Tabac : un marqueur social
Les plus aisés et les plus diplômés fument de moins en moins depuis 20 ans. Mais le taux de fumeurs quotidiens ne baisse pas chez les plus modestes, les chômeurs et les moins diplômés. Les écarts entre catégories sociales se sont creusés.
Publié le 23 septembre 2025
https://www.inegalites.fr/Tabac-un-marqueur-social - Reproduction interdite23,1 % des adultes (18-75 ans) fument tous les jours selon Santé publique France (données 2023) [1]. Cette proportion a diminué depuis 2000, quand le taux de fumeurs quotidiens (au moins une cigarette par jour) s’établissait à 30 %. Mais la baisse n’est pas uniforme dans la population et les écarts entre catégories favorisées et défavorisées s’accroissent.
Les non-diplômés ou ceux possédant un diplôme inférieur au baccalauréat sont près de deux fois plus nombreux à déclarer fumer quotidiennement que les diplômés de l’enseignement supérieur : 28,9 % contre 16,6 % en 2023. Entre 2000 et 2023, le taux de fumeurs parmi les non-diplômés n’a même pas baissé d’un point alors qu’il a diminué de onze points pour les plus diplômés.
Source : Santé publique France – © Observatoire des inégalités
De même, si l’on considère les revenus, la baisse du tabagisme est considérable au sein de la population la plus aisée depuis le début des années 2000. Un recul de onze points de fumeurs quotidiens (de 28,3 % en 2000 à 17,3 % en 2023). À l’autre bout de l’échelle, près de 30 % des personnes aux revenus les plus modestes déclarent fumer tous les jours. Cette proportion n’a guère baissé en 20 ans (- 2,5 points).
Source : Santé publique France – © Observatoire des inégalités
Selon la situation professionnelle, les écarts sont importants aussi. Si 25,2 % de ceux qui travaillent fument en 2023, c’est le cas de 35,8 % des chômeurs, soit près de onze points de plus. Depuis 2000, le pourcentage de fumeurs quotidiens a baissé de cinq points chez les chômeurs. Mais la diminution est plus nette pour les personnes en emploi (- 9 points), et encore plus chez les étudiants (- 23 points).
Source : Santé publique France – © Observatoire des inégalités
Cette fracture sociale face au tabac se combine en partie avec le sexe, qui détermine également les habitudes en matière de tabagisme. 25,4 % des hommes fument, contre 20,9 % de femmes. La pratique tend cependant à s’égaliser entre les sexes. En 2000, l’écart entre hommes et femmes était de 7,3 points (33,7 % des hommes fumaient quotidiennement contre 26,4 % des femmes), tandis qu’il n’est plus que de 4,5 points en 2023.
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Le fait de fumer dépend pour partie de facteurs individuels, mais aussi de déterminants sociaux. Ces écarts reflètent des différences de modes de vie, de rapport au corps et à la santé selon les milieux. Ils dépendent de nombreux éléments, qui vont du rôle de l’éducation à celui de la famille, des collègues ou des amis, en passant par les habitudes de vie prises parfois dès la jeunesse. Fumer est aussi une manière de gérer le stress, dont il est encore plus difficile de se défaire quand on est au chômage ou en difficulté financière. Avec son lot d’effets néfastes sur l’organisme, le tabagisme accentue les inégalités de santé entre les catégories sociales.
Et la cigarette électronique ? |
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Ces données passent sous silence la progression du vapotage quotidien, qui a doublé depuis 2014. 3 % des 18-75 ans déclaraient vapoter en 2014. Ils sont 6 % en 2023. Il n’est pas possible d’additionner la part de fumeurs avec celle des vapoteurs, car certaines personnes pratiquent les deux et seraient comptées deux fois. |
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[1] « Prévalence du tabagisme en France hexagonale en 2023 parmi les 18-75 ans », Le point sur, Santé publique France, novembre 2024.
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