La France, un pays où les riches sont très riches
La France se classe en 4e position des pays d’Europe où les super-riches sont les plus riches. Et ce, après avoir acquitté leurs impôts.
2 juin 2022
https://www.inegalites.fr/La-France-un-pays-ou-les-riches-sont-plus-riches-qu-ailleurs - Reproduction interditeAvec 6 500 euros mensuels pour une personne seule, selon nos calculs d’après des données fournies par Eurostat [1], la France arrive en quatrième position du classement des pays d’Europe par seuil d’entrée parmi le 1 % le plus riche. La Suisse se place en tête avec 8 800 euros, mais n’est pas vraiment comparable tant le pays concentre la richesse financière. Au cours des deux dernières années, les riches français se sont fait doubler par les Norvégiens et les Allemands. Chez nos voisins britanniques, il faut 100 euros de moins qu’en France pour appartenir au club du 1 % [2], 900 euros de moins en Italie, et 1 600 euros en Suède. Dans les pays les plus pauvres, la Roumanie et la Slovaquie, les seuils du 1 % le plus riche sont de l’ordre de 2 000 euros.
Le seuil d’entrée dans les 5 % les plus riches (95 % de la population touche moins) se situe à 3 800 euros par mois en France. Nous arrivons en sixième position en Europe, dépassés aussi par les Pays-Bas et l’Autriche. Les riches Britanniques se situent à notre niveau, mais nous sommes loin devant nos voisins belges (3 500 euros), italiens (3 400 euros) ou suédois (3 300 euros). En fin de peloton, en Hongrie, Roumanie et Slovaquie, on appartient au top des 5 % les plus aisés dès que l’on touche 1 600 euros par mois.
En France, les riches gagnent plus que dans bien d’autres pays. Il ne s’agit pas seulement d’une poignée d’individus qui vivent de rentes financières et placent leur argent dans les paradis fiscaux. Par leurs salaires et leurs primes, les cadres dirigeants du privé et les hauts fonctionnaires, en activité ou à la retraite, surclassent le reste de la population. Ces données invalident la thèse d’une fuite des riches hors de France sous l’effet de la pression fiscale. Si c’était le cas, notre pays serait bien plus bas dans ce classement. Et encore, ces chiffres sont mesurés après impôts et prestations sociales : la redistribution a déjà opéré. Comme cette redistribution est assez développée en France, cela signifie qu’avant impôts, les riches français sont bien plus riches.
Seuil du 1 % le plus riche en Europe Unité : euros mensuels en parité de pouvoir d'achat | |
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Suisse | 8 802 |
Allemagne | 7 194 |
Norvège | 6 562 |
France | 6 446 |
Autriche | 6 412 |
Pays-Bas | 6 356 |
Royaume-Uni | 6 347 |
Danemark | 6 285 |
Irlande | 5 962 |
Finlande | 5 838 |
Italie | 5 536 |
Belgique | 5 238 |
Espagne | 4 949 |
Suède | 4 835 |
Bulgarie | 4 396 |
Portugal | 4 071 |
Pologne | 3 477 |
Tchéquie | 3 394 |
Grèce | 3 017 |
Croatie | 2 799 |
Hongrie | 2 545 |
Roumanie | 1 625 |
Slovaquie | 1 880 |
Source : calculs de l’Observatoire des inégalités, d’après Eurostat – Moyenne 2017-2019, 2016-2018 pour l'Italie, 2015-2017 pour le Royaume-Uni – © Observatoire des inégalités
Seuil des 5 % les plus riches en Europe Unité : euros mensuels en parité de pouvoir d'achat | |
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Suisse | 5 126 |
Norvège | 4 367 |
Allemagne | 4 222 |
Autriche | 4 160 |
Pays-Bas | 3 824 |
France | 3 786 |
Royaume-Uni | 3 743 |
Danemark | 3 703 |
Irlande | 3 596 |
Finlande | 3 528 |
Belgique | 3 465 |
Italie | 3 368 |
Suède | 3 315 |
Espagne | 3 300 |
Portugal | 2 500 |
Tchéquie | 2 382 |
Pologne | 2 282 |
Bulgarie | 2 051 |
Croatie | 1 921 |
Grèce | 1 844 |
Hongrie | 1 621 |
Roumanie | 1 516 |
Slovaquie | 1 470 |
Source : calculs de l’Observatoire des inégalités, d’après Eurostat – Moyenne 2017-2019, 2016-2018 pour l’Italie, 2015-2017 pour le Royaume-Uni – © Observatoire des inégalités
Des données européennes à utiliser avec prudence |
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Les chiffres de la richesse en Europe doivent être lus comme des ordres de grandeur car leur collecte n’est pas opérée avec la même méthode dans chacun des pays. De plus, les données sur les super-riches sont instables. Des variations de revenus exceptionnelles de quelques-uns de ces individus modifient les données d’une année sur l’autre. En France, l’Insee ne publie pas ces chiffres, les jugeant peu fiables. Nous avons calculé une moyenne sur trois années (2017 à 2019) pour réduire l’impact de ces fluctuations. Enfin, certains pays de l’échantillon n’utilisent pas l’euro (Danemark, Norvège, Suisse, Royaume-Uni, etc.), ce qui rend plus fragiles les comparaisons. |
Photo / © Colin Maynard
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