Les sorties culturelles (cinéma, musée, théâtre, bibliothèque, etc.) se sont diffusées dans la population au cours des quarante dernières années [1], notamment parce que l’élévation du niveau de diplôme et des niveaux de vie est allée de pair avec une croissance et la mise en valeur de l’offre culturelle. Pourtant, les écarts entre catégories sociales restent nets. 58 % des cadres ont visité un musée ou une exposition dans l’année par exemple, contre 31 % des ouvriers, selon les données 2024 du ministère de la Culture [2]. Les écarts sont similaires pour les sorties au concert et dans une médiathèque. Les inégalités sont plus grandes, en revanche, quand il s’agit de théâtre. 42 % des cadres déclarent avoir assisté à une représentation dans les douze derniers mois, contre 14 % des ouvriers, soit trois fois moins.

L’impact du revenu

Le niveau de vie joue. 68 % des hauts revenus déclarent ainsi être allés au cinéma au cours des douze derniers mois contre 47 % des bas revenus. L’écart est encore plus marqué en ce qui concerne les spectacles vivants : trois fois plus de hauts revenus (38 %) que de personnes modestes (14 %) indiquent avoir assisté à une pièce de théâtre dans les douze derniers mois. Près de deux fois moins de bas revenus que de hauts revenus sont allés à au moins un concert dans l’année.

En revanche, alors que l’accès à une bibliothèque ou à une médiathèque dans l’année diffère fortement entre catégories sociales, le niveau de revenus semble moins être un indicateur qui conditionne cette pratique culturelle, grâce à la quasi-gratuité d’accès à ces structures. 32 % des bas revenus et 39 % des plus aisés indiquent s’y rendre.

Plusieurs facteurs se mêlent pour expliquer l’influence du milieu social dans les pratiques culturelles. Le coût des sorties est un frein pour les plus modestes. C’est aussi une question d’habitude prise ou non depuis l’enfance. Être entré dans les lieux culturels, avec ses parents et l’école, les rend moins intimidants et donne des clés de compréhension des œuvres. Encore ne faut-il pas y voir une mécanique implacable : l’élévation du niveau d’éducation joue dans le sens de la démocratisation des pratiques culturelles.

Photo / Robert Katzki sur Unsplash

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