Un peu plus d’un million de travailleurs vivent avec moins de 885 euros par mois. Avoir un emploi ne protège pas de la pauvreté, notamment pour ceux qui travaillent à temps partiel ou alternent des périodes de travail précaire et de chômage.
1,2 million de personnes exercent un emploi mais disposent d’un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté fixé à la moitié du niveau de vie médian (883 euros par mois pour une personne seule), selon les données 2017 de l’Insee. Si on fixe le seuil de pauvreté à 60 % du niveau de vie médian (1 060 euros), on en compte 2,1 millions.
La pauvreté des travailleurs atteint un sommet en 2017. Elle avait légèrement diminué au début des années 2000, avant de remonter pour atteindre 1,1 million de personnes en 2011 toujours au seuil de pauvreté de 50 %. Après une nouvelle baisse au milieu des années 2010, cette pauvreté a recommencé à croître.
De la même façon, le taux de travailleurs pauvres, qui avait diminué de 5,5 % en 1996 à 4 % en 2002, a oscillé ensuite entre 4 % et 4,3 % jusqu’en 2016. Il faudra attendre des données plus récentes pour savoir si le pic de 2017 (4,7 %) indique une remontée significative.
La pauvreté des travailleurs est restée assez stable pendant vingt ans. Sa remontée en 2017 est un phénomène nouveau. Le recul du chômage a bénéficié à toutes les catégories de métiers, y compris les moins qualifiés. Mais cette amélioration de l’emploi s’est faite au prix d’une flexibilisation du droit du travail et d’une précarisation des emplois. Une partie des ouvriers et employés peu qualifiés qui ont retrouvé un emploi viennent gonfler le nombre de travailleurs pauvres, faute d’une rémunération, d’une stabilité ou d’un temps de travail suffisants.
L’effet positif de l’augmentation de la prime d’activité versée aux salariés modestes, décidée en 2019 suite au mouvement des « gilets jaunes », n’est pas encore visible dans ces données qui s’arrêtent en 2017. À l’inverse, en 2020, le chômage partiel et la baisse d’activité pour les indépendants causés par la crise sanitaire actuelle risquent de faire passer sous le seuil de pauvreté un grand nombre de travailleurs déjà modestes. Les données ne seront connues qu’en 2022.
Qu’est-ce qu’un travailleur pauvre ? |
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Un travailleur pauvre est une personne qui travaille mais dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. Si elle vit seule, on compare son revenu après impôts et prestations sociales au seuil de pauvreté. Si elle vit dans un ménage de plusieurs personnes, on rapporte les revenus de l’ensemble du ménage au nombre de personnes qui le composent. Il ne s’agit pas de la rémunération que le travailleur tire individuellement de son travail, mais du niveau de vie global de sa famille. Une personne qui travaille pour un salaire très faible (un smic en temps partiel, par exemple) ne sera pas considérée comme pauvre si son conjoint dispose d’un revenu qui permet au couple de sortir de la pauvreté. À l’inverse, une personne à plein temps au smic pourra être comptée comme travailleur pauvre si son salaire est la seule ressource pour sa famille. La définition des « travailleurs » diffère selon l’organisme statistique. Dans les données sur les revenus de l’Insee, on considère comme « en emploi » une personne qui travaille au moment de l’enquête. De son côté, l’organisme européen Eurostat comptabilise les personnes qui ont passé au moins la moitié de l’année en emploi. |
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