80 % des cadres supérieurs partent en congés chaque année, contre 50 % des ouvriers. Et encore, selon la catégorie sociale, on ne part ni aussi souvent, ni aussi longtemps, ni dans les mêmes conditions.
Près des deux tiers des Français déclaraient partir en vacances [1] au milieu des années 1990, selon le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc). Le taux de départ en vacances a ensuite diminué petit à petit jusqu’à tomber à quasiment 50 % en 2008. Depuis 2011, il repart à la hausse et a atteint 60 % en 2014 (dernières données disponibles) [2].
Qui sont les chanceux qui vont faire leurs valises ? Pour partir, il faut en avoir les moyens. 40 % des personnes aux revenus inférieurs à 1 200 euros mensuels ont quitté leur domicile pour des congés en 2014, contre 86 % de celles qui disposent de plus de 3 000 euros. Un « budget vacances » pour une famille peut représenter plusieurs milliers d’euros : impossible pour la majorité des bas salaires. Les plus pauvres ne sont pas les plus aidés et les plus aisés ont davantage l’occasion de bénéficier d’hébergements gratuits dans la famille ou chez des amis.
Partir dépend plus largement du milieu social. 82 % des cadres supérieurs partent en congés contre 47 % des ouvriers. Plus on monte dans l’échelle sociale, plus on a de chances de s’échapper. Parce que l’on gagne davantage, mais aussi parce que cela fait partie de son mode de vie. Par exemple, parce qu’on a eu l’habitude de voyager avec ses parents (on y a pris goût, on se sent rassuré hors de chez soi), parce qu’on parle une langue étrangère (pour les voyages lointains). Mais aussi parce que ses amis voyagent et que raconter ses vacances lointaines (et les mettre en scène sur différents supports) fait partie de la sociabilité, de l’image qu’on renvoie de sa famille notamment.
Des inégalités qui se creusent
Le taux de départ en vacances a eu tendance à augmenter pour toutes les catégories sociales au cours des dernières années, ce qui peut paraître paradoxal en temps de crise. Si on remonte davantage dans le temps, on observe que les plus modestes [3] n’ont pas encore rattrapé leur niveau de départ en vacances de la fin des années 1990 (44 % en 1998, contre 40 % aujourd’hui). Tandis que le taux de départ des plus aisés [4] est passé de 83 % en 1998 à 86 % en 2014. Par ailleurs, les taux de départ progressent beaucoup plus fortement chez les retraités qui ne subissent pas l’impact de la montée du chômage [5].
Les raisons de ceux qui ne partent pas
En 2014, près de la moitié des personnes déclaraient ne pas envisager de partir en vacances dans les prochains mois pour des raisons financières. Il faut dire qu’une semaine de location pour un couple avec deux enfants équivaut souvent au minimum à un demi-Smic. D’autres ne prévoyaient pas de partir pour des raisons de santé (16 %), professionnelles (9 %) ou familiales (8 %). Un peu plus d’une personne sur dix n’est pas partie par choix (13 %).
Rares sont ceux qui partent plusieurs fois dans l’année
Partir est une chose, mais seule une minorité privilégiée peut le faire plusieurs fois par an. C’est le cas de 22 % de la population (données Crédoc 2009). Les cadres sont 43 % à être dans ce cas, mais les ouvriers sont quatre fois moins nombreux. Pouvoir partir en vacances hors de l’été reste un luxe.
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[1] Les vacances regroupent les séjours hors du domicile d’au moins quatre nuits consécutives pour des raisons non professionnelles. Le même mot regroupe des congés très différents, d’une semaine en visite chez un parent à quatre semaines aux Seychelles.
[2] « Vacances 2014 : l’éclaircie », enquête « Conditions de vie et Aspirations des Français », Crédoc, janvier 2015.
[3] Qui vivent avec moins de 1 200 euros par mois pour une personne seule, et avec moins de 3 000 euros pour un couple avec deux enfants.
[4] Qui déclarent des revenus supérieurs à 3 000 euros par mois pour une personne seule.
[5] Voir les données du Centre d’observation de la société.