Analyse

Choisir son avenir

Quand on est jeune, en théorie, tout est possible. Et pourtant, devenir ce dont on rêve est parfois compliqué. Extrait de notre livret pédagogique Les inégalités expliquées aux jeunes.

Publié le 20 décembre 2018

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Emploi Catégories sociales Âges

Sur 100 fils d’ouvriers, 9 deviennent cadres supérieurs. Sur 100 fils de cadres, 35 deviennent cadres eux aussi. Les enfants d’ouvriers sont-ils moins doués que les enfants de cadres ? Sûrement pas ! À la naissance, rien n’est joué.

Tous les jeunes ont-ils les mêmes conditions pour étudier ?

Certains parents n’ont pas les moyens d’aider leurs enfants à faire leurs devoirs en faisant appel à des cours privés. L’avantage des enfants des milieux favorisés, c’est que leurs parents savent ce qu’il faut faire pour réussir, quelle filière il faut choisir, à quel moment, etc. Les plus favorisés ont davantage le réflexe de mobiliser leur réseau, mais ça ne leur est pas réservé : il suffit de penser aux personnes de notre entourage qui peuvent nous aider. Ce qui joue beaucoup pour réussir à réaliser ses rêves, c’est l’idée qu’on se fait de ce que l’on peut devenir. Si on commence à ne plus rêver, à se dire que « ce n’est pas possible », on ne risque pas d’y arriver. Comme par hasard, ce sont toujours les moins favorisés qui se disent qu’ils n’y arriveront pas, qui se fixent des barrières. À l’opposé, quand ses parents sont déjà allés à l’université, on trouve normal d’y aller.

Taffer dur même les dimanches

Quand on part du bas, il faut « taffer », prendre l’escalier si on n’a pas accès à l’ascenseur, en faire plus que les autres. Ce n’est pas facile tous les jours. Et on ne devrait pas devoir en passer par là. En même temps, travailler dur permet de montrer à ceux qui vous sous-estiment que vous savez ce que vous voulez et que vous valez mieux que ce qu’ils pensent. Ce n’est pas dit qu’on y arrive du premier coup : on a le droit de recommencer plusieurs fois. Et on n’est pas obligé de savoir ce qu’on veut tout de suite : on peut tester plusieurs voies.

Réussir, comment ?

En attendant, travailler à l’école est ce qui permet d’avoir des diplômes, et plus tard un métier. Avec un salaire, et encore plus s’il est bon, il est plus facile de bien se loger ou de se faire plaisir par exemple. Quand le chômage et la pauvreté augmentent, la peur de perdre son emploi fait que l’on n’ose plus rien dire. On se dit qu’on n’est pas si mal là où on est et on n’en demande pas plus. C’est vrai que les inégalités existent, mais attention à ne pas les utiliser comme prétexte.

« Mon Everest », Soprano feat. Marina Kaye, 2015
« On m’a dit, on m’a dit petit, réveille-toi t’es un peu trop rêveur / Petit tu as un trop gros appétit la réalité est fade et sans saveur / Oublie tes rêves d’ados, comme tout le monde, suis le troupeau / Mais le têtu que j’étais avait de la détermination plein le sac-à-dos / Aucune de leurs dissuasions m’a mis le genou à terre / Aucun médecin au monde ne pouvait soigner ma fièvre / Tout est possible quand tu sais qui tu es / Tout est possible quand t’assumes qui tu es / Aujourd’hui regarde moi contempler mes sacrifices au sommet de mon Everest »

À l’école, comment faire quand ça bloque ?

N’importe qui peut un jour se sentir « largué » en classe, qu’il s’agisse d’une matière en particulier ou bien de l’ensemble de sa scolarité. Il faut essayer d’appeler à l’aide dès que l’on sent que l’on commence à décrocher pour éviter de se laisser submerger. Si on est vraiment dépassé, il est toujours possible de faire le point. Aucun échec n’est jamais définitif. Quelques petits conseils…

  • Ne pas se braquer. Les erreurs souvent faites sont de tout prendre sur soi, de se sentir nul, de tout reporter sur les autres ou de se sentir victime. Dans un échec, il y a des responsabilités multiples, et puis le hasard joue aussi.
  • Prendre du temps pour réfléchir : dans la vie en général, quelles sont mes faiblesses ? Quels sont mes points forts ? Qu’est-ce que je pourrais changer ou améliorer ?
  • Demander de l’aide à ses professeurs, un grand nombre sont prêts à aider, même ceux que l’on n’apprécie pas particulièrement ! On l’a souvent entendu mais c’est vrai : « ils ne peuvent pas deviner » quand un élève ne comprend pas. N’hésitez pas à poser vos questions en classe.
  • Pour s’orienter, on peut trouver de l’aide dans les centres d’information et d’orientation (CIO), sur Internet, auprès des associations de quartier. Et discuter de tout ça avec sa famille, ses amis, des amis d’amis…
  • Des problèmes financiers ? Qu’on soit au collège, au lycée ou en études supérieures, il existe des bourses sociales afin de poursuivre ses études plus sereinement. Après le baccalauréat, les CROUS accordent des bourses sur critères sociaux. D’autres aides existent. Le mieux est donc d’en parler à l’assistant social ou au chef de ton établissement.

Réussir, c’est quoi ?

La plupart du temps, on entend par « réussir » le fait de gagner beaucoup d’argent. On n’est pas tous obligés de vouloir devenir cadre dirigeant et de gagner 5 000 ou 10 000 € par mois, surtout si c’est à la condition de sacrifier au travail le temps passé pour soi, avec sa famille ou ses amis. Réussir, c’est faire ce qui nous rend heureux, trouver sa voie.

Les idées reçues qui rassurent
« On a beau faire des études, on trouvera pas de boulot, on va passer notre vie à trimer… »
« Avoir des bonnes notes, c’est fayoter. »
« Quand on est riche, tout le monde vous envie. »
« Les noirs et les arabes sont tous discriminés à l’embauche. »
« De toute façon, les filles n’accèdent pas aux postes à responsabilité. »
« Les riches ont beaucoup d’argent, mais ils sont malheureux. »


Tout ça rassure ceux qui ne réussissent pas et aussi ceux qui réussissent et qui préfèrent que chacun reste à sa place.
Rachida Dati, députée européenne et ancienne ministre
Rachida Dati est la fille d’un maçon marocain arrivé en France au début des années 1960. Sa mère était algérienne. C’est la première femme dont les parents sont d’origine maghrébine à devenir ministre. Entre 2007 et 2009, elle a été ministre de la Justice, un des postes les plus importants de l’État. En 2008, puis en 2014, elle est élue maire du 7e arrondissement de Paris, puis députée européenne.

Les inégalités expliquées aux jeunes

Cet article est extrait de notre ouvrage à vocation pédagogique Les inégalités expliquées aux jeunes, disponible à la commande sur notre site.


Illustration / © Damien Roudeau pour l’Observatoire des inégalités

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Date de première rédaction le 20 décembre 2018.
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