Le nombre de crimes et délits anti-LGBT en hausse par rapport à 2016
La police et la gendarmerie ont enregistré 2 400 crimes et délits homophobes et transphobes en 2022. Ce chiffre a doublé par rapport à 2016, mais il faut interpréter sa hausse avec prudence. Les actes anti-LGBT touchent le plus souvent des hommes jeunes. Extrait du Centre d’observation de la société.
Publié le 26 octobre 2023
https://www.inegalites.fr/nombre-crimes-delits-anti-LGBT - Reproduction interditeLes services de police et de gendarmerie ont enregistré 2 417 crimes et délits anti-lesbiennes, gays, bisexuels ou transgenres (LGBT) en 2022 [1]. Ce chiffre a été multiplié par 2,3 par rapport à 2016. Une telle augmentation parait paradoxale car, sur longue période, les Français se disent de moins en moins homophobes. Par ailleurs, les enquêtes menées auprès de la population [2] indiquent que le nombre de personnes qui disent avoir été victimes d’injures homophobes reste relativement stable, au moins jusqu’en 2018 (dernières données disponibles).
Selon les données 2022 des crimes et délits enregistrés par les forces de l’ordre, les victimes d’actes anti-LGBT sont dans l’immense majorité des hommes (72 %) et très souvent des jeunes. Plus de la moitié (52 %) ont moins de 34 ans alors que c’est le cas de 32 % de l’ensemble des personnes victimes de crimes et délits quel que soit le motif. Seules 1 % des victimes d’actes anti-LGBT ont plus de 75 ans, contre 9 % de l’ensemble des victimes de crimes et délits. Les infractions les plus souvent citées sont majoritairement verbales : dans 38 % des cas, il s’agit d’injures et pour 20 %, de menaces, les deux faits les plus fréquemment cités. Si l’on ajoute les 22 % de cas de violences physiques aux 2 % de viols et agressions sexuelles, 24 % des actes homophobes marquent physiquement les victimes. Dans les deux tiers des cas, les agressions ont lieu dans un espace public.
Certes, l’augmentation des faits homophobes constatés entre 2016 et 2022 peut résulter du dépôt plus fréquent de plaintes concernant des faits hier non déclarés, de leur inscription comme actes homophobes par les forces de police, ainsi que de l’évolution de la qualification de certaines infractions [3]. Selon les enquêtes menées auprès de la population, seules 20 % des victimes de menaces ou de violences anti-LGBT déclarent avoir porté plainte, et même seulement 5 % quand il s’agit d’injures.
Ces facteurs semblent toutefois difficilement pouvoir expliquer l’ensemble de la progression. Il faudra confirmer cette constatation dans le temps, mais l’ampleur de l’augmentation des enregistrements de ces actes par la police et la gendarmerie a de quoi inquiéter sur la hausse des violences homophobes et transphobes dans la société. D’autant que les discours de rejet de l’homosexualité et des personnes trans se propagent rapidement aujourd’hui par le biais des réseaux sociaux.
Source : ministère de l’Intérieur – © Observatoire des inégalités
Source : Insee – © Observatoire des inégalités
Source : ministère de l’Intérieur – Données 2022 – © Observatoire des inégalités
Article extrait du Centre d’observation de la société.
Photo / © Christian Sterk - Unsplash
[1] « Les atteintes anti-LGBT+ enregistrées par les forces de sécurité augmentent de 3 % en 2022 », Info rapide n° 25, Interstats, ministère de l’Intérieur, mai 2023.
[2] « Les injures sexistes, racistes et homophobes depuis 2006 », Keltoume Larchet, Flash’crim n° 27, Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), janvier 2020.
[3] Quand un acte passe de contravention à délit.
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