L’idée selon laquelle la moitié des Français ne paieraient pas d’impôts est largement diffusée, pourtant elle est tout simplement fausse. En France, tout le monde paie des impôts, sur ses revenus et sa consommation. Expliquons pourquoi cette thèse circule.

Le plus important des impôts [1] est payé par les salariés sur leurs revenus : il s’agit des cotisations sociales, qui représentent 460 milliards d’euros par an. Ces dernières expliquent la différence entre le salaire brut et le salaire net, celui que l’on touche sur son compte en banque.

Ensuite, quasiment tous les revenus – sauf retraités les plus pauvres – paient la contribution sociale généralisée (CSG), dont le montant s’élève à 150 milliards d’euros. Cette « contribution », dont le taux est de 9,2 % [2], constitue le socle de l’impôt sur le revenu.

Enfin, tout le monde paie l’impôt quand il fait ses courses, notamment avec la taxe sur la valeur ajoutée (la TVA). Le taux est normalement de 20 %, mais il existe un taux à 10 % (le bois de chauffage par exemple), à 5,5 % (l’alimentation) et à 2,1 % (pour les médicaments par exemple). On ne s’en rend pas compte, à moins de lire en détail le ticket de caisse : c’est l’entreprise à qui l’on paie ses achats qui reverse l’argent de la TVA à l’État. Quand nous faisons le plein d’essence, on verse aussi 60 % d’impôts car une taxe supplémentaire s’applique sur les carburants.

L’impôt sur le revenu représente 90 milliards d’euros, soit seulement 7 % du total des impôts. Il est payé par 45 % des foyers, soit 19 millions (lire notre article). D’où l’idée que la moitié des Français ne paient pas d’impôt. Pour payer l’impôt sur le revenu, il faut que son revenu imposable soit supérieur à 1 600 euros nets par mois environ pour une personne seule. Mais de très nombreuses réductions (comme la prise en compte des enfants à charge) font baisser ce revenu imposable : c’est ce que l’on appelle des niches fiscales.

Récapitulons. Il est faux de dire que la moitié des Français ne paient pas d’impôt, car dans ce cas, il s’agit uniquement de l’impôt sur le revenu. Il suffirait de renommer la contribution sociale généralisée en « impôt de base sur le revenu » pour que chacun comprenne que nous payons tous l’impôt sur le revenu. Regrouper la CSG et l’impôt sur le revenu [3] dans une seule taxe serait la meilleure solution.

Pourquoi la thèse selon laquelle seule la moitié des contribuables sont imposés est-elle si souvent répétée ? Premièrement, parce que l’impôt sur le revenu est le plus sensible, car nous déclarons nous-mêmes nos revenus tous les ans, si bien qu’on peut mesurer facilement le montant de cet impôt. Personne ne sait combien il paie de CSG ou de TVA dans l’année. Deuxièmement, parce qu’une partie des contribuables aisés cherchent à réduire la facture en pointant du doigt les bas revenus qui échapperaient à l’impôt alors qu’eux-mêmes disposent de nombreuses niches fiscales pour réduire la facture.

Image / © Observatoire des inégalités

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