740 millions de personnes vivent avec moins de 1,90 dollar par jour. Le nombre de personnes extrêmement pauvres augmente en Afrique subsaharienne, alors qu’il recule dans les autres régions du monde.
Le nombre de personnes vivant sous le seuil d’extrême pauvreté (1,90 dollar par jour et par personne [1] soit 1,70 euros) dans le monde a diminué d’un peu plus d’un milliard en trente ans, passant de 1,9 milliard en 1984 à 736 millions en 2015, selon les estimations de la Banque mondiale. Une évolution d’autant plus impressionnante que, dans le même temps, la population mondiale est passée de 4,5 à 7,4 milliards d’individus. Le taux d’extrême pauvreté a été divisé par près de quatre : 10 % de la population mondiale vit aujourd’hui avec moins de 1,90 dollar par jour, contre 39 % en 1984. C’est quatre fois moins.
En proportion de leur population, toutes les régions en développement ont vu l’extrême pauvreté reculer au cours des trente dernières années, alors même qu’elles sont confrontées à une pression démographique souvent considérable. La part de la population vivant sous le seuil de 1,90 dollar par jour est passée sous la barre des 5 % en Asie, en Amérique latine et au Moyen-Orient. En Asie de l’Est et Pacifique, le recul est spectaculaire. En 2015, 47 millions de personnes y vivent avec moins de 1,90 dollar par jour, ce qui représente 2 % de la population, alors qu’elles étaient plus d’un milliard en 1984 (70 %). La Chine et l’Indonésie sont les pays qui ont le plus largement contribué à ce phénomène.
L’Afrique subsaharienne – que l’on disait condamnée au sous-développement – voit son taux de pauvreté diminuer, même si ce mouvement y est plus lent. La part de la population concernée par l’extrême pauvreté a reculé de huit points en trente ans (41 % en 2015 contre 49 % en 1981). En revanche, le nombre de personnes extrêmement pauvres continue d’y augmenter du fait de la hausse globale de la population : il est passé de 229 millions en 1981 (selon nos estimations) à 278 millions en 1990 et à 413 millions en 2015. Aujourd’hui, 56 % de l’ensemble des personnes extrêmement pauvres dans le monde vivent en Afrique subsaharienne. Dans les années 1980, l’Asie de l’Est et du Pacifique était la région la plus concernée.
Peut-on dire que toutes les personnes qui vivent avec plus de deux dollars par jour ne sont plus pauvres ? Si l’on retenait un seuil à 5,50 dollars par jour (150 euros par mois), nos conclusions seraient très différentes : 3,4 milliards de personnes seraient concernées, soit presque la moitié de la population mondiale, davantage qu’au début des années 1980.
Le développement économique a permis de résorber le dénuement le plus extrême dans de nombreuses régions du monde, mais il n’a pas effacé la pauvreté, loin s’en faut. La sortie d’une économie de pure autosubsistance [2] d’une partie de la paysannerie des pays du Sud a accru leurs besoins monétaires. Les conditions de vie se sont améliorées dans de nombreux domaines (logement, alimentation, santé, éducation, etc.), mais pour en bénéficier, il faut disposer de revenus monétaires minimaux. Dans les pays où les classes moyennes et aisées se sont enrichies, le fossé qui les sépare des populations les plus pauvres s’est même souvent agrandi.
Pauvreté dans le monde selon le seuil de pauvreté | ||
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Nombre de personnes pauvres dans le monde | Part dans la population mondiale | |
Seuil de 1,90 dollar par jour | 736 | 10 |
Seuil de 3,20 dollars par jour | 1 936 | 26 |
Seuil de 5,50 dollars par jour | 3 390 | 46 |
Photo / DR
[1] Voir notre article « Comment mesurer la pauvreté dans le monde ? ».
[2] L’autosubsistance caractérise une communauté paysanne qui vit en grande partie de sa propre production de nourriture, d’habitations, etc.