Analyse

La France est l’un des pays d’Europe où la pauvreté dure le moins

En France, 3,2 % de la population est pauvre et a vécu sous le seuil de pauvreté déjà au moins deux années sur les trois précédentes. Ces personnes représentent environ la moitié des pauvres. Ces proportions, moins élevées que dans la plupart des autres pays européens, indiquent qu’on sort plutôt plus vite de la pauvreté en France que chez nos voisins. Une analyse extraite du Centre d’observation de la société.

Publié le 22 janvier 2021

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Revenus Pauvreté

La France protège mieux les plus pauvres que la plupart de ses voisins européens. Notre pays est mieux armé pour faire face à une forte crise. Non seulement le taux est parmi les plus faibles, mais les personnes qui deviennent pauvres demeurent moins longtemps dans cette situation. Pour mesurer ce phénomène, Eurostat publie un indicateur dit « taux de pauvreté persistante » : il s’agit de la part des ménages pauvres une année donnée qui l’étaient déjà au moins deux années au cours des trois années précédant la mesure. Ils ont donc été pauvres trois années sur quatre, en comptant la dernière. Ce n’est pas la « durée moyenne de pauvreté », mais on s’en rapproche.

En 2017 en France, 3,2 % de la population étaient pauvres au seuil de 50 % du niveau de vie médian et l’avaient été au moins deux ans au cours des trois années précédentes (donc entre 2014 et 2016). Seules la Suède (1,6 %) et la Finlande (1,6 %) se distinguent vraiment du lot avec des taux particulièrement faibles. La Suède est un cas intéressant car le taux de pauvreté (9,5 %) est dans la moyenne européenne alors que son taux de pauvreté persistante est le plus faible d’Europe. Cela veut dire qu’il y a dans ce pays une très forte rotation au sein de la population pauvre. D’une manière générale, la pauvreté persistante est plus rare dans le nord de l’Europe. On note tout de même que le Royaume-Uni se situe à 3,9 %, ce qui est bien meilleur que l’Allemagne (6 %). Le taux est de l’ordre de 8 % en Espagne, comme en Italie. En Croatie, Bulgarie et Roumanie, il est supérieur à 10 %.

Seuil de pauvreté de 50 % du niveau de vie médian. Lecture : en France, 3,2 % de la population étaient pauvres en 2017 et l'avaient été au moins deux années entre 2014 et 2016.

Source : Eurostat – Données 2017 – © Observatoire des inégalités

Graphique Données

L’indicateur de persistance dépend en partie du niveau de la pauvreté de chaque pays : il est logique qu’il soit bas si la pauvreté globale est elle-même faible. En Finlande, par exemple, le taux de pauvreté est de 5,4 %, moitié moins que la moyenne de l’Union européenne. Pour corriger cet effet, nous avons divisé l’indicateur de persistance dans la pauvreté par le niveau de la pauvreté de chaque pays. Concrètement, on divise la part de personnes pauvres qui l’ont été deux années au cours des trois années précédant l’enquête par le niveau de pauvreté de chacun des pays. On construit alors ce que l’on peut appeler un « indicateur de persistance relative de la pauvreté » [1].

En France, les pauvres qui étaient pauvres deux ans au cours des trois années précédant l’enquête représentent la moitié des personnes modestes. La hiérarchie des pays selon la persistance relative de la pauvreté est assez similaire au classement selon le taux brut de pauvreté persistante, mais il existe des exceptions. Ainsi, pour l’indicateur de persistance relative de la pauvreté, le Royaume-Uni fait mieux que la France avec un rapport de 35 %. Cela signifie que, ramené à un niveau de pauvreté équivalent, on sort plus vite de la pauvreté Outre-manche que dans l’Hexagone. En Allemagne, en Italie et en Espagne, l’indice se situe autour de 60 % : on sort plus lentement de la pauvreté dans ces pays.

Seuil de pauvreté de 50 % du niveau de vie médian. Lecture : en France, la part de la population en 2017 qui a été pauvre au moins deux années entre 2014 et 2016 représente 48 % de la population pauvre totale.

Source : Eurostat, calculs Centre d'observation de la société – Données 2017 – © Observatoire des inégalités

Graphique Données

Globalement, la France est un pays dont le modèle social protège mieux de la pauvreté : on y compte moins de pauvres et ceux-ci demeurent moins longtemps dans la pauvreté qu’ailleurs. Un grand nombre des pays qui font mieux sont de plus petite taille, n’ont ni le même passé migratoire, ni la même histoire industrielle. Cela ne veut pas dire qu’il faille se contenter de ce résultat. Il existe bien une pauvreté structurelle, notamment chez les personnes âgées, handicapées ou très peu qualifiées qui ont peu de moyens de sortir de la pauvreté.

Extrait de « La France est l’un des pays d’Europe où la pauvreté persiste le moins » du Centre d’observation de la société, 16 septembre 2020.

https://www.observationsociete.fr/revenus/pauvrete-durable-europe.html

Photo / © De Visu - Fotolia


[1Nos voisins anglais ont étudié de leur côté l’écart absolu entre les taux. Voir « Persistent poverty in the UK and EU : 2015 », Office for National Statistics, juin 2017.

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Date de première rédaction le 21 août 2018.
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