Données

Privations : la pauvreté en conditions de vie

La pauvreté est une question de revenus, mais aussi de conditions de vie. Être pauvre, c’est également être victime de privations très concrètes. Selon l’Insee, près de 11 % des Français sont dans ce cas.

30 décembre 2022

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Revenus Pauvreté

10,9 % des ménages subissent des privations matérielles et sociales en 2021, selon l’Insee. Cet indicateur cherche à mesurer la pauvreté à partir des conditions de vie. L’Insee interroge la population à propos d’une liste composée de treize difficultés (comme par exemple « avez-vous des impayés de mensualités d’emprunt, de loyer ou de facture ? » ou « ne pouvez-vous maintenir votre logement à bonne température par manque de moyens financiers ? ») et considère comme pauvre une personne qui déclare cinq privations sur ces treize. Il s’agit bien de déclarations : l’Insee ne vérifie pas si c’est le cas en réalité. La pauvreté en conditions de vie, indicateur complémentaire du niveau de vie monétaire, apporte une mesure concrète des privations matérielles et sociales qu’engendre le manque de ressources.

Taux de privation matérielle et sociale
Unité : %

Proportion de personnes qui déclarent ne pas pouvoir, pour des raisons financières...
Faire face à une dépense non prévue de 1 000 euros27,4
Remplacer des meubles21,5
Partir une semaine en vacances20,5
Pratiquer des loisirs payants12,4
Dépenser une petite somme librement12,1
S'acheter des vêtements neufs9,1
Manger de la viande ou du poisson tous les deux jours6,2
Chauffer suffisamment son logement6,0
Se retrouver autour d'un verre ou d'un repas entre amis4,9
Disposer de deux bonnes paires de chaussures3,8
Disposer d'une voiture3,2
Avoir accès à Internet1,3
Proportion de personnes qui déclarent faire face à des impayés9,5
Taux de privation matérielle et sociale (au moins cinq de ces difficultés)10,9
Lecture : 10,9 % des ménages sont considérés comme pauvres en conditions de vie parce qu’ils déclarent au moins cinq difficultés parmi cette liste de treize privations.
Source : Insee – Données provisoires 2021 – © Observatoire des inégalités
Le taux de pauvreté en conditions de vie
En France, la pauvreté en conditions de vie mesure la proportion de ménages qui déclarent connaître au moins cinq restrictions parmi les 13 répertoriées conventionnellement par l’Insee. Ces restrictions sont regroupées en quatre domaines : consommation, insuffisance de ressources, retards de paiement et difficultés de logement.

Évolution des privations matérielles et sociales

Depuis 2013, le taux de privation matérielle et sociale a régressé, passant de 12,4 % à 10,9 % en 2021, soit une baisse de 1,5 point. Les privations qui concernent une large couche défavorisée de la population sont aussi celles qui ont le plus reculé. 20 % des Français déclarent avoir de trop faibles revenus pour se payer une semaine de vacances, soit sept points de moins qu’en 2013.

De même, 21 % ne peuvent pas remplacer des meubles hors d’usage, une proportion en baisse de 4,5 points par rapport à 2013. En revanche, s’ils concernent une part plus réduite de la population (6 %), les critères de privation qui témoignent des plus grandes difficultés, telles que ne pas pouvoir se payer un repas complet tous les deux jours ou ne pas pouvoir chauffer son logement à bonne température, ont reculé de moins d’un point.

Lecture : en 2021, 9,4 % de la population déclare avoir des impayés.

Source : Insee – Données provisoires pour 2021 – © Observatoire des inégalités

Graphique Données

L’amélioration des conditions de vie perçue par la population sur les années récentes parait paradoxale. Pour l’année 2020, l’enquête de l’Insee ne rend pas compte d’éventuelles difficultés liées à la crise sanitaire car elle a été menée en grande partie avant le premier confinement. D’après les données provisoires disponibles pour 2021, le taux de privation matérielle et sociale s’avère nettement inférieur à ce qu’il était en 2019. On peut y voir deux explications. D’une part, l’épargne qu’ont accumulée de nombreux ménages, même modestes, peut expliquer le recul net de la réponse « ne pas pouvoir faire face à une dépense imprévue de 1 000 euros » (de 30,7 % en 2019 à 27,1 % en 2021). D’autre part, en période de crise, on peut avoir tendance à ajuster ses réponses et à s’estimer « pas si mal lotis » quand on sait que le sort des plus précaires se détériore, même si l’on vit un peu moins bien. Autre conclusion de ces données : les privations qui concernent l’alimentation, la voiture et le chauffage représentent, pour les personnes les plus en difficulté, les arbitrages de dernier recours. Or, c’est précisément sur ces postes de dépenses que portent les hausses de prix en cours. L’inflation laisse craindre une aggravation de ces privations.

Photo / © Grafix132 - Fotolia

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Date de première rédaction le 19 juillet 2018.
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