Les très bas revenus des jeunes adultes
La moitié des jeunes de 18 à 24 ans qui ne vivent pas chez leurs parents disposent de moins de 939 euros par mois. Les 10 % les plus pauvres ont au maximum 365 euros.
4 décembre 2020
https://www.inegalites.fr/Les-tres-bas-revenus-des-jeunes-adultes - Reproduction interditeL’Insee ne prend pas en compte une partie des jeunes dans ses statistiques sur les revenus [1]. Pour combler ce manque, une enquête spécifique a été réalisée sur les revenus des 18-24 ans pour l’année 2014, en intégrant l’ensemble de leurs ressources (soutien familial, revenus du travail, allocations, etc.). Elle ne permet pas de déterminer la part des jeunes qui vivent sous le seuil de pauvreté, mais elle décrit des niveaux de vie parfois misérables. La moitié des jeunes devait vivre avec moins de 710 euros mensuels en 2014, presque 150 euros de moins que le seuil de pauvreté de 50 % du revenu médian de l’époque. Le seuil des 10 % les plus pauvres chez ces jeunes était à peine de 200 euros par mois, celui des 10 % les plus riches de 1 500 euros, contre respectivement 930 euros et 3 200 euros pour l’ensemble de la population.
Les revenus des jeunes de 18 à 24 ans Unité : euros | |||
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Qui vivent chez leurs parents | Qui vivent dans un logement autonome | Ensemble | |
Seuil des 10 % les plus pauvres | 119 | 365 | 177 |
Niveau de vie médian | 528 | 939 | 710 |
Seuil des 10 % les plus riches | 1 330 | 1 663 | 1 495 |
Source : Insee – Données 2014 – © Observatoire des inégalités
Une partie des 18-24 ans vivent chez leurs parents, ils sont nourris et logés. Si l’on ne considère que ceux qui vivent dans un logement autonome, le seuil du niveau de vie des 10 % les plus pauvres s’élevait à 365 euros, toujours en 2014. Un dixième de ces jeunes disposaient au maximum d’une dizaine d’euros par jour pour vivre, aides éventuelles de leurs parents et allocations logement comprises. On mesure l’ampleur de leurs difficultés. 2,5 millions de jeunes âgés de 18 à 24 ans vivent dans un logement autonome selon l’Insee. Cela signifie que 250 000 doivent se contenter d’une misère et sont quotidiennement dans « la galère ». La moitié des 18-24 ans avaient des ressources inférieures à 939 euros par mois, un maximum qui dépasse d’à peine 80 euros par mois le seuil de pauvreté de 2014. Une grande partie d’entre eux se situaient donc sous le seuil de pauvreté.
Il faut ajouter que les jeunes adultes constituent la catégorie la plus pénalisée par les hausses des loyers des grandes villes, qui concernent davantage les petites surfaces. Pour eux, c’est la double peine : faibles revenus d’un côté, logement cher de l’autre. Ce qui entraîne des tensions, y compris pour des jeunes moins touchés par les difficultés sociales.
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[1] Les données sur la pauvreté habituellement diffusées par l’Insee s’appuient sur les revenus des ménages dits « ordinaires », en excluant les étudiants qui ne vivent plus chez leurs parents, ainsi que les jeunes qui vivent en logement collectif. Par ailleurs, lorsque les jeunes adultes vivent chez leurs parents, on considère que l’ensemble des membres du ménage partagent le même niveau de vie, sans distinguer les revenus des jeunes et ceux de leurs parents. Les données utilisées dans cet article au contraire s’intéressent aux ressources dont disposent les jeunes personnellement.
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