L’impact de la Covid-19 sur les inégalités a donné lieu à de nombreux commentaires, mais dans ce flot, on a souvent oublié que la conséquence la plus grave reste la mort. Au total, le virus aurait tué 68 000 personnes supplémentaires en 2020, selon l’Ined [1]. En la matière, la première des inégalités est l’âge : le virus agit sur les voies respiratoires et il est beaucoup plus virulent chez les aînés. Au 1er avril 2021, 59 % des personnes décédées à l’hôpital de la Covid-19 avaient plus de 80 ans alors que ces derniers représentent 6 % de la population, selon les données rassemblées par l’Ined. On comptabilise onze décès de jeunes de moins de 20 ans, tranche d’âge qui compte au total 16 millions de personnes.

Attention : les plus âgés sont aussi ceux pour qui les taux de mortalité sont en temps normal les plus élevés. Une partie des personnes décédées de la Covid-19 n’avaient plus qu’un nombre restreint d’années à vivre. Selon les données de l’Insee, en 2020, le nombre de morts de moins de 25 ans a baissé (notamment du fait de la moindre circulation routière) et celui des plus de 70 ans a augmenté, de 13,6 % pour les 70-79 ans, de 8,7 % pour les 80-89 ans et de 11,8 % pour les 90 ans et plus.

Les efforts collectifs qui ont été faits ont permis de sauver des dizaines de milliers de personnes très âgées, ce qui montre à la fois les solidarités qui unissent notre société et notre capacité à faire passer la santé avant l’économie. Des milliards d’euros de dépenses publiques ont été consacrés à sauver des vies.

Si la première des inégalités face au virus est l’âge, les personnes dont la santé était déjà fragilisée ont été davantage touchées que les autres à âge équivalent. Et l’on sait que les populations les plus démunies sont aussi celles qui sont les plus vulnérables du point de vue de la santé, faute de moyens financiers et de recours à la prévention. Elles sont aussi celles qui vivent dans des logements surpeuplés, au sein desquels l’épidémie a circulé plus rapidement. Les inégalités sociales ont accentué les effets de la crise sanitaire pour les catégories populaires. À âge équivalent, l’Insee note ainsi que les 20 % aux niveaux de vie les plus faibles ont un risque 1,5 fois plus élevé que les 20 % aux niveaux de vie les plus élevés de souffrir d’obésité ou d’une pathologie qui peut déboucher sur une forme grave de la Covid-19.

Lire les autres articles de notre dossier sur les effets de la crise sanitaire sur les inégalités :

• Crise sanitaire et inégalités : un premier bilan
• Crise et revenus : qui gagne, qui perd ?
• La crise a gonflé le patrimoine financier des classes aisées
• Chômage et précarité : un impossible bilan
• Les conséquences inégales du confinement

Ce dossier est extrait de notre Rapport sur les inégalités en France, édition 2021, qui vient de paraitre.

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Rapport sur les inégalités en France, édition 2021, sous la direction d’Anne Brunner et Louis Maurin, Observatoire des inégalités, juin 2021.
176 pages.
ISBN 978-2-9553059-9-7
10 € hors frais d’envoi.
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Photo / © Yaraslau Saulevich

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