Synthèse

Les chiffres-clés de la pauvreté en France

5,1 millions de personnes sont pauvres. Elles vivent avec moins de 1 014 euros mensuels après prestations sociales pour une personne seule. Résumé et chiffre-clés du « Rapport sur la pauvreté en France, édition 2024-2025 ».

Publié le 3 décembre 2024

https://www.inegalites.fr/L-essentiel-du-Rapport-sur-la-pauvrete-en-France-edition-2024-2025 - Reproduction interdite

Revenus Catégories sociales Pauvreté

5,1 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté selon l’Insee en 2022 (dernière année disponible). Elles représentent 8,1 % de la population.

Être pauvre, selon le seuil que nous utilisons, c’est vivre avec moins de la moitié du niveau de vie du Français du milieu, celui qui se situe entre les 50 % les plus pauvres et les 50 % les plus riches. Pour une personne seule, le seuil de pauvreté est de 1 000 euros par mois, prestations sociales comprises. Pour un couple sans enfant, cela représente 1 500 euros. Et pour une famille avec deux enfants de plus de 14 ans, 2 500 euros.

La pauvreté n’explose pas. Mais elle gagne du terrain. Les chiffres avaient atteint un point bas en 2002. Vingt ans plus tard, on compte 1,4 million de pauvres supplémentaires. Le taux de pauvreté a augmenté d’1,5 point.

Lecture : en 2022, 8,1 % de la population vit sous le seuil de pauvreté fixé à 50 % du niveau de vie médian.

Source : Insee – © Observatoire des inégalités

Graphique Données

Les revenus des pauvres stagnent. Leur niveau de vie médian a gagné seulement 60 euros en 20 ans, passant de 772 euros par mois en 2002 pour une personne seule à 832 euros en 2022.

Notre modèle social a amorti les crises récentes, mais pour toute une partie de la population, les revenus du travail régressent, malgré la baisse du chômage. Deux décennies d’extension de la pauvreté et de stagnation des bas revenus pèsent lourd sur les perspectives et le sentiment d’abandon des catégories populaires par les responsables politiques. Pendant ce temps, le soutien massif des Français pour les plus pauvres ne se dément pas : seuls 12 % des Français estiment que l’État en fait trop pour les plus démunis, selon le ministère des Solidarités (donnée 2023).

Ce contenu vous intéresse ? Soutenez les travaux de l’Observatoire des inégalités.

Je fais un don

Vivre dans le manque

Notre dossier spécial réunit des données sur un quotidien fait de renoncements et d’inquiétude. Ne pas pouvoir épargner par exemple, c’est n’avoir aucun matelas de sécurité pour amortir les incidents de la vie. Parmi les 20 % les plus modestes, 62 % déclarent qu’ils ne pourraient pas faire face à une dépense imprévue de 1 000 euros et 56 % qu’ils ne peuvent pas changer un meuble hors d’usage. Environ un quart se prive sur les repas et sur le chauffage (Insee, données 2022). C’est toute la vie sociale qui en pâtit : 53 % d’entre eux disent ne pas pouvoir partir en vacances. 15 % ne peuvent même pas s’offrir un verre ou un repas en famille ou entre amis par exemple.

L’extrême misère persiste en France. 330 000 personnes n’ont pas de domicile et vivent à la rue, à l’hôtel social ou en centre d’hébergement. Malgré le doublement de leurs capacités en quelques années, ces lieux d’accueil sont saturés notamment du fait des restrictions faites aux étrangers pour travailler et donc pouvoir se loger. Des milliers d’adultes, de jeunes isolés et d’enfants dorment dehors chaque nuit.

Les facteurs qui exposent à la pauvreté

Selon les catégories de population auxquelles vous appartenez, votre risque d’être pauvre est très inégal. Tout d’abord, l’âge compte. Les enfants et les jeunes de 18 à 29 ans sont nettement plus touchés que les autres tranches d’âge, avec respectivement 11,4 % et 10 % de pauvres.

Les premiers subissent la pauvreté de leurs parents, tandis que les seconds rencontrent des difficultés d’insertion, notamment les moins diplômés. Les personnes âgées sont nettement moins concernées, avec des taux de pauvreté qui restent inférieurs à 5 %.

Les célibataires sont deux fois plus touchés que les couples. 12,8 % des personnes seules de moins de 65 ans, et même 19,2 % des familles monoparentales, sont pauvres, contre 5,6 % des couples.

