Les immigrés exercent plus souvent des métiers pénibles
Quels sont les métiers qui recourent le plus à la main d’œuvre immigrée ? Femmes de ménage, agents de sécurité, ouvriers du bâtiment, cuisiniers…, des professions très souvent pénibles et mal rémunérées.
30 novembre 2021
https://www.inegalites.fr/Les-immigres-exercent-plus-souvent-des-metiers-penibles - Reproduction interditeEn France, 2,7 millions de travailleurs sont d’origine immigrée [1], soit environ une personne qui travaille sur dix. Cette moyenne de 10 % cache des écarts très importants selon les métiers. Ainsi, près de 40 % des employés de maison, 28 % de ceux du gardiennage et de la sécurité et 27 % des ouvriers non qualifiés du bâtiment sont immigrés, selon le ministère du Travail (données 2017) [2]. En nombre, les métiers qui emploient le plus de travailleurs immigrés sont ceux de femme de ménage, d’aide-ménagère, d’agent de sécurité, d’ouvrier du bâtiment et des travaux publics, de cuisinier et d’employé de l’hôtellerie-restauration, liste le ministère du Travail.
Les métiers où les immigrés sont surreprésentés connaissent le plus souvent des conditions de travail plus difficiles que la moyenne. Ce sont des métiers pénibles physiquement, aux gestes répétitifs, aux horaires de travail morcelés ou décalés, voire qui cumulent ces difficultés. Au total, un poste aux conditions de travail difficiles a une probabilité 1,4 fois plus élevée qu’un poste où les contraintes sont dans la moyenne d’être occupé par un immigré plutôt que par un non-immigré, souligne le ministère du Travail.
Les dix métiers où les immigrés sont le plus surreprésentés Unité : % | |
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Part des immigrés dans l'emploi | |
Employés de maison | 38,8 |
Agents de gardiennage et de sécurité | 28,4 |
Ouvriers non qualifiés du gros œuvre du BTP, du béton et de l'extraction | 27,0 |
Ouvriers qualifiés du gros œuvre du bâtiment | 24,8 |
Cuisiniers | 22,0 |
Employés et agents de maîtrise de l'hôtellerie et de la restauration | 19,3 |
Ouvriers qualifiés des travaux publics, du béton et de l'extraction | 19,3 |
Agents d'entretien | 17,4 |
Patrons et cadres d'hôtels, cafés, restaurants | 16,9 |
Ouvriers non qualifiés du second œuvre du bâtiment | 16,8 |
Ensemble des 35 métiers où les immigrés sont surreprésentés | 15,3 |
Ensemble des emplois | 10,2 |
Source : ministère du Travail – Données 2017 – © Observatoire des inégalités
Les postes occupés par les immigrés sont souvent les emplois qui n’ont pas été acceptés par les non-immigrés du fait des conditions de travail et de rémunération. Sécurité, nettoyage, bâtiment, restauration : beaucoup sont des métiers essentiels au fonctionnement de l’économie et de la société française. Toute une partie de nos infrastructures (logement, routes, ponts, etc.) sont bâties par des personnes nées à l’étranger et un grand nombre de projets industriels – notamment dans l’automobile et de l’agroalimentaire – n’auraient pas été possibles sans leur apport. Une partie des immigrés ont été invités à venir par les employeurs en mal de main d’œuvre bon marché et chaque année la France ouvre ses portes aussi à des saisonniers qui font tourner son agriculture. La France a tenu le choc du confinement pour partie grâce à cette main d’œuvre qui est restée en poste et qui n’a pas pu profiter du chômage partiel.
Cette situation est le résultat de nombreux facteurs. D’abord, la structure des diplômes des personnes nées à l’étranger : 30 % des immigrés n’ont aucun diplôme ou au mieux le brevet (contre 12 % des non-immigrés) et 17 % ont un diplôme de niveau bac + 5 ou plus (contre 14 % des non-immigrés). Une partie des immigrés n’arrivent pas à faire reconnaître leur diplôme en France. Elle résulte aussi du fait que cinq millions d’emplois sont fermés aux immigrés étrangers de nationalité non européenne. Les métiers où les immigrés sont les moins représentés (moins de 5 %) sont ceux de la fonction publique. À l’évidence aussi, les immigrés sont exclus de certains emplois du fait de discriminations ou parce qu’ils ne disposent pas des bons réseaux (relations professionnelles, familiales, amis, etc.) pour y être recrutés.
Photo / Etienne Girardet, Unsplash
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