Les communes les plus touchées par la pauvreté
Grigny, Aubervilliers, Clichy-sous-Bois, etc. : neuf des vingt communes où le taux de pauvreté est le plus élevé se situent en banlieue parisienne. Et les cinq premières villes de notre classement se situent à La Réunion, avec des taux avoisinant les 50 %. État des lieux de la pauvreté dans les communes de plus de 20 000 habitants.
24 janvier 2021
https://www.inegalites.fr/Les-communes-les-plus-touchees-par-la-pauvrete-2086 - Reproduction interditeParmi les villes qui comptent plus de 20 000 habitants [1], cinq communes de La Réunion arrivent en tête de notre classement des vingt villes où le taux de pauvreté [2] est le plus élevé. Le Port, Saint-Benoît, Saint-Louis, Saint-André et Saint-Joseph affichent ainsi des taux de 46 % et 47 % selon les données 2017 de l’Insee [3]. Des niveaux de pauvreté trois fois plus élevés que la moyenne nationale (14 % en 2017). Au total, neuf communes réunionnaises font partie de notre classement.
Des communes d’Île-de-France (Grigny dans l’Essonne, Aubervilliers en Seine-Saint-Denis) arrivent ensuite, avec des taux de pauvreté respectifs de 45 % et 44 %. Cette région compte neuf villes dans notre classement des communes où la pauvreté est fortement présente.
Roubaix, avec un taux de 43 %, complète le haut de ce classement. Un niveau de pauvreté qui s’explique en partie par le déclin industriel de ce territoire, avec pour conséquences une forte augmentation du chômage et la paupérisation d’une partie de sa population déjà modeste.
À l’autre bout de l’échelle, parmi les vingt communes où le taux de pauvreté est le plus faible, Gif-sur-Yvette (Essonne) et Le Chesnay (Yvelines) sont les deux communes qui ferment notre classement avec un taux de 5 %. Au total, dans ces vingt communes, le taux de pauvreté est inférieur ou égal à 7 %. Douze villes d’Île-de-France affichent aussi un faible niveau de pauvreté. La coexistence dans cette région de villes très pauvres, et d’autres épargnées, illustre l’ampleur des écarts qui y règnent. Dans un même département, deux villes proches peuvent afficher des taux de pauvreté qui vont de un à dix.
Des communes de banlieues de grandes villes comme Vertou (banlieue nantaise), Sainte-Foy-lès-Lyon (banlieue lyonnaise) figurent également parmi les villes où le taux de pauvreté est le plus bas. Ces villes sont à la fois proches des lieux où les emplois de cadres supérieurs sont les plus nombreux et elles proposent souvent une part très faible de logements sociaux : elles ont repoussé vers les autres communes limitrophes l’accueil des populations les plus pauvres.
La lecture de ces données sur la pauvreté par commune doit être faite avec précaution. D’abord, concernant la méthode. Le seuil de pauvreté utilisé ici est fixé à 60 % du niveau de vie médian, environ 1 000 euros par mois pour une personne seule, ou 2 600 euros pour un couple avec deux adolescents. Ce seuil rassemble donc des populations qui vivent dans le plus grand dénuement et des familles modestes dont la situation économique est très différente. Surtout, le découpage administratif joue. Nous mélangeons ici des communes de tailles très différentes, qui vont de dizaines à des centaines de milliers d’habitants. Au sein des communes les plus peuplées, on pourrait, en les redécoupant en sous-ensembles d’au moins 20 000 habitants, trouver localement des taux de pauvreté encore plus élevés.
Enfin, sur le fond, un niveau de pauvreté élevé dans une commune ne veut pas forcément dire déclin. Certaines communes dynamiques en termes d’emploi attirent des populations modestes qui viennent y chercher meilleure fortune. Inversement, certaines communes sinistrées voient leur population baisser.
