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Quel est le taux de pauvreté dans ma commune ?

Où trouve-t-on le plus grand nombre de personnes pauvres ? Le comparateur des territoires du Compas indique le taux de pauvreté des villes de plus de 20 000 habitants. Découvrez le classement de ces 421 villes. Un article de Valérie Schneider, extrait de la Gazette.fr.

Publié le 13 avril 2018

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Revenus Pauvreté

Avec 44 % de pauvres (le taux étant ici calculé au seuil à 60 % du revenu médian), Aubervilliers, dans la banlieue nord de Paris, est la commune où le taux de pauvreté est le plus élevé de France parmi les villes de plus de 20 000 habitants, selon l’Insee (données 2014). C’est trois fois plus que la moyenne nationale (14 %). Au même niveau qu’Aubervilliers, on trouve aussi Clichy-sous-Bois en Seine-Saint-Denis, tout comme Grigny dans l’Essonne et Roubaix (43 %) dans le Nord. La banlieue parisienne est largement représentée dans notre classement avec 13 communes parmi les 20 villes au plus fort taux de pauvreté. Des communes des départements du Rhône (Vaulx-en-Velin), du Haut-Rhin (Mulhouse) ou encore du Pas-de-Calais (Lens) affichent des taux de pauvreté de l’ordre de 32 %.

La plupart de ces communes cumulent deux caractéristiques : elles ont subi les conséquences de décennies de déclin de l’emploi industriel et elles ont accueilli sur leur territoire une part importante de familles de milieux populaires, notamment dans le logement social. Un phénomène très ancien : ces villes sont souvent celles qui ont logé les populations immigrées que l’on a fait venir dès les années 1950 pour répondre aux besoins de l’activité économique. Leur situation sociale est dégradée et le manque d’emplois, notamment pour les plus jeunes, y est prégnant.

Nuançons tout de même ce portrait. Le taux de pauvreté au seuil à 60 % du revenu médian utilisé ici ne décrit pas une population démunie à l’extrême. Le seuil est en effet de 1 000 euros par mois pour une personne seule, ou de 2 500 euros pour un couple avec deux adolescents. On rassemble des populations qui vivent dans le plus grand dénuement et des familles modestes dont la situation économique est très différente. Ensuite, comme pour le chômage, un niveau élevé de pauvreté peut se combiner avec un certain dynamisme économique : les créations d’emplois attirent de nouvelles populations défavorisées en quête de travail. À l’inverse, dans certaines villes, le taux de pauvreté peut être bas parce qu’une partie de la population est partie chercher meilleure fortune ailleurs.

L’échelon de la commune ne dévoile pas tout de la pauvreté de ses habitants. Pour le comprendre, il faut descendre à un échelon encore plus fin, le quartier. À Nîmes par exemple, certains quartiers affichent des taux de 80 %, tout comme le 3e arrondissement de Marseille qui compte 77, 5 % de pauvres.

L’Île-de-France : territoire de contrastes en matière de pauvreté

C’est aussi en Île-de-France que l’on trouve les plus faibles niveaux de pauvreté. C’est le cas, par exemple, de Gif-sur-Yvette dans l’Essonne, du Chesnay dans les Yvelines ou encore Le Plessis-Robinson dans les Hauts-de-Seine avec des taux très bas, de l’ordre de 5 %. La coexistence d’une pauvreté élevée et d’une pauvreté faible sur le territoire francilien montre l’ampleur des écarts dans cette région. Ainsi dans le même département, l’Essonne, le taux de pauvreté est de 5 % à Gif-sur Yvette, tandis que celui affiché à Grigny est neuf fois plus élevé.

Les villes de province où les taux de pauvreté sont les plus bas sont souvent situées à la périphérie d’une grande ville. C’est le cas par exemple de Saint-Médard-en-Jalles (banlieue bordelaise) avec un taux de 6 %, de Vertou et Couëron dans la banlieue nantaise, qui affichent aussi des taux autour de ce niveau. Ces communes qui n’abritent pas beaucoup de pauvres comptent souvent un parc de logement social peu développé, une proximité avec un bassin d’emploi où la part des cadres supérieurs est élevée. Ces villes où la pauvreté est faible ont repoussé vers les autres communes voisines l’accueil des populations les plus modestes.

Paris, ville qui compte le plus de pauvres

Les communes où le nombre de pauvres est le plus élevé sont, logiquement, les communes les plus peuplées : 340 000 pauvres à Paris, 209 000 à Marseille, 75 600 à Toulouse par exemple. L’ordre de taille n’est pas toujours respecté : on compte autant de pauvres à Nîmes (40 500) qu’à Nantes (42 200) dont la taille est pourtant deux fois supérieure. À elles seules, les 20 communes les plus pauvres rassemblent 1,4 million de personnes pauvres, environ un quart des pauvres de l’ensemble des villes de plus de 20 000 habitants.

Quel est le taux de pauvreté dans ma commune ? Une nouveauté
Le comparateur des territoires, réalisé par le Compas, bureau d’études spécialisé dans l’analyse des données sociales, en partenariat avec la Gazette des communes et l’Observatoire des inégalités, permet d’accéder à différents indicateurs qui situent les niveaux de vie pour toutes les communes de France métropolitaine. Une nouveauté dans ce comparateur : la mise à disposition du taux de pauvreté pour chaque commune, comparable, comme ces autres indicateurs, à celui de niveau départemental et national.

Photo / © Yannpro Fotolia

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Date de première rédaction le 13 avril 2018.
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