5,1 millions de personnes vivent au dessus du seuil de richesse de 3 470 euros, selon les estimations de l’Observatoire des inégalités. Nous manquons malheureusement de données sur l’évolution de leur nombre dans le temps.
L’Insee ne calcule pas de seuil de richesse et ne fournit pas de données assez précises pour que l’on puisse répondre avec exactitude à la question « combien compte-t-on de riches ? ». Malgré tout, nous avons fait une estimation. Si l’on situe le seuil de richesse à 3 470 euros mensuels (le double du niveau de vie médian), alors on compterait 8,2 % de riches selon nos calculs. En appliquant ce taux à la population des ménages fiscaux qui sert à évaluer les revenus en France (soit au total 62,8 millions de personnes), on dénombrerait donc, selon nos calculs, environ 5,1 millions de riches en 2017. Attention de bien comprendre : le seuil de 3 470 euros est utilisé pour les personnes seules. On utilise un système de parts pour décliner ce seuil de richesse par type de ménage. Pour un couple par exemple, si on veut avoir le revenu équivalent, on multiplie par 1,5 part (soit 5 200 euros), et non par deux.
Ce calcul est cependant approximatif. Ces données ne prennent pas en compte les départements et territoires d’outre-mer. Elles n’incluent pas non plus les personnes qui vivent en collectivité, notamment en maison de retraite. On notera quand même que cet ordre de grandeur correspond à peu près au nombre de pauvres au seuil correspondant à la moitié du niveau de vie médian (5 millions en 2017) : autrement dit, on compterait autant de pauvres que de riches. Étonnant hasard des choses.
Nous avons choisi d’opter pour un seuil de richesse fixé au double du niveau de vie médian, mais d’autres définitions peuvent être utilisées pour pouvoir appréhender le nombre de riches en France. Ainsi, l’Insee avait qualifié d’« aisée » la population se situant au-dessus du seuil de 1,8 fois le niveau de vie médian : 6,8 millions de personnes étaient alors concernées (données 2014). Autre approche : le niveau de vie minimum des 10 % les plus riches correspond à 3 200 euros mensuels environ et représente, par définition, un dixième de la population prise en compte par l’Insee dans ses enquêtes sur les revenus, soit 6,3 millions de personnes.
Plus haut dans la hiérarchie de la richesse, le seuil des 5 % se situe à environ 4 000 euros net mensuels pour une personne seule et concerne 3,2 millions d’individus. L’échelon du dessus, le 1 % supérieur, commence à 6 650 euros mensuels : 630 000 personnes ont au moins ce niveau de vie. Ceux qui touchent plus de 100 000 euros par an (soit 8 300 euros par mois) formeraient 0,8 % de la population et seraient 500 000 environ, selon nos calculs. Au sommet du sommet, le 0,1 % qui vit avec au moins 14 800 euros par mois représente 63 000 personnes et le 0,01 %, qui perçoit au minimum 38 500 euros par mois, 6 300 individus. Tous ces chiffres, mesurés à des années différentes, sont des ordres de grandeur.
L'échelle des revenus des riches | |||
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Niveau de vie mensuel minimum en euros | Nombre de riches | Part des riches dans la population en % | |
Catégories aisées de l'Insee* | 3 070 | 6,8 millions | 10,9 |
Seuil des 10 % les plus riches | 3 184 | 6,3 millions | 10,0 |
Double du niveau de vie médian | 3 470 | 5,1 millions** | 8,2** |
Seuil des 5 % les plus riches | 3 950 | 3,2 millions | 5,0 |
Seuil du 1 % le plus riche*** | 6 650 | 630 000 | 1,0 |
100 000 euros par an | 8 333 | 500 000* | 0,8* |
Seuil du 0,1 % le plus riche*** | 14 800 | 63 000 | 0,1 |
Seuil du 0,01 % le plus riche*** | 38 500 | 6 300 | 0,01 |
Il est tout aussi difficile de répondre à une question essentielle : « comment évolue la population des riches ? ». Nous ne sommes pas à même de produire une estimation sur les années antérieures suffisamment précise pour que la comparaison dans le temps ait un sens. On sait dire comment évolue le niveau de vie des 10 % ou des 5 % les plus riches, mais on doit se contenter d’une estimation pour le nombre de personnes situées au-dessus de notre seuil de richesse fixé au double du niveau de vie médian. Si l’on optait pour la barre des 10 % ou des 5 % les plus aisés, alors le nombre de riches n’évoluerait qu’en fonction des variations de la population. Cela n’aurait pas grand intérêt.
Tout de même, dans un article ancien [1], l’Insee avait qualifié « d’aisées » (pour ne pas dire riches) les personnes percevant au moins 1,8 fois le niveau de vie médian, ce qui n’est pas si éloigné que cela de notre estimation du seuil de richesse. Dans un tableau, l’Insee donne la proportion de personnes vivant dans un ménage aisé pour des années différentes (1996, 2005, et 2014).
Avec ces chiffres, nous avons calculé le nombre de ces personnes aisées. Selon les données de l’Insee, la part de la population riche a légèrement baissé, de 11,4 % à 10,9 % entre 1996 et 2014. Rapporté à la population totale (qui augmente), cela donnerait une hausse de 100 000 personnes sur la période, de 6,7 millions à 6,8 millions. Une estimation très rudimentaire qui mériterait d’être affinée et actualisée. De plus, les variations sont trop faibles pour pouvoir être commentées. Il faudrait pour cela que l’Insee produise davantage d’éléments.
Évolution de la part et du nombre de personnes aisées* | ||
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Part dans la population en % | Nombre en millions | |
1996 | 11,4 | 6,7 |
2005 | 11,0 | 6,6 |
2014 | 10,9 | 6,8 |
Illustration / © Corinne Veron-Durand pour l’Observatoire des inégalités
[1] Voir « Les ménages à niveau de vie médian » in France, portrait social. Édition 2017, coll. Insee Références, Insee, novembre 2017.