Depuis vingt ans, les inégalités de revenus reculent entre habitants de la planète. Un mouvement paradoxal alors que les inégalités tendent à s’accentuer au sein de nombreux pays. Une analyse d’Anne Brunner.
La moitié de l’humanité vit avec moins de 558 euros par adulte et par mois, souvent avec beaucoup moins. Les 10 % les plus riches gagnent plus de 3 100 euros, voire beaucoup plus. À eux seuls, ces derniers reçoivent plus de la moitié des revenus mondiaux.
Les inégalités de revenus baissent entre habitants du monde, malgré l’accroissement des écarts au sein de nombreux pays. Dans un entretien, l’économiste François Bourguignon décortique les mécanismes en jeu : mondialisation, démographie, crises et fiscalité.
La part des revenus perçue par le 1 % le plus riche a nettement baissé dans les pays occidentaux, depuis les années 1920 jusqu’aux Trente Glorieuses. Depuis 1975, les super-riches ont rattrapé une bonne part de ce qu’ils avaient perdu.
L’Afrique du Sud, l’Inde et le Brésil ont un niveau d’inégalités de revenus très élevé. Les pays les plus égalitaires sont tous situés en Europe. La France se place entre la Suède et l’Allemagne. Le coefficient de Gini permet de le mesurer.
10 % des filles et 8 % des garçons ne sont pas scolarisés en primaire dans le monde. L’écart de scolarisation selon le sexe se réduit nettement depuis vingt ans. Aller à l’école ou non, du primaire au lycée, n’est quasiment plus une question de genre, sauf dans certaines régions du monde.
773 millions d’adultes sont analphabètes dans le monde, le plus souvent des femmes. 365 millions de ces personnes qui n’ont appris ni à lire, ni à écrire, vivent en Asie du Sud et de l’Ouest et 210 millions en Afrique subsaharienne.
Cinq millions d’enfants meurent chaque année avant d’atteindre leur cinquième anniversaire. Un chiffre important, mais qui diminue nettement. Deux tiers de ces décès pourraient être évités avec des moyens de base.
La mobilité sociale des riches est faible. Pour être riche une année, rien de tel que d’avoir été riche l’année précédente. « L’immobilité des revenus » de père en fils serait un peu plus grande en France que dans d’autres pays comparables.
Aux États-Unis, les 10 % les plus riches reçoivent l’équivalent de 1,8 fois la masse globale des revenus qui revient aux 40 % les plus pauvres. En France, ce rapport est de 1,1. Les inégalités passées à la loupe du ratio de Palma.