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Les rémunérations démesurées des grands patrons

Les patrons les mieux rémunérés de France touchent entre 600 et 4 500 années de smic par an. Et encore, sans tenir compte de tous leurs avantages, ni des revenus qu’ils tirent de leur patrimoine.

Publié le 16 janvier 2023

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Revenus Riches Salaires

Les cinq patrons les mieux payés en France parmi les 120 plus grandes entreprises cotées en Bourse touchent entre 600 et 4 500 années de smic au titre de 2021, selon le classement établi par Proxinvest [1]. Leur rémunération débute à neuf millions d’euros par an (l’équivalent de 600 années de smic) pour Paul Hudson, le directeur général de Sanofi. Elle atteint un record de 66,7 millions d’euros pour Carlos Tavares, le directeur général de Stellantis (groupe issu de la fusion de Fiat Chrysler et PSA), selon Proxinvest [2]. Il faudrait à un smicard travailler 4 500 années pour gagner autant.

Les patrons d'entreprises françaises les mieux rémunérés
Société
Rémunération annuelle
en millions d'euros
En nombre d'années de smic**
Carlos TavaresStellantis66,74 517
Bernard CharlèsDassault Systèmes44,12 986
Daniel JulienTeleperformance19,61 327
François-Henri PinaultKering12,0813
Paul HudsonSanofi9,0607
Classement établi parmi les 120 plus grandes entreprises cotées à la Bourse de Paris.
*Rémunération annuelle : salaires fixes, variables et/ou exceptionnels, stock-options, actions gratuites. **Smic net annuel 2021 (14 767 euros).
Lecture : Carlos Tavares a reçu 66,7 millions d’euros de rémunération au titre de 2021 de la part de son entreprise, Stellantis, soit 4 517 années de salaire d'un smicard.
Source : calculs de l’Observatoire des inégalités d’après Proxinvest – Données 2021 – © Observatoire des inégalités

La rémunération d’un grand patron comprend généralement, en plus d’un salaire fixe, des primes, des avantages en nature, des jetons de présence [3] et des actions gratuites que son entreprise lui verse au titre de ses fonctions. Les données présentées ne prennent pas en compte les revenus qu’un grand patron tire de son patrimoine (par exemple les dividendes des actions qu’il détient dans l’entreprise qu’il dirige ou de ses autres placements personnels).

La rémunération moyenne des PDG des 120 plus grandes entreprises françaises est de 4,5 millions d’euros par an au titre de 2021, un montant en hausse de 22 % par rapport à 2019. En considérant seulement les quarante entreprises du CAC 40 [4], elle est de 7,9 millions d’euros, en hausse de 52 % sur la même période. Les baisses de rémunération enregistrées par certains patrons pendant la crise sanitaire sont largement compensées.

Dans les autres pays d’Europe, les ordres de grandeur sont assez comparables à ceux que connaît la France [5]. Un grand patron touche en moyenne trois millions d’euros en Grande-Bretagne et quatre millions en Allemagne en 2021. Au Japon, les dix patrons les mieux payés ont touché entre 6,5 et 31 millions d’euros environ en 2021, un niveau comparable aux salaires des dix patrons français les mieux payés, exception faite de Carlos Tavares qui les surpasse largement. Les rémunérations des dirigeants de très grandes entreprises atteignent des sommets aux États-Unis : onze patrons ont touché plus de 50 millions de dollars chacun en 2021, c’est-à-dire un peu plus de 43 millions d’euros. Peter Kern, patron d’Expedia, a touché 296 millions de dollars, soit environ 255 millions d’euros.

Ces rémunérations astronomiques résultent en partie d’un effet de cooptation : les rémunérations des dirigeants de grandes entreprises sont décidées par les membres du conseil d’administration qui disposent elles-mêmes de revenus démesurés. Enfin, contrairement aux salariés de base, ces dirigeants disposent de mécanismes de protection considérables en cas de départ forcé de l’entreprise résultant d’une mésentente avec les actionnaires, et même d’erreurs stratégiques ou économiques.

Qui décide des super-rémunérations des super-PDG ?
La rémunération du PDG est fixée par le conseil d’administration de l’entreprise. Le président-directeur général participe au vote aux côtés des administrateurs qui l’ont élu. Depuis 2017, les actionnaires doivent approuver la rémunération du PDG en assemblée générale. Les patrons de certaines sociétés étrangères cotées à Paris y échappent parce qu’elles ne sont pas de nationalité française. C’est le cas de Stellantis, dont les actionnaires ont rejeté la rémunération de Carlos Tavarès pour 2021, sans que ce vote ait eu d’effet.

Photo / Carlos Tavares, CC BY-SA Alexander Migl


[1Proxinvest est un cabinet privé spécialisé dans le conseil aux actionnaires. Voir « La rémunération des dirigeants des sociétés cotées françaises. Données relatives à l’exercice 2021 publiées en 2022 », Proxinvest, novembre 2022.

[219 millions d’euros selon la société.

[3Les jetons de présence sont les rémunérations versées aux présidents et aux membres des conseils d’administration chaque fois qu’ils assistent à leurs réunions

[4L’indice qui synthétise les cours des actions de 40 très grandes entreprises cotées à la bourse de Paris.

[5Ces rémunérations moyennes par pays sont établies sur un nombre de grandes entreprises qui varie d’un pays à l’autre. Ces données ne sont donc pas totalement comparables et doivent être considérées comme des ordres de grandeur.

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Date de première rédaction le 30 mars 2016.
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