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Le sur-chômage des quartiers prioritaires

Les quartiers dits « prioritaires » de la politique de la ville, les plus défavorisés du point de vue des revenus de leurs habitants, concentrent les difficultés sociales, notamment en matière d’emploi. Un quart des actifs y sont au chômage, principalement des jeunes et des personnes peu qualifiées.

Publié le 5 février 2021

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Emploi Quartiers en difficulté Chômage

Le taux de chômage dans les quartiers dits « prioritaires » de la politique de la ville (QPV) [1] – 23,4 % – est près de trois fois plus important que dans les quartiers environnants [2] (8,9 %), selon les données 2018 de l’Observatoire national de la politique de la ville (ONPV) [3]. Chez les jeunes actifs de moins de 30 ans, le taux approche même les 33 %, contre 15 % dans les autres quartiers.

Le niveau de chômage de ces quartiers est d’abord lié au fait qu’on compte moins de personnes diplômées parmi leurs habitants qu’ailleurs. Mais cette moindre qualification n’explique pas tout. À niveau scolaire équivalent, trouver un emploi y est plus difficile. 28 % des non-diplômés des quartiers en difficulté sont au chômage, contre 16 % hors de ces quartiers. La situation est similaire pour les détenteurs d’un diplôme : le taux de chômage est de 16 % pour les bac + 2 et plus, contre 6 % dans les quartiers avoisinants, soit près de trois fois plus.

De nombreux facteurs expliquent ces écarts à niveau de diplôme équivalent, qui vont des discriminations touchant les populations d’origine étrangère à la capacité de mobiliser un réseau social, en passant par la mobilité (le fait d’avoir son permis et une voiture par exemple) ou le type de diplôme obtenu. L’interdiction d’exercer un grand nombre d’emplois de la fonction publique pour les étrangers hors Union européenne a aussi un impact. Enfin, même si ce n’est pas le facteur principal, le fait de donner une adresse dans un quartier d’habitat social peut aussi influencer certains employeurs.

Le niveau élevé du chômage des quartiers en difficulté n’est pas une fatalité. Le taux a diminué de 26,7 % à 23,4 % entre 2014 et 2018, davantage que la moyenne dans les autres quartiers (9,9 % à 8,9 %). Une évolution d’autant plus remarquable qu’il ne faut pas oublier le renouvellement de la population. D’un côté, les quartiers d’habitat social accueillent les personnes les plus en difficulté, de l’autre, ils voient partir celles qui ont les moyens de louer dans le privé, notamment les jeunes les plus diplômés.

Lecture : 32,9 % des actifs de 15 à 29 ans qui habitent dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville sont au chômage, contre 15 % des actifs de cette tranche d'âge qui vivent dans les autres quartiers des villes qui comportent un quartier prioritaire.

Source : Observatoire national de la politique de la ville (ONPV), Insee – Données 2018 – © Observatoire des inégalités

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Actifs de 15 à 64 ans. Lecture : 16,3 % des actifs des quartiers prioritaires qui ont un diplôme bac + 2 ou plus sont au chômage, contre 5,7 % dans les autres quartiers des villes qui comportent un quartier prioritaire.

Source : Observatoire national de la politique de la ville (ONPV), Insee – Données 2018 – © Observatoire des inégalités

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Photo / Fauxjeton via Wikimedia Commons


[1Ces quartiers ont été définis par l’État comme prioritaires en raison de la faiblesse des revenus de leurs habitants. Ce sont les plus pauvres de France. Essentiellement composés de logements sociaux, ils accueillent très majoritairement des populations ouvrières et employées.

[2Précisément, il s’agit des autres quartiers des villes qui comportent des quartiers prioritaires.

[3« Bien vivre dans les quartiers prioritaires », rapport annuel 2019 de l’Observatoire national de la politique de la ville (ONPV), 2020.

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Date de première rédaction le 12 mars 2013.
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