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Les personnes accueillies par le Secours catholique : portrait de la France la plus pauvre

Les revenus et le profil des personnes les plus pauvres sont mal saisis par la statistique publique. Le rapport annuel du Secours catholique permet d’approcher la situation de centaines de milliers de personnes qui vivent avec presque rien.

Publié le 17 novembre 2022

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Revenus Pauvreté

La moitié du million de personnes accueillies par le Secours catholique en 2021 [1] vivent avec moins de 550 euros par mois. 22 % n’ont même strictement aucunes ressources. Les deux tiers ont moins de 735 euros par mois, le seuil de pauvreté le plus faible publié par l’Insee (à 40 %). Examiner le profil des personnes accueillies par les associations caritatives, comme le fait le Secours catholique dans son rapport annuel, permet de mieux connaitre la situation des personnes aux revenus les plus faibles.

Une fois les dépenses pré-engagées déduites (loyers, factures de gaz, d’eau, de téléphone, assurances, frais de transport et de santé, remboursements de crédit), la moitié des personnes accueillies ont moins de 225 euros par mois pour vivre, le minimum vital selon le Secours catholique. 20 % disposent même de moins de 45 euros. Et encore, cet état des lieux du reste à vivre est établi d’après un échantillon restreint de personnes qui ont des ressources financières.

Les étrangers sont particulièrement surreprésentés et leur part est en constante augmentation depuis dix ans. Ils forment la moitié des adultes reçus, contre 8 % dans la population française. Parmi eux, 62 % sont en situation irrégulière ou en attente d’une réponse à leur demande d’asile. La moitié des personnes étrangères accueillies n’ont aucunes ressources et 60 % vivent dans un logement précaire (centre d’hébergement, chez des amis, ou encore à l’hôtel). Près d’un sur dix vit à la rue, dans un squat ou un abri de fortune.

Par ailleurs, les célibataires avec ou sans enfant sont également beaucoup plus souvent présents (72 %) que dans la population (48 %). 41 % sont des familles monoparentales, pour la plupart des mères isolées.
La quasi-totalité est d’âge actif : 94 % des adultes accueillis ont moins de 65 ans. Seuls 16 % des personnes rencontrées travaillent, tandis que 24 % sont au chômage. 60 % sont inactifs, ce sont en majorité des étrangers sans droit au travail ou des personnes malades ou handicapées.

Leur niveau de diplôme est faible. 41 % des adultes reçus par l’association n’ont pas dépassé le niveau du primaire, 42 % ont fait des études secondaires et seuls 17 % sont titulaires du bac ou d’un diplôme du supérieur. Alors que ces personnes en difficulté en auraient le plus besoin, seul 1 % d’entre elles suit une formation professionnelle.

Ces données portent sur des personnes qui ont recours à une association, en l’occurrence le Secours Catholique. Elles ne disent rien de toute une partie des plus pauvres isolés qui ne peuvent ou ne souhaitent pas se diriger vers ces organismes pour demander de l’aide. Elles minimisent, par exemple, la grande pauvreté en milieu rural où ces associations sont moins présentes. Pour autant, elles dressent le portrait de ceux qui, en France d’aujourd’hui, vivent avec presque rien.

Portrait des personnes reçues par le Secours catholique
Unité : %
Part dans les personnes reçues par le Secours catholique
Part dans la population générale
Français5092
Étrangers508
En emploi1651
Chômeurs244
Inactifs6044
Sans diplôme4123
Brevet, CAP, BEP4230
Bac ou plus1747
Ensemble100100

Source : Secours catholique et Insee – Données 2021 (2017 pour le niveau de diplôme de la population générale) – © Observatoire des inégalités

[1« État de la pauvreté en France 2022 », Secours catholique-Caritas France, novembre 2022. L’aide demandée dépasse la seule aide alimentaire. Elle inclut selon les cas une demande d’écoute ou de conseils, de vêtements, d’aide au paiement d’une facture, d’aide à la mobilité ou à une démarche administrative par exemple.

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Date de première rédaction le 17 novembre 2022.
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