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Les homosexuels et trans, victimes de discriminations dans leur famille

Les agressions homophobes et transphobes sont souvent commises par des proches, notamment les parents. Un rejet source de grande souffrance, qui va parfois jusqu’au harcèlement ou à l’agression physique.

Publié le 1er avril 2025

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Modes de vie Orientation sexuelle

Parmi les 1 620 cas de discriminations et violences à l’égard d’homosexuels et trans recueillis par SOS homophobie en 2024 en France [1], 200 se sont produits au sein de leur famille ou de leur entourage proche. 71 % des victimes de leurs proches signalent des comportements de rejet. 34 % subissent des insultes, 19 % des menaces et autant, du harcèlement.

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Les adolescents homosexuels sont particulièrement exposés aux réactions violentes de leurs proches. « Un aspect important des témoignages d’enfants évoquant les réactions de leurs parents ou de leur entourage à leur coming-out [2] ou outing, est l’expression d’un refus de l’identité de l’enfant », soulignent les auteurs du rapport. Les parents remettent par exemple en cause la capacité de leur enfant à définir son identité ou son orientation sexuelle, le considérant comme trop jeune ou influençable. La remise en cause de leur éducation, de leur religion et du modèle familial traditionnel conduit aussi une partie des parents à des privations de libertés (rétention de téléphone, injonctions à s’habiller de manière masculine ou féminine, contrôle des fréquentations et des déplacements, etc.), qui font peser un climat de défiance là où, en principe, les relations reposent le plus sur la confiance.

« Le passage à l’âge adulte n’arrête pas les remarques infantilisantes des adultes à destination des personnes LGBTI », poursuivent les auteurs. De nombreux témoignages proviennent d’adultes exposés à un dilemme : continuer de côtoyer leurs proches malgré les violences subies, ou devoir couper les ponts et renoncer au soutien des siens.

Les formes de LGBTIphobie commises par la famille ou l’entourage proche
Unité : %
Pourcentage enregistré
Rejet71
Insulte34
Menace19
Harcèlement19
Agression physique14
Contrôle des déplacements11
Invisibilisation11
Outing*9
Dégradation / vol7
Inaction de la part d'un témoin d'une agression7
Traquenard6
Sexualisation**6
Diffamation5
Discrimination3
Amalgame avec la pédocriminalité2
Agression sexuelle2
Licenciement1
Répartition des 200 témoignages de violences commises par des proches reçus par SOS homophobie en 2024. Total supérieur à 100 % du fait que plusieurs formes de rejet sont possibles.
*Outing : révéler l'orientation sexuelle d'une personne sans son accord.
**Sexualisation : proposition ou remarque réduisant la victime à sa sexualité.
Lecture : 34 % des cas de violences commises par des proches signalés à SOS homophobie sont des insultes.
Source : Rapport sur l’homophobie 2025, SOS homophobie – Données 2024 – © Observatoire des inégalités

Les discriminations liées à l’orientation sexuelle qui s’exercent dans l’intimité de la famille ou des relations amicales, sont difficiles à mettre au jour et encore plus à mesurer. Les données produites par SOS homophobie portent sur des témoignages : cela ne signifie pas que 71 % des personnes homosexuelles font l’objet de rejet de la part de leur famille, mais que 71 % de celles qui ont témoigné d’une difficulté avec leurs proches déclarent en être rejetées.

La sphère privée est souvent idéalisée, présentée comme protectrice. Ces données montrent que c’est loin d’être toujours le cas. Ici comme ailleurs, les discriminations existent, d’autant plus blessantes qu’elles viennent de proches. Elles font parfois autant souffrir que des violences physiques pour celui ou celle qui les subit. Certes, l’homosexualité est de mieux en mieux acceptée dans notre société. La mise en avant d’actes homophobes est aussi le reflet de leur meilleure prise en compte : ils étaient autrefois bien plus souvent passés sous silence. Ces données montrent malgré tout que beaucoup reste à faire pour parvenir à une banalisation de l’homosexualité.

Photo / © Alexander Demyanenko - Fotolia


[1Voir le Rapport sur les LGBTIphobies 2025, SOS homophobie, 2025.

[2Le fait de révéler son homosexualité. S’oppose à l’outing, le fait de révéler l’homosexualité de quelqu’un d’autre contre son gré.

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Date de première rédaction le 5 juillet 2018.
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