En équivalent temps plein, les femmes touchent 18,5 % de moins que les hommes, selon l’Insee. La discrimination pure serait d’environ 10 % d’après le ministère du Travail.
Le salaire mensuel net moyen des hommes, en équivalent temps plein [1] est de 2 438 euros en 2015, celui des femmes de 1 986 euros, soit un écart de 452 euros. Les femmes perçoivent donc, en moyenne, 81,5 % du salaire des hommes (1 986 divisé par 2 438), ou ont un salaire inférieur de 18,5 %. Ou encore, ce qui revient au même, les hommes touchent en moyenne un salaire supérieur de 22,8 % à celui des femmes (voir notre encadré méthodologique sur la façon de mesurer l’écart).
Dans quel sens mesurer les inégalités hommes-femmes ? Un peu de mathématiques appliquées aux inégalités |
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L’écart de salaires entre les femmes et les hommes est, dans l’immense majorité des cas, présenté du point de vue masculin. On mesure combien les femmes touchent de moins que les hommes. Dans notre calcul basé sur les chiffres de l’Insee, lorsque les hommes touchent 100, les femmes reçoivent 81,5 (1 986 ÷ 2 438). Elles perçoivent ainsi 100 - 81,5 = 18,5 de moins. 18,5 de moins. Rapporté aux 100 des hommes, cela fait 18,5 % en moins. Mais rien n’empêche de voir les choses autrement : du point de vue des femmes. Si l’on rapporte l’écart de 18,5 aux 81,5 des femmes, cela fait 18,5 ÷ 81,5 = 23 %. Les hommes touchent donc 23 % de plus que les femmes. Si on arrive à un résultat différent, c’est parce que les pourcentages ne sont pas réversibles, car ils ne s’appliquent pas à la même base de départ. Baissez un prix de 50 % pour un bien de 100 euros, vous l’avez à 50 euros. Augmentez-le de 50 %, et le voilà à 75 euros (car 50 % de 50 euros = 25 euros). Aucune des deux méthodes n’est plus « juste » ou meilleure. Mais il est frappant de constater que celle qui aboutit au chiffre le plus faible s’est imposée dans le débat public. |
Plus on progresse dans l’échelle des salaires, plus l’écart entre les femmes et les hommes est important. Selon les dernières données disponibles (Insee 2015), toujours en équivalent temps plein, les 10 % des femmes les moins bien rémunérées ont un salaire maximum inférieur de 7 % à celui des hommes (1 171 euros contre 1 262 euros). Le salaire minimum des 10 % des femmes les mieux rémunérées est inférieur de 21 % à celui des hommes (soit 3 149 euros pour les femmes contre 3 990 euros pour les hommes). Au niveau médian, les femmes gagnent un salaire inférieur de 13 %, ce qui représente un écart de 256 euros par mois avec leurs homologues masculins.
Écarts de salaires selon le sexe et le niveau de rémunération Salaires mensuels nets en équivalent temps plein Unité : euros | |||||
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Hommes en euros | Femmes en euros | Ensemble en euros | Écart en euros | Écart en % | |
10 % des salariés gagnent moins de... | 1 262 | 1 171 | 1 213 | - 91 | - 7 |
20 %... | 1 427 | 1 288 | 1 357 | - 139 | - 10 |
30 %... | 1 573 | 1 396 | 1 490 | - 177 | - 11 |
40 %... | 1 728 | 1 512 | 1 630 | - 216 | - 13 |
50 %... | 1 906 | 1 650 | 1 797 | - 256 | - 13 |
60 %... | 2 130 | 1 830 | 2 004 | - 300 | - 14 |
70 %... | 2 451 | 2 073 | 2 286 | - 378 | - 15 |
80 %... | 2 996 | 2 432 | 2 752 | - 564 | - 19 |
90 %... | 3 990 | 3 149 | 3 646 | - 841 | - 21 |
5 % des salariés gagnent plus de | 5 155 | 3 899 | 4 652 | - 1 256 | - 24 |
1 %... | 9 503 | 6 317 | 8 283 | - 3 186 | - 34 |
Ensemble | 2 438 | 1 986 | 2 250 | - 452 | - 19 |
Les inégalités de salaires entre les sexes sont les plus fortes chez les cadres supérieurs, donc parmi les salaires les plus élevés : les femmes cadres gagnent 21 % de moins que les hommes cadres. À l’inverse, l’écart le plus faible est constaté parmi les employés (- 8 %), une catégorie majoritairement féminine.
