Français tiennent davantage compte de leurs conditions de vie matérielles concrètes que de leur revenu effectivement perçu quand ils se positionnent.
Une grande part de subjectivité intervient. Se positionner implique de porter un jugement sur les niveaux de vie dans l’ensemble de la société. En France - c’est l’inverse aux Etats-Unis -, se dire aisé ou riche est mal vu : sauf à considérer la personne la plus riche, il existe toujours plus aisé que soi. Le débat public influence les réponses : le plus souvent, les médias placent la barre des classes moyennes bien au-delà de leurs revenus réels [4]. Enfin, déclarer son appartenance au tiers le plus bas des revenus n’est pas forcément si facile vis-à-vis de l’enquêteur et de soi-même.
Extrait du Centre d’observation de la société.
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[1] « Le positionnement sur l’échelle des niveaux de vie », Insee Première n°1515, septembre 2014.
[2] Après impôts et prestations sociales, pour une personne seule.
[3] L’Insee ne donne pas d’indications sur les non-réponses.
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