Directeur d’hôpital, pilote, avocat : combien gagnent les professions les mieux payées ? L’Observatoire des inégalités présente son palmarès des métiers aux plus hautes rémunérations, du secteur privé ou du public, pour les salariés ou les indépendants.
Quel est le palmarès des métiers qui paient le mieux ? Il n’est pas simple de répondre à cette question, car les données sont rares et éparpillées. Il faut s’intéresser successivement aux salariés du privé, aux fonctionnaires et aux professions indépendantes, pour dresser le portrait des professionnels les mieux rémunérés.
D’emblée, allumons un – gros – clignotant, pour plusieurs raisons. N’allez pas chercher des chiffres détaillés et récents, ils ne sont pas publiés. Pour le secteur privé, on doit donc se contenter de données partielles, qui datent de 2012... Elles ont été calculées par le ministère du Travail dans un document publié en 2015 [1]. Ensuite et surtout, les données pour le privé, le public et les indépendants ne reposent ni sur les mêmes bases, ni sur les mêmes années. Pour le privé et les non-salariés, nous avons retenu, faute de mieux, les rémunérations des 10 % les mieux payés au sein de catégories professionnelles parfois assez larges, ce qui peut conduire à laisser dans l’ombre des métiers qu’une nomenclature plus précise pourrait mettre en lumière. Pour le public, nous utilisons les salaires moyens des postes du haut de la hiérarchie. Bref : ces données sont des ordres de grandeur pour comprendre combien on peut gagner au travail quand on est en haut de l’échelle. Évidemment, il y a toujours plus haut : en utilisant le seuil d’entrée dans les 10 % les mieux rémunérés d’un métier, on n’observe pas ici les revenus du sommet du sommet, qui peuvent être bien supérieurs.
Tout en haut de l’échelle des salaires, on trouve les « cadres des transports, de la logistique et les navigants de l’aviation » (catégorie qui comprend notamment les pilotes de ligne, qui tirent les salaires vers le haut), pour qui les 10 % les mieux payés touchent au moins 7 000 euros net mensuels. Ils sont suivis par les médecins salariés (la majorité des médecins exercent en libéral, ne l’oublions pas, et ne sont donc pas salariés) avec un salaire d’au moins 6 400 euros, et par les cadres de la banque et des assurances (plus de 6 000 euros). Viennent ensuite les autres cadres d’entreprise, les chercheurs, les cadres supérieurs de la communication et de l’information, puis les ingénieurs de l’informatique. Tous les jeunes ingénieurs de l’informatique sont cependant loin de toucher 5 000 euros par mois.
Les 10 professions du privé où les salaires sont les plus élevés Unité : euros | |
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Salaire net minimum des 10 % les mieux payés | |
Cadres des transports, logistique et navigants de l'aviation | 6 958 |
Médecins et assimilés | 6 408 |
Cadres banque et assurances | 6 089 |
Ingénieurs et cadres techniques industrie | 5 924 |
Cadres des services admin., comptables et financiers | 5 855 |
Cadres commerciaux et technico-commerciaux | 5 736 |
Personnels d'études et recherche | 5 461 |
Professions communication et information | 5 073 |
Cadres du BTP | 4 977 |
Ingénieurs de l'informatique | 4 739 |
Une partie des employés de la fonction publique, fonctionnaires ou contractuels, gagnent aussi très bien leur vie. On entre dans les 10 % les mieux payés (environ 500 000 salariés) à partir de 3 260 euros net mensuels et dans le 1 % le mieux rémunéré (50 000 salariés) à partir de 6 410 euros [2]. Environ 5 % des agents de la fonction publique touchent plus de 4 000 euros par mois, le double du salaire médian de la fonction publique. Une grande partie de ces hauts salaires est constituée de médecins et de directeurs d’hôpitaux : ils représentent plus de la moitié du 1 % supérieur dans le public, alors que la fonction publique hospitalière représente 22 % des effectifs du secteur public.