Surtout, l’emploi fait la différence. Un quart des chômeurs sont pauvres. Les inactifs non retraités sont 22,1 % à vivre sous le seuil de pauvreté. En comparaison, seuls 2,9 % des salariés sont pauvres, ainsi que 12,5 % des indépendants. Mais travailler ne protège pas complètement : 1,1 million de travailleurs ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté, une proportion qui reste assez stable depuis 20 ans, autour de 4 % des personnes en emploi.

Si on se limite aux actifs, le taux de pauvreté est de 5,5 %, mais il grimpe à 7,3 % pour les ouvriers et 6,4 % pour les employés, environ trois fois plus que pour les cadres supérieurs et les professions intermédiaires. La population pauvre est souvent marquée par le manque de qualifications dans un pays où le diplôme initial classe pour la vie : 81 % des pauvres ne sont pas allés au-delà du baccalauréat.

Les immigrés sont surreprésentés. Leur taux de pauvreté atteint 18,8 % et même 23,6 % pour les Maghrébins : un taux trois fois supérieur à celui des personnes nées en France. Ils cumulent souvent les difficultés des personnes peu qualifiées, des discriminations à l’embauche et l’interdiction faite aux étrangers non européens d’exercer un grand nombre d’emplois en France.

Les catégories les plus exposées à la pauvreté
Unité : %
Taux de pauvreté
Chômeurs24,5
Inactifs non retraités22,1
Familles monoparentales19,2
Immigrés18,8
Sans diplôme ou certificat d’études13,2
Ensemble de la population8,1
Moyenne par catégorie de population.
Lecture : 24,5 % des chômeurs sont pauvres.
Source : Insee – Données 2022 (2021 pour les immigrés et le niveau de diplôme)

Enfin, une personne handicapée sur cinq est pauvre (au seuil de pauvreté de 60 % du niveau de vie médian [1]), contre 13 % des personnes valides. En termes de conditions de vie, leur pauvreté est encore plus marquée : 39 % des 16-64 ans handicapés subissent des privations, contre 15 % de l’ensemble de la population du même âge.

De l’outre-mer aux quartiers prioritaires

Notre carte de France de la pauvreté n’oublie pas les DOM, contrairement à ce qui est souvent fait dans les statistiques et les analyses. 36,1 % des Réunionnais sont pauvres par exemple (en 2021 selon l’Insee, au seuil de pauvreté fixé à 60 % du niveau de vie médian [2]), une proportion trois fois plus élevée qu’en métropole. Mayotte (77 %) et la Guyane (53 %) sont dans des situations encore plus dramatiques (données 2017).

Zoomer sur l’Hexagone laisse apparaitre d’autres territoires qui concentrent les difficultés sociales. Citons Aubervilliers, avec 42 % d’habitants sous le seuil de pauvreté, le 3ᵉ arrondissement de Marseille (52 %) et la Seine-Saint-Denis dans son ensemble (28 %). Perpignan compte les trois quartiers prioritaires de la politique de la ville aux taux de pauvreté les plus élevés de France (entre 73 % et 75 %). Paris n’est pas en reste. À quelques stations de métro des quartiers les plus chics, les 18ᵉ, 19ᵉ et 20ᵉ arrondissements réunissent plus de 100 000 pauvres. La capitale en compte plus de 300 000 au total.

Commander ou télécharger l’ouvrage complet

Rapport sur la pauvreté en France, édition 2024-2025.
Sous la direction d’Anne Brunner et Louis Maurin, édition de l’Observatoire des inégalités, décembre 2024.

AJOUTER AU PANIER Voir le sommaire

Illustrations / © Benjamin Mispoulet pour l’Observatoire des inégalités


[1Les données au seuil de pauvreté fixé à 50 % du niveau de vie médian ne sont pas disponibles.

[2Les données au seuil de pauvreté fixé à 50 % du niveau de vie médian n’étant pas disponibles pour l’ensemble des découpages territoriaux, nous optons pour le seuil de 60%.

L’Observatoire des inégalités a besoin de vous

L’Observatoire des inégalités est indépendant, il ne dépend pas d’une institution publique. Il n’accepte ni la publicité ni le financement de grandes entreprises.

Nous sommes financés principalement par les dons de milliers de personnes qui nous soutiennent ponctuellement ou régulièrement.

Avec votre soutien, nous continuerons de produire une information de qualité et à la diffuser en accès libre. Chaque contribution, grande ou petite, compte. C’est le moment de nous aider. Merci.


Faire un don
Date de première rédaction le 3 décembre 2024.
© Tous droits réservés - Observatoire des inégalités - (voir les modalités des droits de reproduction)

Sur ce thème