Beaux quartiers : où vivent les riches les plus riches ?
Les 10 % les plus riches du quartier du Gros Caillou dans le 7e arrondissement de Paris gagnent plus de 22 000 euros par mois. Ils arrivent en tête de notre classement des quartiers où vivent les plus riches, qui passe par Neuilly-sur-Seine, mais aussi par Mulhouse et Marseille.
3 juin 2022
https://www.inegalites.fr/Beaux-quartiers-ou-vivent-les-riches-les-plus-riches - Reproduction interditeIl faut zoomer sur l’échelle des quartiers, si l’on veut détecter les territoires les plus favorisés. Certaines zones ultra-favorisées ont été bien décrites, il y a une trentaine d’années, par les sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot [1]. Ils ont montré à la fois l’homogénéité des niveaux de vie qui y règnent, mais aussi les distances sociales qui peuvent exister entre riches eux-mêmes, nouveaux ou anciens. Pour y voir plus clair, le seul instrument dont nous disposons est le niveau de revenu qu’il faut atteindre, dans un quartier donné, pour figurer parmi les 10 % les plus riches [2].
Le quartier dit « Gros caillou 6 » [3] – le nom ne s’invente pas – dans le 7e arrondissement de Paris (entre les Invalides et la tour Eiffel) se situe au sommet du sommet du niveau de vie des riches selon les données 2019 de l’Insee. Le seuil d’entrée parmi les 10 % les plus aisés, après impôts et prestations sociales pour une personne seule, y est de 264 500 euros par an (soit un minimum de 22 000 euros par mois). À l’autre extrémité de l’échelle des quartiers, dans le secteur dit « Haut Vernet 6 » de Perpignan, il « suffit » de 15 400 euros par an pour entrer dans les 10 % les plus riches. Dans ce quartier, la part de la population qui vit sous le seuil de pauvreté frôle les 75 % [4].
Paris et sa région arrivant très loin devant en matière de revenus, nous avons choisi de créer trois classements différents selon que les quartiers où vivent les riches se trouvent à Paris, en Île-de-France ou en province. Nous avons ainsi établi le « top 20 » des quartiers aisés pour chacun de ces territoires.
Paris en tête
Parmi les vingt premiers quartiers parisiens où résident les Français les plus riches, dix sont situés dans le 7e arrondissement. Le seuil d’entrée dans les 10 % les plus riches se situe dans une fourchette qui varie de 159 000 euros par an dans le quartier « École Militaire 5 » à près de 265 000 euros dans celui de « Gros Caillou 6 ». Ce dernier quartier est suivi par celui de « Europe 10 » dans le 8e arrondissement, avec des revenus minimums de 221 000 euros par an pour les plus aisés.
Ces quartiers constituent le cœur de la richesse économique de notre pays. En matière de logements, les prix astronomiques du mètre carré empêchent toute population ne figurant pas au sommet des revenus de s’y établir. Il y règne un entre-soi très net. Le contraste est énorme avec les arrondissements parisiens populaires : il suffit de faire quelques kilomètres vers le nord-est de Paris pour entrer dans des quartiers où 40 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté [5].
