Analyse

Comment évoluent les revenus des riches, des pauvres et des classes moyennes ?

En vingt ans, les niveaux de vie des classes moyennes et des 10 % les plus pauvres ont faiblement progressé. Les 10 % les plus aisés se sont enrichis, malgré une stagnation de leurs revenus moyens sur ces dix dernières années. Une analyse extraite du Centre d’observation de la société.

Publié le 28 février 2019

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Revenus Niveaux de vie

Comment évolue le niveau de vie des catégories aisées, des classes moyennes et des plus pauvres ? Ces vingt dernières années ont été très bénéfiques pour les plus riches, mais la progression n’a pas été linéaire, loin de là. Le jugement que l’on peut porter sur l’évolution dépend beaucoup de la période de temps que l’on choisit.

Au cours des vingt dernières années (1996-2016), le niveau de vie des couches moyennes (apprécié ici par le niveau de vie médian [1]) a augmenté de près de 20 % une fois la hausse des prix déduite. Cela représente un gain annuel de 3 200 euros, soit 270 euros mensuels. Leur « appauvrissement » dont on parle si souvent reste un slogan médiatique. Le niveau de vie moyen du dixième le plus pauvre a progressé lui aussi de 20 %, mais en partant de plus bas et, au bout du compte, le gain annuel n’est que de 1 400 euros, soit 120 euros mensuels. Enfin, le niveau de vie des 10 % les plus riches s’est accru de 25 %, soit plus de 11 000 euros de gain annuel, ce qui représente 950 euros mensuels. Sur cette période, la hausse du niveau de vie des 10 % les plus riches équivaut à 1,3 fois l’ensemble du revenu annuel des 10 % les plus pauvres. Au total, l’écart entre le haut et le bas de la pyramide des revenus s’est creusé de 10 000 euros annuels.

Après impôts et prestations sociales, pour une personne seule.

Source : Insee – © Observatoire des inégalités

Graphique Données

L’amélioration du niveau de vie des plus aisés s’est produite entre 1996 et 2008. La suite a été bien moins favorable du fait de la crise financière de 2008 (baisse des dividendes et des taux d’intérêt notamment) ainsi que des mesures fiscales défavorables à cette catégorie de revenus prises en 2011 et 2012. Au cours des dix dernières années (2006-2016), le niveau de vie moyen des 10 % les plus riches a stagné alors que celui des 10 % les plus pauvres a faiblement progressé (+ 2 %). Seules les classes moyennes ont fait un peu mieux avec + 4 %. Le détail des évolutions annuelles par tranche de niveau de vie fait apparaître une évolution en dents de scie pour les plus pauvres, une forte progression en début de période pour le niveau de vie des plus riches suivie d’une nette diminution et une progression suivie d’une stagnation pour les couches moyennes.

Ces données invalident nombre de jugements sur l’évolution des revenus en France. Tout d’abord, le revenu des plus riches s’est beaucoup élevé, mais l’évolution actuelle est moins favorable : leur niveau de vie est le même qu’il y a dix ans. Les couches moyennes ne sont pas étranglées, mais leurs revenus stagnent depuis 2009, ce qui contraste avec les hausses qu’elles ont pu connaître par le passé. Enfin, le niveau de vie des pauvres ne s’effondre pas, mais il est le même qu’en 2003 et en baisse si on le compare à 2008.

Le débat public sur les revenus véhicule beaucoup de préjugés qui tombent dès que l’on observe les chiffres dans le détail. Les inégalités continuent dans ce domaine de s’accroître mais elles n’explosent pas. Une grande partie de la population voit ses revenus stagner ou baisser légèrement. Ce n’est pas l’effondrement parfois annoncé, mais cette morosité est lourde de tensions sociales. Notamment pour les classes moyennes, souvent dans un processus d’ascension sociale qui est stoppé. Trop souvent, l’intérêt pour les 1 % les plus riches est une manière d’éviter un débat plus général sur les revenus en France. Il n’en demeure pas moins qu’il serait intéressant d’avoir des données fines sur l’évolution des extrémités de l’échelle des revenus, les 1 % ou 2 %, qu’ils soient les plus riches ou les plus pauvres, mais l’Insee ne les communique pas.

Après impôts et prestations sociales, pour une personne seule.

Source : Insee – © Observatoire des inégalités

Graphique Données
Après impôts et prestations sociales, pour une personne seule.

Source : Insee – © Observatoire des inégalités

Graphique Données
Après impôts et prestations sociales, pour une personne seule.

Source : Insee – © Observatoire des inégalités

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Cet article est repris du Centre d’observation de la société.

Photo / CC By SA Christoph Stolz


[1La moitié de la population touche plus, la moitié touche moins, après impôts et prestations sociales. Environ 1 700 euros mensuels pour une personne seule.

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Date de première rédaction le 28 février 2019.
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