Questions clés

Quelle est la différence entre inégalité et discrimination ?

Comment faire la différence entre une inégalité et une discrimination ? Ce n’est pas toujours aussi facile. Les explications de l’Observatoire des inégalités.

Publié le 15 février 2021

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On peut parler d’inégalité « quand une personne ou un groupe détient des ressources, exerce des pratiques ou a accès à des biens et services socialement hiérarchisés ». Si on ne peut pas faire de hiérarchie, alors on parle de « différence ». Par exemple, avoir un chat ou un chien [1]. Une discrimination est, quant à elle, une différence de traitement interdite par la loi selon un certain nombre de critères (l’âge, le sexe, l’origine, l’état de santé, l’orientation sexuelle, les opinions politiques, etc.).

Toutes les inégalités ne sont pas illégales, elles ne sont donc pas toutes des discriminations. En revanche, toute discrimination constitue une forme d’inégalité. Prenons un exemple : il est illégal de refuser de louer un appartement à une personne du fait de sa couleur de peau (une discrimination), mais pas parce que ses revenus sont insuffisants (une inégalité). On peut être condamné par la justice pour discrimination, pas pour un traitement inégalitaire.

Les discriminations sont contraires à l’aspect le plus fondamental de l’égalité, l’égalité des droits des citoyens, qui est au centre des principes de nos démocraties. On pourrait donc dire qu’elles forment le cœur de la question des inégalités qui constituent un ensemble plus vaste. Les discriminations sont moins fréquentes que les inégalités (l’immense majorité de la population n’est pas raciste, sexiste ou homophobe) mais plus violentes car elles touchent des valeurs essentielles, alors que certaines inégalités peuvent être justifiées.

Pour le comprendre, revenons à notre exemple du logement. La sélection se fait beaucoup plus souvent par l’argent (une inégalité de revenu, qui est légale) que par la couleur de la peau (une discrimination, qui est illégale). Par contre, refuser de louer à une personne parce qu’elle est noire est inacceptable, alors que ce n’est pas le cas si elle ne gagne pas assez. Bref, dans la vie, on rencontre bien plus d’inégalités que de discriminations, mais les secondes font beaucoup plus mal.

En pratique, il est parfois difficile de faire la part des choses entre les discriminations et les inégalités. On peut être écarté de l’emploi à la fois parce que l’on ne dispose pas de diplôme, mais aussi du fait de sa couleur de peau ou de son sexe. Si seul le premier critère est le plus souvent avancé, dans la vie quotidienne, les effets se cumulent.

On a longtemps mis en avant les inégalités fondées sur l’origine sociale et sous-estimé les discriminations. Un ouvrier noir était d’abord vu comme un travailleur exploité. Sa couleur était secondaire. Aujourd’hui, c’est l’inverse : la lutte contre les discriminations a volé la vedette à la lutte contre les inégalités sociales qui sont laissées de côté. L’identification de coupables de discriminations ne doit pas cacher le problème plus global des inégalités sociales. Toute la difficulté est de faire la part des choses, de lutter à la fois contre les inégalités sociales et contre les discriminations en mesurant le poids des différents facteurs, sans se servir des unes pour masquer les autres.

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Date de première rédaction le 13 mars 2008.
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