Les homosexuels victimes de discriminations dans leur famille
Les discriminations touchent de plein fouet les homosexuels, y compris au sein de leur famille. Même si on en parle beaucoup moins.
5 juillet 2018
https://www.inegalites.fr/Les-homosexuels-victimes-de-discriminations-dans-leur-famille - Reproduction interditeParmi les 160 témoignages d’homosexuels évoquant des discriminations au sein de leur famille ou de leur entourage, recueillis par SOS Homophobie en 2017 [1], 80 % signalent des formes de rejet de la part de leurs proches et la moitié ont subi leurs insultes. 17 % des homosexuels qui témoignent se disent victimes d’agressions physiques au sein de leur famille ou de leurs proches.
Au moment du « coming-out » [2], les réactions familiales peuvent être très violentes, « en premier lieu, dans plus d’un cas sur deux, de la part des parents », soulignent les auteurs du rapport. La remise en cause de leur éducation, de leur religion et du modèle familial traditionnel conduit une partie des parents à des menaces ou à du chantage envers leurs enfants (30 % des témoignages). Des formes de privation de libertés (interdiction de sortie avec le copain ou la copine, rétention de téléphone ou d’ordinateur, changement d’établissement scolaire, etc.) font peser un climat de défiance là où, en principe, les relations reposent le plus sur la confiance.
Les formes de rejets ou de violences vécues par les homosexuels dans leur famille Unité : % | |
---|---|
| |
Rejet - ignorance | 80 |
Insultes | 48 |
Discrimination | 35 |
Menaces - chantages | 30 |
Harcèlement | 24 |
Agressions physiques | 17 |
Diffamation | 12 |
Outing* | 4 |
Agressions sexuelles | 3 |
Dégradation de biens - vols | 3 |
Source : SOS homophobie - Rapport sur l'homophobie 2018 - Données 2017 - © Observatoire des inégalités
Les discriminations liées à l’orientation sexuelle dans la sphère privée, qui s’exercent dans l’intimité de la famille ou avec des amis, sont difficiles à mettre au jour et encore plus à mesurer. Les données produites par SOS Homophobie portent sur des témoignages : cela ne signifie pas que 80 % des personnes homosexuelles font l’objet de rejet de la part de leur famille, il s’agit bien de 80 % de ceux qui ont témoigné.
Ceci dit, la sphère privée est souvent idéalisée, présentée comme protectrice. Ces données montrent que c’est loin d’être toujours le cas. Ici comme ailleurs, les discriminations existent, d’autant plus blessantes qu’elles viennent de proches. Comme l’indique le sociologue Sébastien Chauvin (lire notre entretien), la question des relations parents-enfants est centrale, même là où l’homosexualité est « tolérée » (sous-entendu, elle reste une déviance) alors qu’elle devrait être banalisée.
Ces données témoignent de la difficulté de mesurer l’ampleur et la portée de discriminations dans un cadre privé et qui ne se manifestent pas toujours par des violences explicites. Menées par des proches, répétées dans le temps, elles font parfois aussi mal que des violences physiques pour celui qui les subit. Certes, de la famille à l’entreprise en passant par les loisirs, l’homosexualité est de mieux en mieux acceptée dans notre société. La mise en avant d’actes homophobes est aussi le reflet de leur prise en compte : ils étaient autrefois bien plus souvent passés sous silence. Ces données montrent cependant que beaucoup reste à faire pour arriver à une banalisation de l’homosexualité.
Photo / © Alexander Demyanenko - Fotolia
[1] Voir le Rapport annuel 2018 de SOS Homophobie.
[2] Le fait de révéler son homosexualité. S’oppose à l’outing, le fait de révéler, contre son gré, l’homosexualité de quelqu’un.
© Tous droits réservés - Observatoire des inégalités - (voir les modalités des droits de reproduction)