Les allocations réduisent de quatre millions le nombre de pauvres
Les prestations sociales et les impôts réduisent le nombre de personnes pauvres de 13,5 à 9,1 millions en France. Sans ces dispositifs de redistribution, 21 % de la population vivrait sous le seuil de pauvreté.
Publié le 16 décembre 2025
https://www.inegalites.fr/Les-allocations-reduisent-de-quatre-millions-le-nombre-de-pauvres - Reproduction interditeSi les systèmes de prestations sociales et d’impôts directs n’existaient pas, le taux de pauvreté en France serait de 21 %, et non de 14 %, au seuil de pauvreté fixé à 60 % du niveau de vie médian [1], selon le ministère des Solidarités (données 2022, dernières disponibles) [2]. Le nombre de pauvres est ainsi réduit, passant de 13,5 à 9,1 millions de personnes. Cela veut dire concrètement que notre modèle social évite la pauvreté à 4,4 millions d’individus. Ces mesures de redistribution, notamment en faveur des familles modestes, des personnes handicapées ou encore des personnes âgées, jouent un rôle indispensable, même si les bénéficiaires préfèreraient vivre seulement de leurs propres ressources.
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L’impact du système de redistribution français varie selon le type de ménage. 25 % des personnes seules seraient pauvres sans les prestations sociales. Leur taux de pauvreté est réduit à 19,2 % une fois les aides sociales prises en compte. L’effet de la protection sociale est le plus fort pour les familles nombreuses, du fait des allocations familiales qu’elles perçoivent. Avant redistribution, le taux de pauvreté des couples avec trois enfants est de 32,3 %. Après redistribution, il passe à 18,6 %, soit une baisse de 13,7 points. L’écart est encore plus marqué pour les familles de quatre enfants ou plus, pour lesquelles le modèle social français fait baisser leur taux de pauvreté de 22 points. L’effet est similaire pour les familles monoparentales avec deux enfants ou plus, qui sont les plus exposées à la pauvreté : le taux avant redistribution atteint 57,3 % et diminue à 37,4 % après, soit une diminution de près de 20 points.
| Taux de pauvreté avant et après redistribution selon le type de ménage Unité : % | ||
|---|---|---|
| Avant redistribution | Après redistribution | |
| Personne seule | 25,0 | 19,2 |
| Famille monoparentale | ||
| - Avec un seul enfant | 35,6 | 23,5 |
| - Avec deux enfants ou plus | 57,3 | 37,4 |
| Couples | ||
| - Sans enfant | 8,2 | 6,5 |
| - Avec un enfant | 11,1 | 7,4 |
| - Avec deux enfants | 13,7 | 9,1 |
| - Avec trois enfants | 32,3 | 18,6 |
| - Avec quatre enfants ou plus | 62,1 | 39,8 |
| Ensemble | 21,3 | 14,4 |
Lecture : sans les impôts et les prestations sociales, 25 % des personnes seules vivraient sous le seuil de pauvreté. Après redistribution, 19,2 % d’entre elles sont pauvres.
Source : ministère des Solidarités – Données 2022 – © Observatoire des inégalités
L’étude du ministère des Solidarités permet de détailler l’impact des différentes prestations sociales et de certains impôts directs [3] sur le taux de pauvreté. Ces impôts, payés principalement par les classes moyennes et aisées, ont un effet sur le seuil de pauvreté et donc sur le nombre de personnes considérées comme pauvres : sous l’effet des impôts directs, le niveau de vie des classes moyennes diminue, le seuil de pauvreté baisse donc aussi, et avec lui le nombre de pauvres. Après impôts, le taux de pauvreté de la population est ainsi réduit de 0,7 point de pourcentage. Cette baisse n’est cependant pas liée à l’amélioration du niveau de vie des plus démunis.
Les prestations familiales et les minima sociaux constituent les principaux outils de diminution de la pauvreté. Chacun d’eux réduit son taux de 1,7 point. La prime d’activité (versée aux personnes aux plus bas salaires) et les allocations familiales jouent un rôle plus modeste en réduisant respectivement de 1,4 et de 1,6 point le taux de pauvreté (mesuré au seuil de 60 % du revenu médian).
| Impact des différentes mesures de redistribution sur le taux de pauvreté | ||
|---|---|---|
| Niveau en % | Effet en points | |
| Pauvreté avant redistribution | 21,3 | |
| Pauvreté après redistribution | 14,4 | - 6,9 |
| Soit : | ||
| - après impôts directs | 20,6 | - 0,7 |
| - après prestations familiales | 19,0 | - 1,7 |
| - après allocations logement | 17,9 | - 1,1 |
| - après minima sociaux | 16,2 | - 1,7 |
| - après soutien au revenu des jeunes sans emploi (contrat d’engagement jeunes et Garantie jeunes) | 16,1 | - 0,1 |
| - après prime d'activité | 14,7 | - 1,4 |
| - après aides exceptionnelles inflation | 14,4 | - 0,3 |
Source : ministère des Solidarités – Données 2022 – © Observatoire des inégalités
Photo / Vitaly Gariev sur Unsplash
[1] Au seuil de pauvreté de 50 % du niveau de vie médian, 16,2 % de la population serait pauvre sans la redistribution. Impôts et prestations sociales font reculer de 8,1 points le taux de pauvreté selon les données 2022 de l’Insee.
[2] « La redistribution diminue d’un tiers le taux de pauvreté », Drees, ministère des Solidarités, juin 2025.
[3] Impôt sur le revenu, contribution sociale généralisée (CSG), contribution pour le remboursement de la dette sociale (CRDS), prélèvement libératoire sur valeurs mobilières et autres prélèvements sociaux sur les revenus du patrimoine.
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