39 % des jeunes travailleurs non diplômés en emploi précaire
Cinq ans après leur entrée dans la vie active, 12 % des diplômés du supérieur occupent un emploi précaire, contre 39 % de ceux qui n’ont aucun diplôme. La sécurité de l’emploi des jeunes travailleurs dépend fortement de leur qualification.
4 décembre 2019
https://www.inegalites.fr/39-des-jeunes-travailleurs-non-diplomes-en-emploi-precaire - Reproduction interditeQuel est le statut d’emploi des jeunes une fois qu’ils sont sur le marché du travail ? Pour le mesurer, l’Insee étudie la situation de ceux qui sont sortis de l’école depuis plus de cinq ans et moins de dix. Pas les toutes premières années d’insertion, mais disons, le début de carrière.
Si l’on considère cet indicateur, 12 % des jeunes travailleurs diplômés du supérieur occupent un emploi précaire [1], contre 39 % de ceux qui n’ont aucun diplôme (données Insee 2018). La précarité de l’emploi ne frappe pas tout le monde de la même façon. Elle porte sur une partie de la population souvent jeune [2] et surtout, peu qualifiée.
Toutes les catégories de niveau de diplôme ont subi une hausse de l’emploi précaire au cours des trente dernières années. Globalement, la part des jeunes concernés a été multiplié par trois, de 6 % à 18 %. La progression s’est faite dans un premier temps entre le début des années 1980 et la fin des années 1990. Le début des années 2000 a été marqué par une stabilisation, et même une baisse assez nette pour les moins diplômés. La précarité a progressé à nouveau par la suite, notamment sous l’effet de la crise financière à partir de 2008.
Le choc est loin d’avoir été le même pour tout le monde. Le taux a explosé de 5 % à 39 % entre 1983 et 2018 pour les non-diplômés, une multiplication par huit. Il a augmenté de 4 % à 12 % (une multiplication par trois) pour les diplômés du supérieur. Il n’existe pas « une » jeunesse mais « des » jeunesses dans le monde du travail. Et encore, ces données ne distinguent pas les types d’emplois temporaires : ceux occupés par des diplômés n’ont souvent rien à voir, en termes de rémunération et de conditions d’emploi, avec ceux des non-diplômés. Les diplômés de filières généralistes de l’université connaissent des difficultés d’insertion professionnelle, mais elles sont sans rapport avec ceux qui n’ont pas de titre scolaire.
Statut de l'emploi des jeunes travailleurs selon leur niveau de diplôme Unité : % | ||||
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Sans diplôme ou brevet | CAP, BEP, Bac | Diplôme du supérieur | Ensemble | |
Non-salariés | 4,9 | 5,6 | 10,8 | 8,4 |
Salariés | 95,1 | 94,4 | 89,2 | 91,6 |
- dont CDD et intérim | 38,9 | 23,7 | 11,8 | 18,0 |
Ensemble | 100 | 100 | 100 | 100 |
Source : Insee - Données 2018 - © Observatoire des inégalités
Source : Insee - © Observatoire des inégalités
La précarité du travail fragilise les horizons de vie. Elle pèse très concrètement dans un grand nombre de domaines : logement, loisirs, sorties, vacances, vie de famille, etc. Bien sûr, la situation des jeunes peu diplômés s’améliore au fil du temps : ils finissent dans la grande majorité des cas par trouver un contrat à durée indéterminée. La part de précaires se réduit de 39 % à 13 % si l’on considère les personnes sorties depuis plus de onze années de l’école. Pour autant, ces jeunes auront été marqués par une période longue faite d’incertitude et de très faibles revenus, alors que les diplômés profitent bien davantage de leur vie de jeunes adultes. On comprend que les premiers en retirent une forme de ressentiment.
Photo / © manipulateur - Fotolia.com
[1] Intérim, CDD ou apprentissage.
[2] Lire notre article « L’évolution de la précarité de l’emploi selon l’âge ».
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