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La pauvreté selon le sexe

Les taux de pauvreté féminin et masculin sont quasiment identiques. On considère en effet qu’au sein d’un couple, les revenus du ménage sont partagés à égalité. Pour comprendre la précarité d’une partie des femmes, il faut s’intéresser à leurs ressources individuelles.

Publié le 31 décembre 2022

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Revenus Femmes et hommes Pauvreté

Le taux de pauvreté des femmes est quasiment identique à celui des hommes : 8,3 % des femmes sont démunies, contre 8,1 % des hommes, selon les données 2019 de l’Insee, au seuil de pauvreté de 50 % du niveau de vie médian. Les femmes étant un peu plus nombreuses dans la population, on compte 2,7 millions de femmes et 2,5 millions d’hommes pauvres.

Que le taux de pauvreté des femmes soit très proche de celui des hommes, cela n’a rien d’étonnant. L’Insee mesure les revenus disponibles à l’échelle des ménages, et non pas sur la base du niveau de vie personnel des femmes d’un côté, des hommes de l’autre. On considère que les membres d’un ménage partagent leurs ressources et disposent chacun du même niveau de vie. Les personnes pauvres (hommes ou femmes) sont celles qui vivent dans des ménages dont l’ensemble des revenus sont insuffisants. Une femme inactive qui vit avec un cadre qui touche 5 000 euros par mois n’est pas considérée comme pauvre. Le fait que les femmes sont plus souvent au foyer ou à temps partiel que les hommes, et que leurs rémunérations sont en moyenne plus faibles, appauvrit donc – selon les statisticiens – autant les femmes que leurs conjoints puisque leurs revenus sont partagés.

Source : Insee – Données 2019 – © Observatoire des inégalités

Graphique Données
La pauvreté selon le sexe
Nombre de personnes pauvres
en milliers
Taux de pauvreté
en %
Part de la population pauvre
en %
Femmes2 7298,352,3
Hommes2 4868,147,7
Ensemble5 2158,2100
Seuil de pauvreté de 50 % du niveau de vie médian.
Lecture : les femmes représentent 52,3 % de la population pauvre. 8,3 % des femmes sont pauvres.
Source : Insee – Données 2019 – © Observatoire des inégalités

L’écart entre le taux de pauvreté des femmes et celui des hommes est faible. Il reflète principalement le poids financier des enfants sur le niveau de vie des femmes à la tête d’une famille monoparentale. Elles sont en effet beaucoup plus nombreuses que les hommes à être dans cette situation. La pauvreté concerne également un plus grand nombre de femmes seules de plus de 65 ans que d’hommes du même âge, notamment du fait de leur espérance de vie plus élevée. Une part de ces veuves ou divorcées n’ont pas occupé d’emploi à l’âge actif et perçoivent en conséquence une retraite faible, une mince pension de réversion [1] ou le minimum vieillesse, proche du seuil de pauvreté de 50 % du niveau de vie médian.

Pauvreté des ressources individuelles

Lorsque l’Insee s’intéresse – c’est très rare [2] – aux revenus individuels, l’institut prend en compte les revenus des femmes et des hommes séparément, plutôt que de considérer que les membres du couple partagent un même niveau de vie. Cela permet de comparer les revenus tirés du travail selon le sexe, avant le versement des prestations sociales (minima sociaux, allocations familiales, etc.), mais en incluant les indemnités chômage ou les pensions de retraite.

Revenus individuels du travail selon le sexe et l'activité
Femmes
en euros
Hommes
en euros
Écart femmes/hommes
en %
Actifs
Seuil des revenus les 10 % les plus bas323479- 33
Seuil des revenus les 30 % les plus bas1 0811 383- 22
Retraités
Seuil des revenus les 10 % les plus bas396884- 55
Seuil des revenus les 30 % les plus bas8581 316-35
Revenus du travail, y compris chômage et retraite, avant prestations sociales.
Lecture : parmi les actives, les 10 % des femmes qui reçoivent les revenus individuels les plus bas touchent au maximum 323 euros par mois.
Source : Insee – Données 2015 – © Observatoire des inégalités

Ces données – datées de 2015 – montrent que les écarts entre les femmes et les hommes sont plus importants chez les pauvres et chez les riches qu’au milieu de l’échelle. Si l’on ne considère que les actifs, les femmes touchent un tiers de moins que les hommes aussi bien au sein du dixième le plus pauvre que chez les 5 % les plus riches. Tout en bas, l’écart résulte notamment du temps partiel et du développement de l’emploi féminin peu qualifié et, en haut, des écarts salariaux entre femmes et hommes qui s’accroissent quand on s’élève dans la hiérarchie des professions.

Chez les retraités, les écarts de revenus individuels entre les femmes et les hommes sont encore plus grands. Les 10 % des femmes aux pensions les plus modestes ont des revenus personnels extrêmement faibles, inférieurs à 400 euros par mois avant prestations sociales, soit 55 % de moins que les 10 % des hommes retraités aux revenus les plus bas. Près d’une femme retraitée sur trois touche personnellement moins de 858 euros par mois. Un peu moins de 10 % des hommes retraités sont dans ce cas. Cet écart reflète à la fois les écarts de salaires entre les femmes et les hommes, l’effet du temps partiel et celui des carrières moins souvent complètes chez les femmes. À la retraite, les femmes paient cher ces inégalités dans le monde du travail.

On pourrait distinguer deux formes de pauvreté : d’un côté, la pauvreté des niveaux de vie réels, ce avec quoi un ménage vit concrètement et qui détermine ses conditions de vie ; de l’autre, la pauvreté des ressources individuelles, en prenant alors en compte les revenus propres de la personne : non pas ce avec quoi vivent vraiment les personnes mais ce qui leur revient individuellement. Cette deuxième mesure représente ce qui reste aux individus quand le couple se sépare, avant prestations sociales, et donne un indicateur de l’autonomie économique des personnes, et notamment des femmes.

Photo / © Angèle Schmidt


[1Montant versé au titre de l’activité de leur mari décédé.

[2Voir « Niveau de vie et pauvreté des femmes et des hommes », in Les revenus et le patrimoine des ménages, édition 2018, coll. Insee Références, Insee, juin 2018.

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Date de première rédaction le 13 décembre 2012.
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