Les emplois de direction à l’étranger (postes en ambassade, consulat, etc.) de la fonction publique d’État sont les mieux rémunérés avec en moyenne un salaire de 13 800 euros net par mois. Toujours dans la fonction publique d’État, viennent ensuite les postes d’encadrement supérieur dits « à la décision du gouvernement » (préfets, ambassadeurs, PDG des entreprises publiques, etc.) avec 10 500 euros mensuels en moyenne, puis les administrateurs généraux des finances publiques (comme le trésorier-payeur général) qui touchent 8 300 euros. Attention : il s’agit ici de petits effectifs. En moyenne, le personnel d’encadrement supérieur de l’État touche environ 6 600 euros net mensuels, tous âges confondus.
Il est presque impossible de savoir qui sont les mieux payés parmi les professions indépendantes – plus de trois millions de personnes, soit environ 10 % de ceux qui ont un emploi. Pour cette catégorie, l’Insee ne diffuse pas de données par profession, mais par secteur d’activité. Or, dans un même secteur, on peut avoir des métiers très différents et des rémunérations très hétéroclites. Nous avons trié les non-salariés en fonction du niveau de vie des plus riches d’entre eux en termes de revenu d’activité mensuel. Cela fait apparaître les plus riches mais masque aussi les inégalités de revenus qui existent dans chaque secteur d’activité.
Les avocats et les experts-comptables se trouvent de la hiérarchie : les 10 % les mieux rémunérés ont des revenus nets par mois de plus de 19 000 euros. Ils sont suivis par les médecins et les dentistes libéraux, avec au moins 17 700 euros par mois, les commerces pharmaceutiques et les activités d’assurances et de la finance, avec plus de 13 400 euros. On trouve ensuite les vétérinaires, les non-salariés du conseil en gestion, du commerce de gros, ou encore les architectes [3].
Les 10 professions non-salariées les plus rémunératrices Unité : euros mensuels | |
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Remenu d'activité minimum des 10 % les mieux rémunérés | |
Activités juridiques et comptables | 18 940 |
Médecins et dentistes | 17 740 |
Commerce pharmaceutique | 13 430 |
Activités financières et d'assurance | 13 410 |
Vétérinaires | 10 350 |
Conseil de gestion | 9 420 |
Commerce de gros | 8 270 |
Architecture, ingénierie | 8 110 |
Activités immobilières | 7 930 |
Information et communication | 7 800 |
Ensemble des non-salariés | 8 330 |
Les plus riches des non-salariés le sont encore plus que les mieux payés des salariés. Si on met de côté les revenus financiers, c’est là que se trouve la plus grande richesse. Attention tout de même, car le concept utilisé ici est le « revenu d’activité ». Ce dernier est ce qui s’approche le plus du salaire net mais il ne comprend pas le même niveau de cotisations sociales et donne moins de droits en contrepartie (la retraite par exemple). Inversement, les non-salariés peuvent déduire de leurs revenus certaines charges professionnelles (transports, repas, etc.), ce qui améliore leur train de vie. Les éventuels dividendes [4] (que les indépendants peuvent toucher s’ils possèdent une société) ne sont pas pris en compte dans ce revenu d’activité. Certains se constituent aussi un capital (par exemple un fonds de commerce) qu’ils pourront revendre quand ils cesseront leur activité. En contrepartie, ces non-salariés ont des revenus plus fluctuants que les autres professions.
Enfin, il ne faut pas oublier qu’en haut de la hiérarchie, les écarts entre femmes et hommes sont considérables. Le seuil du 1 % des femmes les mieux payées est de 6 300 euros mensuels contre 9 500 euros chez les hommes dans le secteur privé. Dans le public, les femmes ne représentent qu’un tiers du 1 % le mieux payé alors qu’elles occupent les deux tiers des emplois.
Photo / © National Cancer Institute
[1] Voir « Ségrégation professionnelle et écarts de salaires femmes-hommes », Dares analyses, ministère du Travail, novembre 2015.
[2] « Les hautes rémunérations dans la fonction publique », Insee Première n° 1738, Insee, février 2019.
[3] Attention : uniquement quand ils ne sont pas salariés. Par exemple, l’architecte salarié d’un cabinet n’est pas pris en compte dans ces données.
[4] Le dividende est la partie du profit annuel de l’entreprise qui est distribuée à celui qui en est l’actionnaire.