Salaires nets mensuels selon le sexe et la catégorie sociale Unité : euros | ||||
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Hommes | Femmes | Ensemble | Écart femmes/hommes (en %) | |
Cadres supérieurs | 4 377 | 3 477 | 4 060 | - 21 |
Professions intermédiaires | 2 396 | 2 055 | 2 241 | - 14 |
Employés | 1 681 | 1 549 | 1 590 | - 8 |
Ouvriers | 1 731 | 1 441 | 1 681 | - 17 |
Ensemble | 2 431 | 1 968 | 2 238 | - 19 |
Écart ouvriers/cadres (en euros) | 2 646 | 2 036 | 2 379 | |
Écart ouvriers/cadres (en %) | - 60 | - 59 | - 59 |
Avertissement : nous utilisons ci-dessous les chiffres d’une étude publiée par le ministère du Travail qui part des salaires effectivement perçus pour aboutir aux discriminations et non plus en équivalent temps plein, comme dans la première partie de l’article.
1- L’écart total : les femmes touchent 25,7 % de moins que les hommes
Tous temps de travail confondus (temps partiels et temps complets rassemblés), les salaires féminins valent en moyenne 74,3 % des salaires masculins, selon les données 2012 du ministère du Travail [2]. Les femmes touchent donc 25,7 % de moins (100 % - 74,3 % = 25,7 %) que les hommes. Vu autrement, les hommes touchent 34,6 % de plus (100 divisé par 74,3, voir notre encadré méthodologique).
2- L’écart pour des temps complets : les femmes touchent 16,3 % de moins
Le premier facteur explicatif des inégalités de salaires provient des différences de temps de travail. Les femmes sont quatre fois plus souvent en temps partiel que les hommes : leur revenu – tous temps de travail confondus – est logiquement inférieur à celui des hommes. De plus, le temps de travail des hommes est aussi accru par les heures supplémentaires qu’ils effectuent plus souvent que les femmes. Pourtant, même en ne comparant que les salaires à temps complet, les femmes perçoivent encore 16,3 % de moins que les hommes.
3- L’écart à temps de travail et métiers équivalents : les femmes touchent 12,8 % de moins
Si l’on tient compte des différences de tranches d’âge, de type de contrat, de temps de travail, de secteur d’activité et de taille d’entreprise, il reste un écart moyen de salaire entre les femmes et les hommes d’environ 10,5 %, selon les données du ministère du Travail. Cet écart « toutes choses égales par ailleurs » est ce que l’on n’arrive pas à expliquer. Pour partie, il résulte de discriminations et d’autres facteurs non mesurés. Cet indicateur, important, ne doit pas faire oublier les inégalités et discriminations qui existent en amont de la fixation des salaires, dans les parcours scolaires, dans le choix du temps de travail, du secteur d’emploi, etc.
Décomposition des écarts de salaires entre femmes et hommes Unité : % | |
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Les femmes gagnent ...% de moins que les hommes | |
Écart tous temps de travail confondus> | 25,7 |
Effet du temps partiel | - 9,4 |
Écart pour des temps complets | 16,3 |
Effet de l'inégale répartition des métiers* | - 3,5 |
Écart pour des temps complets à métier équivalent | 12,8 |
Effets de structure à métier équivalent (âge, secteur d'activité, taille de l'entreprise, type de contrat de travail) | - 2,3 |
Part non expliquée | 10,5 |
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[1] Les salaires en équivalent temps plein permettent de prendre en compte les emplois à temps complet et à temps partiel. On transforme un salaire obtenu à temps partiel en déterminant à quel niveau il aurait été si l’emploi avait été à temps plein.
[2] « Ségrégation professionnelle et écarts de salaires femmes-hommes », Dares Analyses n°082, ministère du Travail, novembre 2015.