Les 20 communes où le taux de pauvreté est le plus élevé Unité : % | |
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Taux de pauvreté | |
Le Port (97) | 47 |
Saint-Benoît (97) | 47 |
Saint-Louis (97) | 47 |
Saint-André (97) | 46 |
Saint-Joseph (97) | 46 |
Grigny (91) | 45 |
Aubervilliers (93) | 44 |
Roubaix (59) | 43 |
Clichy-sous-Bois (93) | 43 |
La Courneuve (93) | 41 |
Le Tampon (97) | 40 |
Creil (60) | 38 |
Garges-lès-Gonesse (95) | 38 |
Saint-Leu (97) | 38 |
Saint-Pierre (97) | 38 |
Pierrefitte-sur-Seine (93) | 37 |
Saint-Denis (93) | 37 |
Stains (93) | 37 |
Sainte-Suzanne (97) | 37 |
Bobigny (93) | 36 |
Source : Insee – Données 2017 – © Observatoire des inégalités
Les 20 communes où le taux de pauvreté est le moins élevé Unité : % | |
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Taux de pauvreté | |
Le Chesnay (78) | 5 |
Gif-sur-Yvette (91) | 5 |
Vertou (44) | 6 |
Chatou (78) | 6 |
Maisons-Laffitte (78) | 6 |
Montigny-le-Bretonneux (78) | 6 |
Vélizy-Villacoublay (78) | 6 |
Le Plessis-Robinson (92) | 6 |
Saint-Cloud (92) | 6 |
Allauch (13) | 7 |
Les Pennes-Mirabeau (13) | 7 |
Saint-Médard-en-Jalles (33) | 7 |
Couëron (44) | 7 |
Olivet (45) | 7 |
Sèvremoine (49) | 7 |
Sainte-Foy-lès-Lyon (69) | 7 |
La Celle-Saint-Cloud (78) | 7 |
Houilles (78) | 7 |
Rambouillet (78) | 7 |
Versailles (78) | 7 |
Source : Insee – Données 2017 – © Observatoire des inégalités
Si l’on considère maintenant non plus le taux de pauvreté, mais le nombre de personnes pauvres, les plus grandes villes, comme Paris, Marseille ou Toulouse par exemple, s’affichent logiquement en tête compte tenu de leur population plus importante. Ainsi, c’est dans la capitale que l’on trouve le plus grand nombre de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté (309 000 sur une population de deux millions d’habitants). Marseille, beaucoup moins peuplée que Paris, compte tout de même près de 210 000 pauvres. À elles seules, les 20 communes où le nombre de pauvres est le plus élevé rassemblent 1,4 million de personnes modestes, près de 11 % du nombre de pauvres au niveau national.
Les 20 communes où le nombre de personnes pauvres est le plus élevé | |
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Nombre de pauvres | |
Paris | 309 000 |
Marseille | 210 000 |
Toulouse | 82 000 |
Nice | 74 000 |
Lyon | 69 000 |
Montpellier | 61 000 |
Strasbourg | 61 000 |
Saint-Denis (La Réunion) | 49 000 |
Lille | 48 000 |
Nantes | 44 000 |
Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) | 40 000 |
Nîmes | 39 000 |
Bordeaux | 39 000 |
Saint-Étienne | 38 000 |
Roubaix | 38 000 |
Reims | 37 000 |
Aubervilliers | 35 000 |
Saint-Paul (La Réunion) | 35 000 |
Perpignan | 35 000 |
Saint-Pierre (La Réunion) | 34 000 |
Lecture : Paris est la ville qui compte le plus grand nombre de personnes pauvres (309 000).
Source : Insee – Données 2017 – © Observatoire des inégalités
Des arrondissements où se concentre la pauvreté
Le taux de pauvreté moyen des très grandes villes masque des écarts importants. Certains arrondissements de grandes métropoles, denses en population, concentrent un nombre important de personnes pauvres. Le 3e arrondissement de Marseille, où le taux de pauvreté est le plus élevé (53,4 %) et qui compte près de 25 000 personnes pauvres, est aussi peuplé par exemple que la ville de Bobigny, en Seine-Saint-Denis. Cinq arrondissements de Marseille affichent des taux de pauvreté supérieurs à 40 %. À Paris, le 19e arrondissement est le plus touché, avec près d’un quart de sa population en situation de pauvreté, soit 42 000 personnes.
Grandes villes : les 20 arrondissements les plus pauvres | ||
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Taux de pauvreté en % | Nombre de pauvres | |
Marseille 3e | 53,4 | 25 000 |
Marseille 15e | 43,5 | 32 000 |
Marseille 1er | 41,0 | 14 000 |
Marseille 14e | 40,6 | 23 000 |
Marseille 2e | 40,0 | 9 000 |
Marseille 13e | 27,1 | 24 000 |
Marseille 5e | 23,5 | 9 000 |
Paris 19e | 22,9 | 42 000 |
Marseille 4e | 22,1 | 10 000 |
Marseille 10e | 21,4 | 11 000 |
Paris 18e | 21,2 | 38 000 |
Lyon 8e | 21,0 | 16 000 |
Lyon 9e | 20,7 | 10 000 |
Paris 20e | 20,4 | 39 000 |
Marseille 6e | 19,6 | 7 000 |
Marseille 11e | 18,9 | 11 000 |
Paris 10e | 17,4 | 15 000 |
Paris 13e | 16,0 | 26 000 |
Lyon 7e | 14,9 | 10 000 |
Paris 11e | 14,9 | 21 000 |
Lecture : 53,4 % des habitants du 3e arrondissement de Marseille vivent sous le seuil de pauvreté, soit 25 000 personnes.
Source : Insee – Données 2017 – © Observatoire des inégalités
Photo / La Grande Borne à Grigny, Nioux - domaine public
[1] Il s’agit plus précisément du nombre de personnes dans les ménages fiscaux. Les personnes vivant en collectivité (maison de retraite, prison, etc.) et les sans domicile fixe ne sont pas comptabilisés.
[2] Dans cet article nous utilisons le taux de pauvreté au seuil de 60 % du revenu médian, le seul seuil disponible pour la majorité des communes.
[3] L’Insee ne communique plus la première décimale du taux de pauvreté des communes. En conséquence, il n’est pas possible de départager des communes qui présentent le même taux de pauvreté.
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