Deux fois plus d’adultes obèses chez les artisans, commerçants, agriculteurs, ouvriers et employés que chez les cadres supérieurs. L’obésité ne touche pas de la même façon les catégories sociales.
L’obésité [1] est près de deux fois plus répandue dans les catégories les moins favorisées (16,7 % chez les ouvriers, 16,2 % chez les employés) que dans les catégories plus aisées (8,7 % chez les cadres supérieurs), selon l’étude ObEpi « Enquête épidémiologique nationale sur le surpoids et l’obésité 2012 » [2].
Entre 2000 et 2012, la part des adultes de plus de 18 ans obèses a progressé de 4,9 points, passant de 10,1 à 15 %, soit près de 7 millions de personnes touchées en 2012. L’augmentation de la prévalence [3] a touché toutes les catégories de revenus ou d’éducation même si elle a été moins forte dans les catégories supérieures. En 2012, comme en 2000, d’importantes différences de prévalence entre catégories socioprofessionnelles persistent. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces écarts.
Le revenu est un facteur important. Près d’un adulte sur deux (48,4 %) touché par l’obésité, vit au sein d’un foyer aux revenus inférieurs à 1 200 euros contre 7 % de ceux qui ont un revenu mensuel supérieur à 5 300 euros.
Le niveau de diplôme participe fortement dans la détermination des pratiques alimentaires. Selon l’étude ObEpi, le taux d’obésité est trois fois plus élevé chez les personnes d’un niveau d’instruction équivalent à celui de l’école primaire (24,5 %) que chez les diplômés d’un 3ème cycle d’études supérieures (7,3 %). Selon une étude [4] du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc), « les plus diplômés sont ceux qui ont l’alimentation la plus saine (plus de fruits et légumes, des apports plus élevés en nutriments [5] des meilleurs indices alimentaires…) parce que ce sont ceux qui s’intéressent le plus aux liens entre nutrition et santé ».
L’étude ObEpi aborde, pour la première fois, les facteurs de risques associés à l’obésité : par exemple, les personnes en situation de surpoids sont 2,3 fois plus nombreuses à être traitées pour de l’hypertension que les sujets dont l’IMC est inférieur ou égal à 25 kg/m². Quant aux personnes obèses, elles le sont 3, 6 fois plus.
Part de la population adulte obèse Selon la catégorie sociale Unité : % | |||
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2000 | 2012 | Ecart | |
Art., commer. | 13,3 | 17,2 | 3,9 |
Agric. | 10,3 | 16,7 | 6,4 |
Ouvriers | 10,1 | 16,7 | 6,6 |
Employés | 8,8 | 16,2 | 7,4 |
Prof. interm. | 8,2 | 11,8 | 3,6 |
Cadres sup. | 7,4 | 8,7 | 1,3 |
Retraités | 13,8 | 18,9 | 5,1 |
Inactifs | 8,2 | 11,8 | 3,6 |
Total | 10,1 | 15,0 | 4,9 |
Part de la population adulte obèse Selon le revenu mensuel net du foyer Unité : % | |||
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2000 | 2012 | Ecart | |
Moins de 900 euros | 13,5 | 25,6 | 12,1 |
De 900 à 1 200 euros | 14,5 | 22,8 | 8,3 |
De 1 201 à 1 500 euros | 12,5 | 19,4 | 6,9 |
De 1 501 à 1 900 euros | 11,1 | 18,8 | 7,7 |
De 1 901 à 2 300 euros | 9,4 | 16,2 | 6,8 |
de 2 301 à 2 700 euros | 8,2 | 16,1 | 7,9 |
De 2 701 à 3 000 euros | 8,1 | 15,3 | 7,2 |
De 3 001 à 3 800 euros | 7,2 | 11,9 | 4,7 |
De 3 801 à 5 300 euros | 6,6 | 8,8 | 2,2 |
5 301 euros et plus | 6,9 | 7,0 | 0,1 |
Total | 10,1 | 15,0 | 4,9 |
Obésité et société :
Au même titre que les vêtements que l’on porte ou son adresse, l’obésité est associée aux personnes modestes. En caricaturant à peine, être obèse, c’est être pauvre… On montre facilement du doigt des catégories populaires aux pratiques à risques par rapport à la norme des catégories aisées. A partir de là, les préjugés vont bon train : incapables de se discipliner vis-à-vis de leur alimentation ou de leur activité physique, les personnes obèses sont considérées comme moins instruites, indifférentes à leur physique et surtout responsables de leur état. Il ne faut pas oublier de s’interroger sur les normes véhiculées par notre société : à quel moment s’agit-il effectivement d’un problème de santé et quand mesure-t-on l’écart à un idéal de minceur véhiculé par les catégories les plus favorisées ? Selon les époques, les pays et les milieux sociaux, la notion de surpoids n’est pas toujours identique. Enfin, il ne faut pas oublier les facteurs génétiques de l’obésité.
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[1] L’obésité est déterminée en fonction de l’« indice de masse corporelle » (IMC), rapport entre le poids et la taille (élevée au carré). On parle d’obésité quand l’IMC dépasse 30 kg/m2 et de surpoids quand cet indicateur est compris entre 25 kg/m2 et 30 kg/m2.
[2] ObEpi : depuis 15 ans, à l’initiative du Laboratoire pharmaceutique Roche, l’enquête nationale ObEpi, réalisée par Kantar-Health (société mondiale de consulting et d’études de marché spécialisée dans le domaine de la santé) en collaboration avec l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, analyse tous les trois ans la prévalence du surpoids et de l’obésité en France. Les données ObEpi constituent une source unique d’informations sur la situation française de l’obésité et du surpoids et leur évolution depuis 1997.
[3] Prévalence : la prévalence d’une maladie dans une population est la probabilité qu’un individu tiré au hasard ait cette maladie. Autrement dit, c’est la proportion d’individus de la population, généralement donnée en pourcentage, qui a cette maladie (définition Insee).
[4] Les populations modestes ont-elles une alimentation déséquilibrée ? F. Recours - P. Hébel n° C232 - décembre 2006
[5] Substances procurées par l’alimentation une fois la digestion faite. Ce sont les glucides, les protéines, les lipides, les vitamines, les minéraux et l’eau.