Les patrons les mieux rémunérés de France touchent entre 500 et 1 800 années de smic par an. Et encore, sans tenir compte de tous leurs avantages.
Les cinq patrons les mieux payés en France parmi les 120 plus grandes entreprises cotées en bourse touchent entre 500 et 1 800 années de smic par an, selon les données 2018 publiées par Proxinvest [1]. Leur rémunération débute à 9,5 millions d’euros (l’équivalent de 530 années de smic) pour Jean-Paul Agon, le PDG de L’Oréal. Elle atteint un record de 33,1 millions (1 840 années de smic par an) pour Bernard Charlès (Dassault Systèmes). Carlos Ghosn figurait (encore) en troisième place du classement en 2018, avec 13,3 millions d’euros, soit 740 années de smic.
Les patrons français les mieux rémunérés | |||
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Société | Rémunération annuelle en millions d'euros | En nombre d'années de smic* | |
Bernard Charlès | Dassault Systèmes | 33,1 | 1 841 |
François-Henri Pinault | Kering | 17,3 | 962 |
Carlos Ghosn | Renault-Nissan | 13,3 | 740 |
Douglas Pferdehirt | TechnipFMC | 11,7 | 651 |
Jean-Paul Agon | L'Oréal | 9,5 | 528 |
La rémunération d’un grand patron comprend généralement, en plus d’un salaire fixe, des primes, des avantages en nature, des jetons de présence [2] et des stock-options [3] ou des actions gratuites que son entreprise lui verse au titre de ses fonctions. En revanche, ces rémunérations ne prennent pas en compte les revenus qu’un grand patron tire de son patrimoine (par exemple les dividendes des actions qu’il détient dans l’entreprise qu’il dirige ou de ses autres placements personnels).
La rémunération moyenne d’un PDG de l’une des 120 plus grandes entreprises françaises est de 3,6 millions d’euros par an. En considérant seulement les quarante entreprises du CAC 40, elle est de 5,8 millions d’euros. En Europe, les ordres de grandeur sont assez comparables à ceux que connaît la France [4]. Un grand patron touche en moyenne 4 millions d’euros en Grande-Bretagne et 7,5 millions en Allemagne. De même, au Japon, les dix patrons les mieux payés ont touché entre 8 et 23 millions d’euros environ en 2018, un niveau similaire au top 10 français. La rémunération des dirigeants d’entreprise atteint des sommets aux États-Unis : 10 grands patrons ont obtenu plus de 50 millions de dollars chacun.
Ces revenus demeurent bien supérieurs à ce que le talent, l’investissement personnel en heures de travail, la compétence, le niveau élevé de responsabilités ou la compétition internationale pourraient justifier. Ils résultent d’un effet de cooptation : la rémunération des dirigeants est décidée par des personnes qui disposent elles-mêmes de revenus démesurés. Par ailleurs, contrairement aux salariés de base, ces dirigeants disposent de mécanismes de protection considérables en cas de départ forcé de l’entreprise résultant d’une mésentente avec les actionnaires, d’erreurs stratégiques ou économiques.
Qui décide des super-rémunérations des super-PDG ? |
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La rémunération du PDG est fixée par le conseil d’administration de l’entreprise. Le président-directeur général participe au vote aux côtés des administrateurs qui l’ont élu. En France, le cumul des mandats recule, mais un dirigeant sur deux des 120 plus grandes entreprises cotées en bourse est aussi administrateur d’une ou de deux autres sociétés. Les membres des conseils d’administration et les dirigeants fixent mutuellement leurs rémunérations. Depuis 2017, les actionnaires doivent approuver la rémunération du PDG en assemblée générale. Les patrons de certaines sociétés étrangères cotées à Paris y échappent parce qu’elles ne sont pas de nationalité française. |
Photo / CC BY-SA Leafar
[1] « La rémunération des dirigeants des sociétés du SBF 120 », Proxinvest, novembre 2019.
[2] Les jetons de présence sont les rémunérations accordées aux présidents et aux membres des conseils d’administration chaque fois qu’ils y assistent.
[3] Droits attribués aux salariés d’acquérir des actions de leur société sous certaines conditions, notamment avec un rabais, ce qui leur procure une plus-value quasi certaine lors de la revente.
[4] Ces rémunérations moyennes par pays sont établies sur un nombre de grandes entreprises qui varie d’un pays à l’autre. Ces données ne sont donc pas totalement comparables et doivent être considérées comme des ordres de grandeur.