Un travailleur sur dix est pauvre en Europe
Près d’un travailleur sur dix en Europe est pauvre. En Finlande, c’est un travailleur sur 30. En Roumanie, près d’un sur cinq.
25 août 2018
https://www.inegalites.fr/Un-travailleur-sur-dix-est-pauvre-en-Europe - Reproduction interditeUn travailleur de l’Union européenne sur dix est pauvre, selon les données 2015 d’Eurostat [1], au seuil de pauvreté à 60 % du revenu médian de chaque pays. Avec respectivement 3,1 % et 4,7 %, la Finlande et la Belgique sont les pays où la part de travailleurs pauvres est la plus faible. La Roumanie se situe au plus haut, avec 18,9 %, suivie à distance par la Grèce (14,1 %) et l’Espagne (13,1 %). La France se situe sous la moyenne de l’Union européenne avec 7,9 %.
Source : Eurostat – © Observatoire des inégalités
En dix ans, le taux de pauvreté des travailleurs s’est élevé de 1,5 point, de 8,1 % en 2005 à 9,6 % en 2015 au sein de l’Union européenne. Cette évolution moyenne masque des disparités nationales. La proportion de pauvres parmi les personnes en emploi a baissé dans le Nord de l’Europe (Finlande, Irlande, Suède, Norvège), ainsi qu’en Pologne. De nombreux pays ont enregistré une hausse, contenue en France, plus importante en Italie et en Hongrie. L’Allemagne rejoint la moyenne européenne, mais, en dix ans, la part de travailleurs pauvres y a presque doublé de 5,5 % à 9,5 % et dépasse désormais largement la France. Les réformes du marché du travail allemand dans les années 2000 ont eu pour contrepartie le développement d’emplois flexibles, souvent à temps partiel et mal rémunérés [2]. En Espagne, où la pauvreté des personnes en emploi était déjà fréquente, la situation s’est encore aggravée ces dernières années (+ 2,2 points entre 2010 et 2015).
Les travailleurs pauvres en Europe Unité : % | |||
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Taux en 2005 | Taux en 2010 | Taux en 2015 | |
Roumanie | n.d. | 19,1 | 18,9 |
Grèce | 13,8 | 11,9 | 14,1 |
Espagne | 10,1 | 10,9 | 13,1 |
Italie | 9,0 | 11,0 | 11,7 |
Portugal | 11,2 | 10,3 | 10,9 |
Pologne | 12,8 | 11,1 | 10,8 |
Hongrie | 6,8 | 6,2 | 9,6 |
Union européenne | 8,1 | 8,8 | 9,6 |
Allemagne | 5,5 | 7,7 | 9,5 |
Royaume-Uni | 7,8 | 7,9 | 8,6 |
Autriche | 6,4 | 7,6 | 8,3 |
France | 6,0 | 7,6 | 7,9 |
Suède | 7,4 | 7,5 | 6,7 |
Norvège | 6,1 | 5,6 | 6,7 |
Pays-Bas | 4,4 | 5,4 | 5,6 |
Danemark | 4,5 | 6,3 | 5,3 |
Irlande | 6,2 | 5,6 | 4,8 |
Belgique | 4,1 | 4,2 | 4,7 |
Finlande | 4,5 | 3,9 | 3,1 |
Source : Eurostat – © Observatoire des inégalités
Précarité et flexibilité du travail : des facteurs de pauvreté qui s’aggravent
Le développement de l’emploi précaire explique en grande partie l’augmentation de la proportion de travailleurs pauvres. Les salariés en emploi temporaire sont 3 fois plus souvent pauvres (16,3 % en Europe en 2015 selon Eurostat) que ceux qui ont un contrat à durée indéterminée (5,8 %). Le taux de pauvreté des travailleurs en contrat précaire a augmenté de 4,6 points en dix ans, contre + 1,4 point pour les plus stables.
Taux de travailleurs pauvres en Europe selon le type de contrat | ||||
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2005 en % | 2010 en % | 2015 en % | Évolution 2005-2015 en points | |
Travailleurs en contrat précaire | 11,7 | 13,8 | 16,3 | + 4,6 |
Travailleurs en contrat à durée indéterminée | 4,4 | 5,5 | 5,8 | + 1,4 |
Source : Eurostat – © Observatoire des inégalités
Autre facteur : le temps partiel. 7,8 % des travailleurs à temps plein vivent sous le seuil de pauvreté en Europe. Ils sont proportionnellement deux fois plus (15,8 %) chez ceux qui travaillent à temps partiel. Entre 2005 et 2015, la pauvreté s’est étendue plus vite en Europe parmi les personnes à temps partiel (+ 4,3 points) que chez les personnes à temps plein (+ 0,8 point). Les jeunes travailleurs sont les plus exposés. Confrontés aux difficultés d’accès au marché de l’emploi, ils sont les premiers contraints d’accepter des contrats précaires ou à temps partiel, particulièrement les moins diplômés d’entre eux.
Taux de travailleurs pauvres en Europe selon la durée du travail | ||||
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2005 en % | 2010 en % | 2015 en % | Évolution 2005-2015 en points | |
Travailleurs à temps partiel | 11,5 | 13,5 | 15,8 | + 4,3 |
Travailleurs à temps plein | 7 | 7,4 | 7,8 | + 0,8 |
Source : Eurostat – © Observatoire des inégalités
Un risque accru dans les familles monoparentales
À la situation dégradée du marché du travail, s’ajoutent des facteurs démographiques et en particulier la monoparentalité. Les personnes en emploi qui ont un bas salaire et des conditions de travail précaires ont d’autant plus de risque de vivre sous le seuil de pauvreté qu’elles sont célibataires car elles ne peuvent pas compter sur les revenus d’un conjoint. Les adultes à la tête d’une famille monoparentale (bien souvent des femmes), sont les plus exposés. La part de travailleurs pauvres atteint 21,7 % dans ce type de ménage en moyenne en Europe.
Taux de travailleurs pauvres en Europe selon le type de ménage | ||||
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2005 en % | 2010 en % | 2015 en % | Évolution 2005-2015 en points | |
Personnes seules | 9,6 | 12,3 | 13,9 | + 4,3 |
Familles monoparentales | 17,6 | 19,7 | 21,7 | + 4,1 |
Couples sans enfants à charge | 6,1 | 7,1 | 8,2 | + 2,1 |
Couples avec enfants | 10,1 | 10,7 | 11,2 | + 1,1 |
Source : Eurostat – © Observatoire des inégalités
Photo / Jon Pinder CC By NC ND
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