La crise a gonflé le patrimoine financier des classes aisées
Pendant l’année 2020, faute de pouvoir dépenser leur argent, la plupart des ménages ont fait des économies. Les plus riches ont beaucoup plus épargné que les plus pauvres. En dix mois, les plus fortunés ont mis de côté au minimum ce qu’un smicard touche en sept mois de travail. Une analyse de Louis Maurin.
2 juin 2021
https://www.inegalites.fr/La-crise-a-gonfle-le-patrimoine-financier-des-classes-aisees - Reproduction interditeÀ partir des données des comptes bancaires d’une partie de la population, l’Insee a calculé de combien avait augmenté le patrimoine financier des ménages entre février et décembre 2020, en fonction du niveau de leur patrimoine de départ. Le patrimoine financier étudié ici comprend les comptes en banque, les livrets d’épargne ou l’épargne financière (comme l’assurance vie), mais pas les placements immobiliers notamment.
Entre février et décembre 2020, le seuil des 10 % des patrimoines financiers les plus hauts [1] (environ 116 000 euros) a grimpé de 8 400 euros et celui des 30 % les plus élevés a progressé de 4 300 euros. En dix mois, les plus fortunés ont mis de côté au minimum ce qu’un smicard touche en sept mois de travail. Au niveau du patrimoine médian (la moitié de la population possède moins, la moitié possède davantage), le gain est quatre fois moins élevé que celui des plus fortunés : 2 000 euros. Pour les 30 % au patrimoine le plus bas, le montant mis de côté tombe à 800 euros, et les 10 % les moins dotés ont réussi à grappiller au maximum 107 euros.
Cette évolution du patrimoine financier durant la crise sanitaire est en partie due au fait que certaines dépenses, de loisirs notamment, n’ont pas pu être réalisées. Ces données reflètent surtout l’accumulation du patrimoine entre les mains d’une petite fraction de la population, au long d’une année, crise ou pas. Plus on s’élève dans la hiérarchie, plus on accumule, ce qui ensuite va renforcer les inégalités de niveau de vie : ce capital va lui-même produire des revenus et se transmettre au fil des générations. On est au cœur de la machine inégalitaire. Ce qui choque, c’est le décalage, dans une période de crise majeure, avec la situation de ceux qui sont en difficulté.
Source : calculs Insee d'après données Crédit mutuel Alliance fédérale
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Ce dossier est extrait de notre Rapport sur les inégalités en France, édition 2021, qui vient de paraitre.
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Rapport sur les inégalités en France, édition 2021, sous la direction d’Anne Brunner et Louis Maurin, Observatoire des inégalités, juin 2021.
176 pages.
ISBN 978-2-9553059-9-7
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Photo / © Konstantin Evdokimov
[1] Qui est aussi le seuil maximum des 90 % au patrimoine financier le plus bas.
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