60 % des personnes les plus aisées pratiquent une activité sportive, contre un tiers des plus modestes. On retrouve également ces écarts selon le niveau de diplôme et la catégorie socioprofessionnelle.
La moitié des Français âgés de 16 ans et plus déclarent pratiquer un sport ou une activité physique selon les données 2015 de l’Insee, publiées par l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep) [1]. « La pratique d’une activité physique et sportive joue un rôle positif sur la santé, le bien-être et l’intégration sociale des individus » rappellent les auteurs de l’étude. Pourtant, cette moyenne cache des pratiques différenciées selon le niveau de diplôme, la catégorie socioprofessionnelle et le niveau de vie.
Parmi les 20 % les plus aisés, 60 % ont pratiqué une activité physique ou sportive au cours des douze mois précédant l’enquête, contre un tiers des 20 % les plus modestes. Et, comme il est souligné dans l’étude « les plus aisés sont non seulement plus nombreux à pratiquer une activité sportive, mais ils la pratiquent aussi plus régulièrement ».
Un quart de ceux qui ne disposent pas de diplôme font du sport, contre près des deux tiers de ceux qui sont titulaires d’un diplôme supérieur à bac + 2. Une partie de ces écarts s’explique par des facteurs comme l’âge ou le sexe : les peu diplômés sont en moyenne plus âgés, et l’âge est un déterminant majeur de la pratique sportive [2]. Si l’on raisonne « toutes choses égales par ailleurs » et que l’on tient compte de ces facteurs, les écarts en fonction du niveau de diplôme sont moins grands, mais ils persistent. La moitié de l’écart entre les bacheliers et les sans-diplôme s’explique ainsi par le seul effet du diplôme.
Un grand nombre d’éléments se conjuguent pour expliquer les inégalités dans le domaine des pratiques sportives. Le revenu est rarement le facteur qui empêche l’activité sportive elle-même : il discrimine surtout le type de pratique. Équitation, sports nautiques ou aériens, golf ne sont guère accessibles à tous. Pratiquer la course à pied l’est beaucoup plus.
Le rapport au corps joue davantage : l’attention à la prévention et le respect de normes sociales de minceur stricte ne sont pas les mêmes selon les milieux sociaux. Le sport est aussi un moyen de socialisation. Les parents « orientent » en partie les choix des enfants vers des pratiques qui leur correspondent, où les enfants se retrouveront pour partie entre milieux sociaux similaires. Les catégories sociales les plus favorisées se distinguent ainsi à la fois par leur type de pratiques sportives mais aussi par leur cumul et leur variété [3]. Au final, les cadres sont deux fois plus nombreux (64 %) que les ouvriers (37 %) à déclarer avoir eu une activité physique ou sportive au cours des douze derniers mois.
Pratique sportive selon le diplôme, la catégorie socioprofessionnelle et le revenu Unité : % | |
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Taux de pratique d'une activité sportive au cours des 12 derniers mois | |
Selon le niveau de diplôme | |
Aucun diplôme | 25,9 |
Inférieur au bac | 41,0 |
Bac | 52,0 |
Bac + 2 | 60,1 |
Supérieur à bac + 2 | 64,1 |
Selon la catégorie socioprofessionnelle | |
Agriculteurs, artisans et commerçants | 35,3 |
Cadres | 63,7 |
Professions intermédiaires | 57,7 |
Employés | 43,8 |
Ouvriers | 37,1 |
Chômeurs | 43,6 |
Étudiants et apprentis | 58,7 |
Autres inactifs | 29,6 |
Selon le niveau de vie | |
Les 20 % les plus pauvres | 34,1 |
Les 20 % les plus riches | 59,7 |
Ensemble | 47,1 |
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[1] « Pratiques sportives : une hausse portée par les femmes et les seniors », Injep analyses & synthèses n° 15, Injep, juillet 2018.
[2] Lire « Un tiers des adultes font du sport régulièrement », Centre d’observation de la société, septembre 2018.
[3] Pour aller plus loin, voir « Les pratiques culturelles et sportives des Français », Philippe Coulangeon et Yannick Lemel, Économie et statistique n° 423, Insee, 2009.