Les 20 quartiers de Paris où vivent les plus riches | |||
---|---|---|---|
Quartier | Commune | Niveau de vie annuel minimum des 10 % les plus riches en euros | |
Gros Caillou 6 | Paris 7e arrondissement | 264 490 | |
Europe 10 | Paris 8e arrondissement | 221 200 | |
Gros Caillou 7 | Paris 7e arrondissement | 212 940 | |
Gros Caillou 11 | Paris 7e arrondissement | 208 700 | |
Muette 8 | Paris 16e arrondissement | 188 060 | |
Muette 10 | Paris 16e arrondissement | 185 520 | |
Invalides 4 | Paris 7e arrondissement | 184 440 | |
Saint-Thomas d´Aquin 5 | Paris 7e arrondissement | 183 280 | |
Odéon 1 | Paris 6e arrondissement | 176 650 | |
Invalides 1 | Paris 7e arrondissement | 175 440 | |
Saint-Thomas d´Aquin 4 | Paris 7e arrondissement | 173 490 | |
Europe 3 | Paris 8e arrondissement | 173 360 | |
Muette 7 | Paris 16e arrondissement | 172 100 | |
Saint-Thomas d´Aquin 1 | Paris 7e arrondissement | 168 640 | |
Plaine Monceau 3 | Paris 17e arrondissement | 168 530 | |
Invalides 2 | Paris 7e arrondissement | 165 760 | |
Muette 21 | Paris 16e arrondissement | 165 560 | |
Porte Dauphine 7 | Paris 16e arrondissement | 165 400 | |
Ecole militaire 5 | Paris 7e arrondissement | 158 910 | |
Porte Dauphine 3 | Paris 16e arrondissement | 157 800 |
Source : Insee – Données 2019
Neuilly-sur-Seine l’hyper-riche
En Île-de-France (hors Paris), les habitants aux revenus les plus élevés se concentrent dans le département des Hauts-de-Seine, et presque uniquement à Neuilly-sur-Seine. Dix-huit quartiers de cette ville figurent parmi notre classement des vingt quartiers de la région parisienne où vivent les plus aisés. Les plus riches d’entre eux vivent dans le quartier « Parc de Neuilly 3 » (avec au minimum 193 000 euros par an, soit au moins 16 000 euros par mois).
Un quartier de Boulogne-Billancourt et un de Rueil-Malmaison, toujours dans les Hauts- de-Seine, figurent aussi dans notre classement. Les plus riches y gagnent au minimum entre 118 000 et 126 000 euros par an, soit environ 70 000 euros de moins que dans le quartier le plus riche de Neuilly-sur-Seine. L’aspect de ces quartiers est parfois assez différent des quartiers bourgeois parisiens. On entre dans des banlieues cossues, faites d’immeubles résidentiels aux surfaces encore plus grandes que celles qui existent dans Paris, et assorties de parcs et de villas.
Les 20 quartiers d’Île-de-France (hors Paris) où vivent les plus riches Unité : euros | |||
---|---|---|---|
Quartier | Commune | Niveau de vie annuel minimum des 10 % les plus riches en euros | |
Parc de Neuilly 3 | Neuilly-sur-Seine (92) | 192 890 | |
Saint-James | Neuilly-sur-Seine (92) | 177 930 | |
Saint-James Madrid 3 | Neuilly-sur-Seine (92) | 152 350 | |
Parc de Neuilly 8 | Neuilly-sur-Seine (92) | 143 360 | |
Charles Laffitte 1 | Neuilly-sur-Seine (92) | 142 970 | |
Parc de Neuilly 9 | Neuilly-sur-Seine (92) | 139 440 | |
Parc de Neuilly 10 | Neuilly-sur-Seine (92) | 138 170 | |
Charles Laffitte 2 | Neuilly-sur-Seine (92) | 136 560 | |
Plaine des Sablons 7 | Neuilly-sur-Seine (92) | 126 590 | |
Parc de Neuilly 7 | Neuilly-sur-Seine (92) | 126 330 | |
Les Princes Marmottan 2 | Boulogne-Billancourt (92) | 125 650 | |
Parc de Neuilly 6 | Neuilly-sur-Seine (92) | 123 130 | |
Saint-James Madrid 1 | Neuilly-sur-Seine (92) | 120 450 | |
Plaine des Sablons 5 | Neuilly-sur-Seine (92) | 119 960 | |
Pinces Vins | Rueil-Malmaison (92) | 118 510 | |
Parc de Neuilly 11 | Neuilly-sur-Seine (92) | 117 750 | |
Saint-James Madrid 2 | Neuilly-sur-Seine (92) | 116 400 | |
Plaine des Sablons 3 | Neuilly-sur-Seine (92) | 115 070 | |
Plaine des Sablons 2 | Neuilly-sur-Seine (92) | 114 650 | |
Parc de Neuilly 4 | Neuilly-sur-Seine (92) | 113 160 |
Source : Insee – Données 2019
Les beaux quartiers de province
Dès que l’on observe la province, les résultats sont plus diversifiés. Avec 10 % de ses habitants situés au-dessus de 108 000 euros de revenus annuels (9 000 euros par mois), le quartier provincial le plus riche est celui de « Beaumont 1 » à Croix (Nord), commune qui pourrait être considérée comme un quartier de Roubaix. Un niveau de richesse pas si loin de celui du quartier « Parc de Neuilly 4 » à Neuilly-sur-Seine, mais toutefois bien en dessous de celui des quartiers les plus riches de Paris.
