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Peu de femmes cheffes d’entreprise

Le plafond de verre reste une réalité en France : moins d’une entreprise sur trois est dirigée par une femme. Et seulement une sur cinq parmi les entreprises de plus de 50 salariés.

Publié le 25 juin 2020

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Emploi Femmes et hommes Catégories sociales

Le plafond de verre résiste dans les entreprises : on compte trois femmes pour sept hommes à la tête des entreprises privées en 2014, selon les dernières données disponibles de l’Insee [1]. Pourtant, les femmes représentent près de la moitié des actifs et 40 % des cadres supérieurs.

Plus la taille des entreprises augmente, moins on compte de femmes à leur tête. 36 % des dirigeants d’entreprise sans salarié (indépendants et petits entrepreneurs) sont des femmes. Elles sont nombreuses parmi les médecins et infirmiers libéraux, les coiffeurs, les petits commerçants, par exemple. Dans les entreprises de cinq salariés ou plus, il n’y a plus que 20 % de femmes dirigeantes en moyenne. Comme en politique, où les élues locales accèdent difficilement aux mandats exécutifs, plus le niveau de pouvoir s’élève, moins la part des femmes est élevée.

Part des femmes parmi les dirigeants selon la taille de l'entreprise
Unité : %

0 salarié36
1 salarié29
2 à 4 salariés26
5 à 19 salariés21
20 à 49 salariés19
50 salariés ou plus 21
Ensemble32
Dirigeants salariés et non salariés (hors autoentrepreneurs). Secteur privé.
Source : calculs de l’Observatoire des inégalités d’après l’Insee – Données 2014 – © Observatoire des inégalités

Seules les instances pour lesquelles la loi impose un quota [2] se rapprochent de la parité. Les conseils d’administration des 120 plus grandes entreprises cotées à la bourse de Paris comptent ainsi 46 % de femmes en 2020 selon l’institut Ethics & Boards [3], alors qu’elles n’étaient que 13 % en 2010. En revanche, elles ne sont que 24 % dans les conseils d’administration des grandes entreprises non cotées en bourse [4]. Aux postes exécutifs des très grandes entreprises, le pouvoir reste détenu par des hommes à une écrasante majorité. Ils forment les trois quarts de l’état-major des entreprises de plus de 500 salariés (données Insee 2014), 80 % des comités de direction et 86 % des PDG des 120 plus grandes entreprises en mars 2020.

Part de femmes parmi les cadres et dirigeants des très grandes entreprises
Unité : %

Cadres des entreprises du CAC 4031
Cadres dirigeants des entreprises de plus de 500 salariés23
Comités de direction du SBF 12021
PDG du SBF 12014
Conseils d'administration du SBF 12046
Sources : Observatoire des multinationales pour le CAC 40 (données 2018), calculs de l’Observatoire des inégalités d’après l’Insee pour les cadres dirigeants des entreprises de plus de 500 salariés (données 2014), Ethics & Boards pour le SBF 120 (données 2020) – © Observatoire des inégalités

Les données de l’Insee sur les dirigeants salariés d’entreprise [5] (qui ne représentent que 8 % de l’ensemble des dirigeants mais sont majoritaires dans les grandes entreprises) indiquent que plus les secteurs emploient une proportion importante de femmes à la base, plus celles-ci sont présentes aux postes de direction. Elles sont ainsi 34 % dans le secteur de l’immobilier et 30 % dans celui de l’hébergement et de la restauration. Les femmes dirigeantes sont beaucoup plus rares dans l’industrie (13 %) et la construction (7 %), deux secteurs bien moins féminisés. Mais ce constat a ses limites : certaines activités très féminisées comptent bien peu de dirigeantes. C’est le cas de la banque et des assurances (17 % de dirigeantes), mais aussi de l’information et de la communication (14 % de dirigeantes). Les femmes y demeurent bien plus souvent des subordonnées.

La faible place des femmes à la tête des entreprises est la conséquence de plusieurs facteurs. Les postes de dirigeant sont souvent occupés par des générations âgées, parmi lesquelles les femmes cadres étaient moins nombreuses : les choses évoluent, mais le mouvement est lent. Cela tient aussi à l’orientation scolaire des filles et à leurs choix professionnels. À niveau de diplôme équivalent, les femmes optent plus souvent pour la fonction publique, par exemple [6]. Leurs choix de carrières traduisent aussi pour partie la difficulté à concilier vie personnelle et vie professionnelle à des postes qui peuvent exiger des sacrifices importants en matière de disponibilité familiale. Mais s’en tenir aux « choix » de vie des femmes est souvent une façon de justifier les inégalités. La place des femmes au sommet des hiérarchies du monde du travail résulte aussi des pratiques des recruteurs qui sélectionnent, consciemment ou non, les candidats en fonction de leur sexe et bloquent un certain nombre de carrières féminines.

Photo / © Maica


[1Femmes et hommes, l’égalité en question, édition 2017, coll. Insee Références, Insee, 2017.

[2La Loi Copé-Zimmermann de 2011 visait l’atteinte en 2017 d’un minimum de 40 % de femmes (et d’un maximum de 60 %) dans les conseils d’administration et de surveillance des entreprises cotées et des entreprises de 500 salariés et plus, sous peine de nullité des délibérations.

[3Voir « SBF 120, la mixité dans les instances dirigeantes », Ethics & Boards, mars 2020.

[4Voir « La féminisation des instances de gouvernance et de direction des entreprises », rapport de Denis Roth-Fichet, 2019.

[5Données 2015 portant sur les entreprises privées et certains établissements publics, voir « Salaires des cadres dirigeants et des cadres salariés », Chiffres-clés, Insee, 2018.

[6Dans le secteur public, où elles constituent deux tiers des effectifs, les femmes sont également bien moins représentées aux postes de direction. Voir notre article « Dans la fonction publique, les femmes restent souvent des subordonnées ».

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Date de première rédaction le 10 décembre 2009.
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