En France, les mères défavorisées ont plus de risque de perdre leur bébé
4,1 bébés sur 1 000 meurent avant leur premier anniversaire en France, contre 3,3 en moyenne dans l’Union européenne. Les mères de catégories populaires, celles qui résident dans les DOM ou qui sont nées en Afrique sont bien davantage concernées par la mort prématurée de leur enfant.
Publié le 17 septembre 2025
https://www.inegalites.fr/mortalite-infantile-france - Reproduction interditeLe taux de mortalité infantile, c’est-à-dire le rapport entre le nombre d’enfants décédés avant leur un an et celui d’enfants nés vivants, s’établit en 2024 à 4,1 pour 1 000 (4,1 ‰) selon l’Insee [1]. Le risque de décès d’un bébé avant qu’il n’atteigne son premier anniversaire est plus élevé chez les mères très jeunes. De 2004 à 2022, 11,7 ‰ des enfants dont la mère était âgée de 16 ans sont décédés avant l’âge d’un an. Un moins bon suivi de la grossesse peut expliquer en partie ce triste constat, comme le suggère l’Insee. Une situation qui concerne également les mères les plus âgées (11,3 ‰ pour celles âgées de 47 ans) qui sont, elles, davantage concernées par des complications en cours de grossesse ou des maladies antérieures pouvant causer une naissance prématurée ou avoir des effets sur la santé de leur bébé.
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Plus de risques pour les mères défavorisées
La catégorie sociale de la mère fait aussi apparaître des écarts. Parmi les mères actives sur le marché du travail, celles qui exercent des métiers d’employées connaissent le taux de mortalité de leur bébé avant son premier anniversaire le plus élevé : 3,6 décès pour 1 000 enfants nés vivants en moyenne sur la période de 2004 à 2022, soit près de deux fois plus que les mères cadres (2,2 ‰). Les ouvrières viennent tout de suite après avec un taux de 3,5 ‰. Les mères des catégories populaires présentent un risque augmenté parce qu’elles sont en moins bonne santé que les mères cadres. Des conditions de travail pénibles, le tabagisme, l’alcool, l’obésité, le moindre recours à la prévention et aux soins peuvent expliquer les décès prématurés plus fréquents de leurs bébés. Le taux de mortalité infantile est encore plus important chez les mères inactives : il atteint 5,1 ‰.
Les jeunes mères vivant en outre-mer ou nées en Afrique sont particulièrement concernées. Le taux de mortalité infantile est ainsi 2,3 plus élevé dans les départements d’outre-mer (8 ‰) qu’en France métropolitaine (3,5 ‰). Il atteint même 9,7 décès pour 1 000 bébés en Guyane et 9,2 ‰ à Mayotte. Il s’établit aussi à 7,5 ‰ pour les mères nées en Afrique (hors Maghreb), soit deux fois plus que pour les mères nées en France. Une plus grande précarité, de mauvaises conditions de vie, ainsi que des difficultés d’accès au système médical pour une partie d’entre elles, affectent leur santé et le suivi de leur grossesse, avec des conséquences parfois dramatiques pour leur nouveau-né.
Mortalité infantile selon la catégorie sociale Unité : ‰ | |
---|---|
Taux | |
Cadre | 2,2 |
Profession intermédiaire | 2,8 |
Artisane, agricultrice | 2,9 |
Employée | 3,6 |
Ouvrière | 3,5 |
Inactive ou non-réponse | 5,1 |
Ensemble | 3,7 |
Source : Insee – Moyennes sur la période 2004 à 2022 – © Observatoire des inégalités
Un taux de mortalité infantile en augmentation
Le taux de mortalité infantile était deux fois plus élevé en 1985 (8,3 décès pour 1 000 enfants nés vivants). Grâce notamment aux campagnes de prévention destinées à diminuer les cas de mort subite du nourrisson, la mortalité infantile a fortement diminué jusqu’en 2011 pour se situer à 3,5 décès pour 1 000 naissances. Une baisse qui a été marquante surtout entre 1993 et 1995 (passant de 6,5 ‰ à 4,9 ‰).
Mais le taux de mortalité infantile est aujourd’hui en légère augmentation quand on se réfère à l’année 2011. Il est même supérieur à celui constaté dans l’Union européenne (3,3 ‰), où ce taux continue à diminuer. Cette comparaison doit être considérée avec précaution car les déclarations de décès infantiles ne suivent pas les mêmes règles dans tous les pays d’Europe. Néanmoins, comme le souligne la Cour des comptes [2], la France est l’un des seuls pays européens où le taux de mortalité infantile n’a pas baissé depuis 2000.
Source : Insee – © Observatoire des inégalités
Photo / @nappystudio, Unsplash
[1] « Un enfant sur 250 meurt avant l’âge d’un an en France », Insee Première n° 2048, Insee, avril 2025.
[2] « La politique de périnatalité. Des résultats sanitaires médiocres, une mobilisation à amplifier », rapport de la Cour des comptes, mai 2024.
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