Un quartier du 7e arrondissement de Marseille, « Estrangin », arrive en deuxième position de notre classement, avec des revenus minimums de 107 000 euros par an. Un autre quartier dans le 8e arrondissement de Marseille (Cadenelle) se classe en troisième position avec des revenus annuels minimums de 103 000 euros pour les 10 % les plus riches.
Le quartier « Les Boucles Périer », également de Marseille, mais dans le 8e arrondissement, ferme la marche, avec au moins 7 000 euros par mois pour les 10 % les plus riches de ses habitants. Ces quartiers sont parfois très proches d’autres où règne la plus grande pauvreté. Le 7e arrondissement de Marseille, c’est celui de Notre-Dame-de-la-Garde, au sud du Vieux-Port. Il se situe à quelques centaines de mètres des quartiers les plus pauvres de France dont des immeubles s’écroulent, faute d’entretien depuis des décennies.
Trois quartiers de Lyon (situés dans les 2e et 6e arrondissements), d’autres situés à Strasbourg, ou encore à Toulouse par exemple, figurent aussi dans ce « top 20 ». Les 10 % les plus aisés y touchent au minimum entre 84 000 et 97 000 euros par an. La bourgeoisie économique de province est globalement moins riche que celle de Paris et de sa proche région, mais elle sait aussi se mettre à l’abri dans ses espaces réservés.
Les 20 quartiers de province où vivent les plus riches | |||
---|---|---|---|
Quartier | Commune | Niveau de vie annuel minimum des 10 % les plus riches en euros | |
Beaumont 1 | Croix (59) | 108 250 | |
Estrangin | Marseille 7e arrondissement (13) | 106 900 | |
Cadenelle | Marseille 8e arrondissement (13) | 102 790 | |
Roches-Prophète | Marseille 7e arrondissement (13) | 101 190 | |
Orangerie Est | Strasbourg (67) | 97 010 | |
Rebberg Sud Est | Mulhouse (68) | 97 000 | |
Brigode | Villeneuve d“Ascq (59) | 96 020 | |
Les Belges | Lyon 6e arrondissement (69) | 94 320 | |
Saint-André-Les Bulins | Mont-Saint-Aignan (76) | 89 850 | |
Maréchal Lyautey | Lyon 6e arrondissement (69) | 87 270 | |
Bellecour-Antonin Gourjus | Lyon 2e arrondissement (69) | 86 450 | |
Croix Baragnon | Toulouse (31) | 86 270 | |
Haut Meylan | Meylan (38) | 86 180 | |
Nord | Saint-Julien-en-Genevois (74) | 85 690 | |
Rebberg Nord | Mulhouse (68) | 85 240 | |
Vassieux | Caluire-et-Cuire (69) | 85 080 | |
Contades Centre | Strasbourg (67) | 84 410 | |
Ozenne | Toulouse (31) | 84 210 | |
Croisé Laroche | Marc-en-Baroeul (59) | 83 990 | |
Les Boucles Périer | Marseille 8e arrondissement (13) | 83 690 |
Source : Insee – Données 2019
Photo / CC BY-SA Celette
[1] Dans les beaux quartiers, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Seuil, 1989.
[2] Il aurait été intéressant de mesurer la part et le nombre de personnes se situant au-dessus de notre seuil de richesse, soit le double du niveau de vie médian (3 673 euros en 2019), mais les données de l’Insee ne le permettent pas.
[3] Nous avons repris la dénomination des quartiers selon l’appellation de l’Insee. Il s’agit d’ensembles d’environ 2 000 habitants, appelés les « îlots regroupés pour l’information statistique (Iris) ».
[4] Au seuil de pauvreté fixé à 60 % du revenu médian.
[5] Au seuil de pauvreté fixé à 60 % du revenu médian.
© Tous droits réservés - Observatoire des inégalités - (voir les modalités des droits de reproduction)